Publié le 19 Janvier 2020

"Le peuple, source de tout pouvoir", pancarte brandie lors d'une marche hebdomadaire du Mouvement populaire.

"Le peuple, source de tout pouvoir", pancarte brandie lors d'une marche hebdomadaire du Mouvement populaire.

Voici ses caractéristiques principales : 1) une organisation des marches hebdomadaires bien réglée mais dont les animateurs-dirigeants ne se déclarent pas publiquement ; 2) un pacifisme rigoureux, malgré les interventions parfois musclées des services étatiques de police et d’arrestations arbitraires ; 3) une durée très longue, onze mois actuellement ; 4) contrastant avec l’organisation efficace des marches hebdomadaires, une absence totale d’auto-organisation autonome du Mouvement sur base territoriale ; 5) un manque de plateforme commune, celles proposées n’ayant pas reçu l’approbation majoritaire et organisée des participants au Mouvement ; 6) absence totale de représentants, élus démocratiquement sur base de mandat impératif, pour défendre les revendications du Mouvement face aux autorités étatiques.

À propos de plateforme commune, notons un fait nouveau et singulier. Lors de la dernière marche du mardi 14 janvier 2012, des étudiants ont brandi une pancarte portant un texte en 14 points. L’initiative est à saluer, mais comment la considérer en absence d’une structure territoriale du Mouvement pour discuter le contenu de cette plateforme, puis établir un texte définitif, à proposer au vote ? Et comment réaliser ce vote sans, encore une fois, une forme d’auto-organisation du Mouvement sur base territoriale ?

Toutes ces observations obligent à se poser la question : Pourquoi le Mouvement populaire ne s’est pas doté d’auto-organisation ?… Qui sont les responsables de cette carence ?

 

« Élite ».

De cette carence, les représentants étatiques ne sont pas les auteurs, tout le contraire, ils ont proposé au Mouvement de se doter de représentants, donc de s’auto-organiser.

Les seuls responsables de la non auto-organisation du Mouvement sont, d’une part, des « personnalités » de partis politiques et des représentants auto-proclamés (ou désignés par certains) de ce qu’on appelle la « société civile ». Tous, au nom de leur « savoir » universitaire et/ou politique, déclarent que le Mouvement populaire doit se contenter de poursuivre uniquement ses marches hebdomadaires, dont la pression finira par concrétiser les revendications du Mouvement, et que, par conséquent, ce Mouvement n’a aucun besoin de s’auto-organiser, sous peine d’exploser à cause de ses divergences idéologiques (1), d’être infiltré par les « services », de voir ses dirigeants récupérés ou emprisonnés (2).

Tous ces arguments ne résistent aucunement à une analyse concrète, à condition qu’elle tienne compte des intérêts du peuple, et non des membres de la caste « élitaire ».

Une autre composante de cette « élite » est constituée par des organisations politiques qui opèrent de manière plus ou moins occulte au sein du Mouvement populaire, notamment Rachad et le MAK. De la part des dirigeants de ces organisations, il est logique de dénier au Mouvement populaire son auto-organisation territoriale, car celle-ci éliminerait le contrôle manipulatoire de ce Mouvement par ces organisations politiques. Leur seul but est d’utiliser le Mouvement populaire comme masse de manœuvre pour réaliser leurs intérêts spécifiques (3).

Ainsi, à chaque approche d’un vendredi, ces membres des diverses composantes de l’ « élite » annoncent avec enthousiasme déclamatoire, sans aucune preuve pour légitimer leur prophétie, que le vendredi prochain sonnera la chute du régime tout entier, selon le slogan « Yatnahou ga3 ! » (Qu’ils dégagent tous !). Nous en sommes là, et ces membres de l’ « élite » continuent leur litanie prophétique, sans aucune remise en question. Tout au plus, ils osent cette lapalissade : le Mouvement populaire est organisé puisqu’il continue à marcher hebdomadairement. Mais d’auto-organisation de base territoriale, ces membres de l’ « élite » décrètent que le Mouvement n’a pas « vocation » à s’en doter.

 

Citoyens.

N’oublions pas d’autres responsables de la carence d’auto-organisation du Mouvement

populaire : ce sont les participants aux marches hebdomadaires, les citoyens ordinaires, plus ou conscients socialement. Très rares parmi eux évoquent la nécessité de l’auto-organisation, en vain.

 

Appels à l’auto-organisation.

Parmi les partis ou personnalités politiques, comme parmi les intellectuels, très rares appellent à la nécessité de l’auto-organisation du Mouvement populaire. Mais leur suggestion demeure, onze mois après, sans résultat significatif, et cela malgré le fait que les revendications du Mouvement populaires demeurent pour l’essentiel seulement des slogans.

 

Explications.

En ce qui concerne ceux qui estiment indispensable l’auto-organisation du Mouvement populaire, leurs appels demeurent extrêmement circonscrits, car les moyens de communication dont ils disposent sont très limités, donc de peu d’impact sur les citoyens.

Pour ce qui est des citoyens en tant que tels, ils manquent de tradition sociale historique dans le domaine de l’auto-organisation de l’action sociale émancipatrice. Les seules expériences significatives furent l’autogestion industrielle et agricole, suite à l’indépendance, puis le mouvement citoyen contestataire de 2001. Mais ces deux expériences furent soigneusement occultées par les autorités étatiques ; quant à la majorité de l’ « élite », malgré tout son savoir universitaire, elle ignore généralement ces deux expériences ou les connaît de manière très superficielle, conformément à ses intérêts de caste élitaire.

La majorité de cette « élite » algérienne, politique et intellectuelle, était et demeure dominée par une mentalité autoritaire hiérarchique. Elle s’exprime clairement dans le dicton populaire : « Ilâ anta mîr ou anâ mîr, achkoun issoug al hmîr ? » (Si tu es maire et je suis maire, qui conduira les ânes ? » Donc, le peuple est considéré être un troupeau d’ « ânes », devant être géré par des « maires ». Ces derniers constituent ce qu’on appelle l’ « élite ».

Les idéologies de cette « élite » sont aussi bien cléricale, nationaliste, « libérale » ou marxiste. Elles ont un point commun : toute société doit être conçue, dirigée et sanctionnée par une « élite ».

D’où vient cette mentalité autoritaire hiérarchique ?… De plusieurs facteurs.

1) Les membres de cette « élite » bénéficient d’un capital sous forme de savoir intellectuel, dont le peuple est dépourvu. Ces membres considèrent, par conséquent, qu’ils savent mieux que le peuple comment réaliser son bonheur. Et le peuple, malheureusement soumis à cette propagande, est aliéné au point de croire qu’il a besoin de « Sauveur », d’ « icônes » et même de « dictateur », en estimant que le peuple ne peut marcher qu’à la « lumière » de ceux qui « savent », sinon au bâton de ceux qui commandent.

2) Cette manière de penser permet, aux yeux de ces membres de l’ « élite », de justifier les postes administratifs dont ils jouissent ou ambitionnent de jouir, avec les privilèges correspondants. Quant au peuple, son aliénation le dispense de son droit à la liberté de choisir, lequel est malaisé à obtenir, à cause de la domination politique dont il est victime, et difficile à exercer à cause de la domination idéologique à laquelle le peuple est soumis.

3) Ces membres de l’ « élite », dans leur grande majorité, ne se mêlent jamais au peuple dans ses quartiers d’habitation, ne visitent jamais ses lieux de travail. Ils préfèrent fréquenter les « grands » de ce monde, dans leurs édifices administratifs et dans les salons de leurs villas, parce que ces « grands » détiennent le pouvoir effectif, auquel les membres de l’ « élite » ambitionnent de faire partie. N’oubliant pas, non plus, que ces membres de l’ « élite » sont payés par des gens qui détiennent le pouvoir, étatique et/ou économique, en Algérie ou ailleurs.

4) Les caractéristiques précédentes expliquent l’idéologie des membres de cette « élite », et, par conséquent, son influence dans le peuple qui y est aliéné. Cette idéologie conçoit toujours un changement social à partir du « sommet » (« élite ») hiérarchique, parce qu’il détient l’autorité, et jamais à partir du peuple. À ce dernier sont accordées, bien entendu, les éloges les plus démagogiques et dithyrambiques, mais pas celui d’être capable de s’auto-organiser : ce n’est pas là sa « vocation », affirment-ils. Évidemment, car, autrement, quelle serait la « vocation » des membres de l’ « élite » ?

Bien entendu, ce discours élitiste est présenté avec tous les arguments possibles. Ils sont légitimés uniquement par la possession de diplômes universitaires, chez les laïcs, et, chez les cléricaux, outre à leurs connaissances, par leur auto-proclamation comme représentants de la volonté divine.

Car la militance socio-politique sur le terrain, parmi les victimes du système social, n’est pas une « vocation » des membres de cette « élite ». Laquelle, dans ses écrits et déclarations, occulte toujours le fait que le monde est dans l’état catastrophique et dangereux où il se trouve, et dont les principales victimes sont d’abord les peuples, précisément parce que ce monde est dirigé par des membres de cette « élite ». Et cela depuis l’apparition des scribes pharaoniques, des mandarins de l’empire chinois, des pharisiens au Moyen-Orient, pour finir avec les actuels bureaucrates, technocrates et « intellectuels organiques » (« embedded » (4)).

Les changements sociaux significatifs dans les nations sont survenus uniquement par les écrits et les actions d’une minorité de détenteurs de savoir social, parce qu’ils furent sensibles et empathiques envers les misères du peuple, jusqu’à le comprendre, lui expliquer, le motiver et se mettre à son service dans la marche émancipatrice, abolissant toute forme d’humiliation-exploitation de l’être humain par son semblable, et d’un peuple par une auto-proclamée « élite ».

 

Conscientisation.

Dès lors, en Algérie, comme ailleurs dans le monde, un travail de conscientisation est à mener. Il a besoin d’un très long terme, de patience, de pédagogie, de modestie et d’intelligence. Le but est de contribuer à ce que les individus et les peuples découvrent l’importance vitale d’auto-gérer leurs vies personnelles et leur collectivités, de manière complémentairement bénéfique.

Ce travail n’est pas circonscrit au champ politique, mais doit concerner le domaine culturel en général, et d’abord celui de l’éducation, de l’école primaire jusqu’à l’université. Car la conception politique est produite par une conception culturelle. Historiquement, quelque soit le changement social important qui se concrétisa dans le monde, il fut toujours préparé par une production culturelle durant des décennies, et en dépit de la répression des tenants du pouvoir étatique dominateur. Ainsi furent éliminés successivement les systèmes esclavagiste, féodal, colonial. Si les tentatives d’élimination du système capitaliste au bénéfice d’un système socialiste échouèrent lamentablement, c’est parce que le travail culturel de conscientisation fut mené de manière erronée. Malgré son indéniable aspect émancipateur, le marxisme demeura une conception archaïque parce que basée, comme les systèmes précédents, sur une mentalité hétéro-gestionnaire, donc autoritaire hiérarchique. Elle se caractérise par la priorité donnée à la direction par un « Parti d’Avant-Garde », composé d’une « élite », pour mener les « masses » populaires. Malheureusement, la conception auto-gestionnaire, qui combattit cet archaïsme, demeura minoritaire (5).

Le travail émancipateur reste donc à faire, en sachant qu’on commence par crier dans un quasi désert. Les protagonistes sont, d’une part, les individus et les peuples eux-mêmes, à travers leurs actions et luttes émancipatrices ; d’autre part, les détenteurs d’un savoir intellectuel. Ces derniers sont une infime minorité, disposés à employer leur savoir non pas pour conserver ou obtenir une position de caste privilégiée, mais pour éliminer toute forme de caste vivant par l’exploitation des individus et des peuples, donc établir une collectivité humaine caractérisée par le triptyque : liberté, égalité, solidarité (6).

L’un des mérites du Mouvement populaire actuel est, avec le réveil social du peuple comme agent actif d’émancipation, de mettre en évidence et de commencer cette production culturelle, et la nécessité de son auto-organisation. Le but est de contribuer à ce que le peuple auto-gère sa propre existence sociale (c’est l’authentique démocratie), parce que telle est la « vocation » de tout peuple, pour employer ce terme à la mode. Alors, ce peuple saura construire une communauté digne de l’idéal qui anima les combattants et combattantes de la guerre de libération nationale.

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(1) Voir « Divergences idéologiques et structuration de l’intifadha populaire » in « Sur l’intifadha populaire en Algérie 2019 », librement accessible ici : https://www.editionselectronslibres-edizionielettroniliberi-maddah.com/ell-francais-sociologie-oeuvres-sur-intifadha-algerie-2019.html

(2) Voir « Qui gère l’intifadha populaire ? » in o.c.

(3) Voir « Alliance entre Rachad et MAK : menace sur l’intégrité nationale », in o. c.

(4) « Intégré », comme dit la conception états-unienne, en parlant des journalistes qui couvrent favorablement ses agressions militaires.

(5) Pour des motifs que le cadre de cette contribution ne permet pas d’exposer.

(6) Voir « Trois pour, trois contre et deux conditions » in o. c.

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Publié sur Algérie Patriotique (19.01.2020) et La Tribune Diplomatique Internationale (19.01.2020).

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Rédigé par Kadour Naimi

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Publié le 18 Janvier 2020

SUR LE MOUVEMENT POPULAIRE ALGÉRIEN : FORCE ET FAIBLESSE

Un recueil assemblant les articles publiés au sujet du Mouvement populaire algérien, jusqu’au 13 janvier 2020, vient de paraître. Le premier texte fut publié juste une semaine après son surgissement. Déjà, l’accent fut mis sur la nécessité de l’auto-organisation de base de ce Mouvement, avec l’article intitulé « Du cri à l’organisation », publié le 27 février 2019.

Les textes présentés dans l’ouvrage permettent de suivre le déroulement du Mouvement populaire, dans ses diverses phases, en s’efforçant de mettre en évidence ses qualités et ses faiblesses. La plus grave de ces dernières est, jusqu’à aujourd’hui, soit onze mois après, une carence d’auto-organisation, partant de la base territoriale, passant par les localités jusqu’à constituer un comité (ou assemblée) national représentatif de l’ensemble du Mouvement. Cette auto-organisation autonome permettrait au Mouvement de se doter de structures de base démocratiques adéquates afin d’établir une plateforme commune d’action, exprimée et défendue par des représentants élus sur mandat impératif. Autrement, le Mouvement est destiné à être organisé, depuis son déclenchement comme dans son déroulement, de manière hétéro-gérée par des agents plus ou moins occultes, servant d’abord leurs intérêts exclusifs de caste dirigeante.

L’ensemble des textes du recueil expose les difficultés concernant cette auto-organisation. À ce sujet, voici le plus étrange et significatif : les opposants déclarés à cette structuration du Mouvement populaire n’ont pas été les gérants de l’appareil étatique, mais des personnalités diverses, politiques et de la dite « société civile », se déclarant en… faveur du Mouvement populaire. Concernant cette étrange et inattendue attitude, des hypothèses sont exposées dans les textes. La principale est que cette opposition à l’auto-organisation du Mouvement a comme but occulte, quoique qu’en disent ses partisans, de maintenir une emprise sur celui-ci, afin de conserver ou de s’offrir un privilège de caste « élitiste », sous forme de postes administratifs dans une éventuelle nouvelle administration. Déjà, on constate des cas de « personnalités » ayant réalisé cette opportunité. Ainsi, le Mouvement populaire servirait uniquement comme masse de manœuvre, comme c’est le cas général, toujours et partout dans le monde.

Une curiosité, - qui est une faiblesse -, principale du Mouvement populaire est de voir ses participants manifester toute leur énergie durant des marches hebdomadaires, sans jamais considérer l’importance de prolonger et d’affermir ces marches par des rencontres de discussion et de clarifications. Signalons, toutefois, l’existence ou la naissance de certains comités et associations dont l’impact, malheureusement, n’est pas significatif sur le Mouvement.

Pour la mise de l’ouvrage à la disposition du public, il a semblé nécessaire de ne pas recourir à une maison d’édition, mais de le proposer en accès libre, en format PDF électronique (1). Ainsi, le plus grand nombre y aura accès, de manière facile et gratuite. Quant aux amateurs de livre en papier, ils ont la faculté de transformer l’ouvrage selon leur désir.

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(1) Télé-déchargement ici :
https://www.editionselectronslibres-edizionielettroniliberi-maddah.com/ell-francais-sociologie-oeuvres-sur-intifadha-algerie-2019.html

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Publié sur Algérie Patriotique (16.01.2020) et La Tribune Diplomatique Internationale (16.01.2020).

 

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Rédigé par Kadour Naimi

Publié dans #AUTOGESTION, #PEUPLE-DEMOCRATIE

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Publié le 12 Janvier 2020

PROBLÉMATIQUE DU MOUVEMENT POPULAIRE

Slogan et concrétisation.

Contentons-nous d’un seul : « Yatnahou ga3 ! » (Qu’ils dégagent tous!). Très beau slogan, radical, sonnant bien comme contenu et comme forme… Mais, comment réaliser ce mot d’ordre ?… Rien n’est dit !… « Marchez ! Et continuez à marcher ! » conseillent, quand ils n’ordonnent pas, les prétendus experts et connaisseurs. Pourtant, les marcheurs marchent depuis onze mois, sans voir se concrétiser leur slogan.

Tout observateur ou militant conscient et honnête (les deux qualités sont indispensables) sait qu’un slogan a besoin de méthode pour être concrétisé. Or, le Mouvement populaire (plus exactement ses animateurs et inspirateurs non identifiés) s’est distingué par le refus de proposer une méthode.

On connaît les motifs avancés : risque d’infiltration et de manipulation du mouvement populaire. Étrangement, on évoque uniquement celles venant du pouvoir étatique, mais pas d’organisations étrangères ou algériennes, telles Rachad ou le MAK (1). Même certains « démocrates laïcs » gardent le silence ou sous-estiment ces deux dernières organisations. Quant aux autres motifs avancés, tel l’emprisonnement des représentants déclarés du mouvement populaire, cet argument est inconsistant, car tout mouvement populaire doit savoir affronter ce risque, sous peine de ne pas exister. Comment des millions de citoyens pourraient-ils négocier avec les représentants d’un État ?… À moins que des agents d’organisations occultes, tels ceux de Rachad ou du MAK, se tiennent dans l’ombre, en utilisant les marcheurs comme masse de manœuvre pour faire « dégager » les membres de l’État, puis les remplacer. Dès lors, devient clair cet apparemment étrange comportement : exiger « Dégagez tous ! », sans proposer d’alternative en remplacement.

Se pose, alors, la question : ce refus de concrétisation d’un slogan par l’auto-organisation est-il spontané ou manipulé ?… Les participants au Mouvement populaire ne disposent généralement pas de connaissance en matière de processus social leur permettant de savoir la nécessité d’une méthode pour concrétiser un slogan. Toutefois, le marches de ce mouvement populaire ont tous les aspects d’une action organisée par des agents non identifiés, lesquels n’ont jamais posé le problème de la méthode pour concrétiser le slogan en question.

S’ils ne l’ont pas fait, deux hypothèses se présentent. Soit ces organisateurs des marches, avec les slogans correspondants, ignorent le fonctionnement des mouvements populaires : à savoir que les marches populaires sont uniquement le résultat ou le prélude à l’auto-organisation en comités citoyens fédérés au niveau national. Mais cette hypothèse est peu crédible : peut-on savoir brillamment organiser des marches sans savoir le but poursuivi ?… Une deuxième hypothèse est, au contraire, celle que la logique impose : que ces organisateurs sont opposés à cette auto-organisation, pour maintenir leur contrôle sur les marcheurs, afin de les manipuler pour un objectif occulté.

Quel peut être cet objectif ?… Il fut déjà évoqué auparavant. Répétons-le. L’histoire des mouvements populaires l’enseigne : utiliser les marches populaires uniquement comme masse de manœuvre pour « dégager » les détenteurs de l’État, c’est viser à prendre leur place, et constituer une nouvelle caste oligarchique. Qui donc, en Algérie, l’incarnerait, à présent que la composante bouteflikienne de l’oligarchie est éliminée, sinon les dirigeants de Rachad en alliance avec ceux du MAK ? (1) Objecter que ces deux organisations ne sont pas à la hauteur d’une telle ambition, c’est perdre de vue qu’elles agissent comme agents internes d’oligarchies étrangères redoutables : États-Unis, Israël, France, Angleterre, Arabie saoudite, Émirats arabes, Qatar, Turquie.

 

Triptyque.

Examinons la problématique de l’auto-organisation populaire. Trois éléments y interviennent : 1) une plateforme ou programme de base commun, 2) une structuration du mouvement citoyen, 3) des représentants pour parler en son nom et défendre ses intérêts.

Là encore, l’observation des mouvements populaires dans le monde permet cette constatation : selon les conditions sociales concrètes, l’un des trois éléments ci-dessus naît en premier et produit les deux autres. Parfois, la proposition d’une plateforme commune permet la création de structures citoyennes pour la discuter et l’adopter, puis l’élection de représentants pour la concrétiser. Parfois, la création de structures citoyennes permet l’élaboration et l’adoption d’une plateforme commune d’action, puis l’élection de représentants pour la concrétiser. Parfois, des représentants spontanés d’un mouvement social proposent une plateforme en appelant à la discuter dans des structures citoyennes, ou, au contraire, proposent la création de structures citoyennes pour élaborer une plateforme commue d’action, puis l’élection de représentants pour la concrétiser.

Examinons ces trois éléments dans l’actuel mouvement populaire algérien. À notre connaissance : 1) aucun représentant spontané n’a proposé ni de plateforme commune, ni la création de structures citoyennes pour élire des représentants capables de concrétiser cette plateforme ; 2) quelques propositions de plateforme commune furent présentées, sans succès ; 3) des structures citoyennes n’ont pas été créées, à l’exception de quelques collectifs ou associations de composition et d’action très limitées… Rien de consistant comme poids dans le rapport de force avec l’adversaire étatique.

Ce dernier s’en est trouvé tellement à l’aise qu’il alla jusqu’à suggérer au Mouvement populaire de se doter de… représentants !… On assista, alors, à la réaction de prétendus experts et intellectuels soit disant partisans du Mouvement populaire : ils dénoncèrent cette suggestion des détenteurs étatiques comme simple provocation, destinée à ce que des représentants du Mouvement populaire soient élus pour être emprisonnés ou corrompus.

Nous sommes, encore là, dans l’un des deux cas : soit ces experts et intellectuels sont des ignorants en ce qui concerne le processus d’un mouvement populaire pour s’assurer la victoire, soit ils refusent au mouvement populaire de s’auto-organiser, afin de maintenir leur contrôle et leur direction sur ce mouvement, pour conserver leur statut privilégié d’élite dominante ou en devenir une nouvelle, après l’élimination de celle au pouvoir.

Le mouvement populaire est donc encore dans cette situation, après désormais onze mois : marcher hebdomadairement et crier son slogan principal « Yatnahou ga3 ! » (Qu’ils dégagent tous !) sans savoir comment le concrétiser… Notons, cependant, que ce slogan n’est plus dominant et massif comme il le fut au début des marches.

Pourquoi cette renonciation ?… Est-ce parce que, au sein du mouvement populaire, les « animateurs », d’une part, et, d’autre part, les participants aux marches ont compris l’impossibilité de concrétiser ce slogan, après toutes les victoires obtenues par les gestionnaires de l’État, notamment une élection présidentielle et les actions ultérieures du nouveau gouvernement ?

 

Partis politiques et organisations syndicales.

Certains ont espéré et continuent à espérer que les partis politiques censés être engagés au service du peuple contribuent à doter le Mouvement populaire d’une organisation, sans toutefois le récupérer pour leurs seuls intérêts partisans.

Malheureusement, nous constatons que ces partis politiques : 1) ne parviennent pas à s’accorder eux-mêmes sur une plateforme commune ; 2) sont handicapés par un « zaimisme » (présidentialisme) ; 3) ne trouvent pas leur intérêt à se mettre, au-delà des paroles, au service du mouvement populaire.

Pourtant, la création d’un Front populaire uni s’impose. Il réunirait toutes les composantes intéressées à un changement établissant une réelle démocratie dans un État de droit effectif. Alors, dans un champ politique réellement libre et démocratique, les divers partis politiques engageraient des débats afin de conquérir l’adhésion citoyenne. Apparemment, les partis politiques n’y sont pas prêts. Glissons sur le fait de savoir quel degré de démocratie existe au sein même de ces partis politiques.

Quant aux organisations syndicales, contrairement à la Tunisie (comme auparavant et davantage en Pologne) où leur rôle fut important dans le mouvement populaire contestataire, en Algérie, le syndicat majoritaire n’est visiblement pas au service du peuple, tandis que les organisations syndicales minoritaires n’ont pas la force d’impacter positivement le mouvement populaire.

 

Énigme.

Dans l’observation du mouvement populaire algérien, après onze mois d’existence, ce qui frappe et laisse totalement perplexe, - tout au moins en le comparant aux autres processus des mouvements populaires -, c’est cette absence de l’un des trois éléments déclencheurs des deux autres : ni proposition de plateforme commune recevant une adhésion significative, ni création de structures citoyennes, ni représentants spontanés du mouvement pour appeler à la nécessité de création d’une plateforme commune ou de structures citoyennes.

Certes, l’histoire sociale algérienne est dépourvue d’une tradition significative dans ce domaine. L’autogestion suite à l’indépendance nationale et le mouvement social contestataire de 2001 furent des expériences sans lendemain, d’une part parce que les oligarchies étatiques les réprimèrent sans ménagement, d’autre part les militants de ces deux expériences ne trouvèrent pas les moyens alternatifs pour prolonger leurs actions, ou, tout au moins, leurs idées d’auto-organisation populaire.

Toutefois, marcher hebdomadairement durant onze mois, sans jamais que l’un des trois éléments évoqués plus haut intervienne pour passer à la phase constructive, opératoire, cette absence demeure un énigme de ce mouvement populaire algérien. À moins de découvrir qu’il a été et demeure manipulé par des agents non identifiés, se servant des marcheurs comme masse de manœuvre pour réaliser leurs propres objectifs : changer de caste dominante. Le futur proche fournira la réponse. Espérons que le mouvement populaire apprendra la leçon. Les marches contestataires aussi massives qu’elles soient, avec les slogans les plus radicaux, ont besoin de leur complément constructif : plateforme commune, structures citoyennes, animateurs favorables à l’auto-organisation, mandataires pour représenter les intérêts du mouvement populaire. Il est encore temps d’y penser.

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(1) Voir « Alliance entre Rachad et MAK : menace sur l’intégrité nationale », http://kadour-naimi.over-blog.com/2020/01/alliance-entre-rachad-et-mak-menace-sur-l-integrite-nationale.html

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Publié sur Algérie Patriotique (08.01.2020) et La Tribune Diplomatique Internationale (08.01.2020).

 

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Rédigé par Kadour Naimi

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Publié le 5 Janvier 2020

PRÉVENIR LES AGRESSIONS ÉTRANGÈRES EN ALGERIE

Les problèmes internes à l’Algérie sont multiples et graves, en premier lieu l’opposition persistante entre Mouvement populaire et les gestionnaires de l’État. C’est là une contradiction interne à la nation, à laquelle il faut absolument et le plus vite possible trouver la juste solution, juste signifiant au bénéfice du peuple.

Ceci étant clarifié, - pour éviter tout malentendu et toute manipulation de ce texte -, deux questions doivent être posées.

1) Peut-on permettre que les conflits internes à l’Algérie deviennent la faille, la faiblesse par laquelle des oligarchies étrangères, soutenues à l’intérieur par des organisations autochtones harkies (1), agressent l’Algérie ? Car le but est clair et les preuves existent : s’emparer des ressources naturelles de l’Algérie et faire de son territoire une base militaire, pour contrer la Russie et la Chine afin de demeurer l’unique puissance hégémonique impérialiste mondiale, et, par voie de conséquence, permettre au colonialisme israélien de se maintenir et d’édifier son « Grand Israël » au détriment du peuple palestinien ?

2) Parce que les détenteurs de l’État algérien évoquent le danger d’agressions étrangères, soutenues par des harkis intérieurs, peut-on ignorer ces menaces ?... Prétexter que cette menace est évoquée par les détenteurs actuels de l’État uniquement pour détourner l’attention des problèmes internes, et que cette menace serait négligeable ou inexistante, c’est, dans le meilleur des cas, ignorer la gravité de la situation actuelle, et, dans le pire, être un agent harki interne des oligarchies étrangères.

Un principe fondamental est à considérer : les problèmes d’un peuple, ici l’algérien, doivent être résolu uniquement par ce peuple lui-même, sans aucune interférence étrangère, d’où qu’elle vienne et quelques soient ses intentions déclarées.

 

Situation concrète.

L’Algérie est : 1)encerclée de bases militaires étrangères tout autour de son territoire ; 2) a des frontières avec des pays soit déjà désintégrés par l’impérialisme (Libye) soit sur la voie de la désintégration (Mali) ; 3) est infiltrée par une masse inquiétante d’immigrés, masse servant sans aucun doute à l’infiltration de membres d’organisations terroristes, soutenus et financés par des oligarchies étrangères.

En outre, l’Algérie est un pays extrêmement tentant par des oligarchies impérialistes ou néo-coloniales : 1) un immense territoire d’une importance stratégique : carrefour situé au sud de la Méditerranée (dont le nord est occupé par l’Otan), partie importante de l’Afrique (destinée à être la proie économique de toutes les convoitises oligarchiques mondiales) et du monde dit « arabo-musulman » (où ressources naturelles et territoires sont d’importance géo-stratégiques) ; 2) immenses ressources énergétiques (le nerf de la guerre et de l’économie) : pétrole et gaz, sans parler de la nappe phréatique (qui deviendra un enjeu fondamental prochainement).

 

Adversaires.

Voici les ennemis de l’Algérie, État et peuple confondus, soulignons-le.

1) L’oligarchie états-unienne. Conformément à la doctrine Rumsfeld/Cebrowski, son intérêt est de maintenir et renforcer son hégémonie mondiale, base de sa puissance économico-militaire. Dans ce but, il faut mettre la main sur les ressources naturelles de toutes les nations de la périphérie de la planète, autrement dit les pays économiquement sous-développés, dont l’Algérie. Ces ressources sont en premier lieu le pétrole et le gaz, et l’occupation du territoire servirait à installer des bases militaires afin d’encercler la Russie et la Chine, et étendre la zone géographique de l’Otan.

2) L’oligarchie française néo-colonialiste. Elle concurrence les USA en ce qui concerne les ressources naturelles de l’Algérie, et veut prendre sa revanche historique sur la défaite qui l’a chassée d’Algérie, suite à la guerre de libération nationale.

3) L’oligarchie colonialiste israélienne. Elle veut prendre sa revanche sur son échec, lors de la guerre de libération nationale algérienne, d’accaparer une portion du territoire algérien pour y installer la communauté juive résidente alors en Algérie. La même oligarchie veut punir l’Algérie pour être un soutien indéfectible du peuple palestinien pour le recouvrement de ses droits territoriaux, conformément aux résolutions de l’ONU.

4) Les oligarchies saoudite, émiratie, qatarie. Pour sauvegarder leurs intérêts, assurés par leur système social théocratique, elles doivent empêcher l’établissement en Algérie d’un système démocratique. Il constituerait un exemple et un encouragement pour les peuples du Moyen-Orient afin de lutter pour la démocratie dans leurs pays. Par conséquent, ces oligarchies théocratiques moyen-orientales ont un intérêt vital à favoriser l’établissement, en Algérie, d’un système social identique au leur.

5) L’oligarchie au pouvoir en Turquie. Son intérêt est de maintenir son emprise, et, dans ce but, elle doit développer son économie, en accédant aux pétrole et gaz algériens, et en occupant le territoire algérien pour réaliser sa « oumma » (communauté) islamique sous la férule de l’organisation des « Frères Musulmans ».

6) Les organisations algériennes inféodées respectivement au colonialisme israélien (MAK), aux oligarchies moyen-orientales (« mouvance » islamiste wahhabite), à l’oligarchie turque (mouvance « frères musulmans ») (2).

6) Les organisations terroristes, financées et formées par l’une ou l’autre des oligarchies ci-dessus évoquées.

7) Un autre ennemi de la nation algérienne reste à évoquer : les généraux corrompus de l’armée nationale algérienne.

 

Armée.

Comme dans toute autre nation de la planète, en Algérie l’armée est l’institution dont le rôle est de défendre l’intégrité territoriale contre toute agression étrangère. Pour y réussir, l’armée doit la prévenir par une préparation secrète et par des démonstrations publiques adéquates de dissuasion.

Comme toute autre armée dans le monde, l’armée algérienne doit, également, ne pas contenir en son sein des corrompus, à n’importe quelle échelon hiérarchique et, d’abord, à celui du commandement. Une armée est à l’image de la fameuse Muraille de Chine, qui protégeait le pays contre les envahisseurs. Mais rappelons que ces derniers réussirent à pénétrer dans le territoire, suite à une… trahison : des soldats gardant l’une des portes furent corrompus.

C’est dire l’importance vitale d’un commandement constitué uniquement de responsables techniquement compétents, d’une part, et, d’autre part, d’une intégrité patriotique sans faille. À ce sujet, où en en est notre armée ? La question n’a aucun besoin de réponses démagogiques, mais objectives. Il s’agit de déceler les éventuelles faiblesses et carences, et de leur trouver les solutions nécessaires, le plus tôt et le mieux possible.

Cette préoccupation légitime et indispensable pour disposer de la meilleure armée possible doit, cependant, contrecarrer les critiques visant l’armée en tant que telle, avec le but, avoué ou caché, de la faire déprécier par le peuple, car ce serait faire objectivement le jeu des ennemis étrangers (3).

 

Peuple.

L’histoire mondiale montre, toutefois, qu’une armée a un besoin stratégique de bénéficier du soutien le plus large et le plus résolu de la population dont cette armée fait partie. En outre, ce soutien, pour être le plus efficace, doit se traduire par une préparation adéquate, militaire et autre, du peuple afin de constituer l’apport indispensable pour résister efficacement à une agression.

Un exemple. L’auteur de ces lignes a constaté, de visu, qu’en Chine existent des refuges pour citoyens, en cas d’agression ; ils se trouvent partout sur le territoire, bien indiqués, et facilement accessibles. Et dernièrement, le Président Xi Jin Pin a clairement déclaré que le peuple chinois doit se préparer à la guerre. Non pas qu’il la désire, mais pour se protéger des préparatifs réels de l’oligarchie états-unienne qui a déclaré vouloir maintenir son hégémonie mondiale (4).

Rappelons-nous également l’importance du rôle du peuple lors de la guerre de libération nationale, en matière de renseignement et de soutien logistique.

À ce sujet, il est vital, autrement dit stratégique, que les détenteurs actuels de l’État trouvent des solutions pour éliminer leur opposition avec le Mouvement populaire. Les déclarations publiques et les funérailles de l’ex-chef de l’État-Major ne suffisent pas pour démontrer le soutien populaire réel et majoritaire à l’armée. Certes, le peuple algérien, de par son histoire récente, a démontré qu’au-delà des divisions internes, il sait assumer son devoir patriotique. Cependant, les événements survenus depuis l’indépendance nationale démontrent qu’il y a encore à faire pour que le soutien du peuple a son armée soit totalement efficace.

 

Front uni.

Le Mouvement populaire se trouve, désormais, devant deux problèmes. D’une part, interne, l’opposant aux gestionnaires actuels de l’État ; d’autre part, externe, à savoir l’éventualité d’une agression étrangère. Quel est, alors, le comportement adéquat ?

Abordons un problème très délicat, susceptible de controverses.

Écarter les généraux corrompus de l’armée est, bien entendu, une nécessité vitale stratégique pour une armée compétente. Mais utiliser le prétexte de l’existence de ces officiers corrompus ne doit, en aucun cas, inciter le peuple à jeter le bébé avec l’eau, autrement dit à ne pas faire corps avec l’armée en tant qu’institution de défense nationale contre une agression étrangère.

Méditons sur un exemple. En Chine, lors de l’invasion impérialiste japonaise, le parti communiste suscita et pratiqua le front uni avec le Kuomintang, malgré le fait que ce dernier disposait d’une armée pleine de généraux corrompus, y compris leur chef Chang Kaï Chek, d’une part, et, d’autre part, ayant commis de multiples massacres de gens du peuple (travailleurs, paysans, intellectuels, étudiants, militants patriotiques) favorables à une Chine indépendante et démocratique.

Pourquoi citer cet exemple ?… Pour dire qu’en cas d’agression contre l’Algérie, les arguments consistant à dire : « Nous refusons de soutenir une armée où se trouvent des généraux corrompus, et qui a, lors de la « décennie sanglante », assassiné des civils », que ces arguments ne sont pas à considérer. Pourquoi ?… Parce qu’en cas d’agression étrangère, le premier objectif, commun, est de résister ensemble, peuple et armée, puis de chasser l’agresseur du territoire national. Ce n’est qu’après cette victoire que le peuple doit affronter les problèmes internes et leur trouver des solutions. Car l’intégrité de la nation est la première des priorités, si le peuple algérien ne veut pas finir comme les peuples irakien, libyen, yéménite, soudanais, somalien ou risquer de subir l’actuelle situation syrienne.

 

Transformer la faiblesse en force.

La gravité de la phase actuelle de l’Algérie, interne comme externe, peut et doit être l’occasion pour créer les meilleures relations entre l’armée et le peuple, donc entre les gérants de l’État et le Mouvement populaire. Ainsi les faiblesses internes se transformeraient en force externe.

Bien entendu, comme le montre le cas syrien, le soutien de nations amies, en premier lieu la Russie et la Chine, a un rôle important ; mais il est secondaire car le principal consiste dans un peuple et son armée stratégiquement unis. Cette unité est généralement invincible. Si, néanmoins, une défaite a lieu, la résistance populaire, encadrée efficacement par son armée, finira par chasser les envahisseurs. Le cas le plus significatif était et demeure jusqu’à aujourd’hui celui donné par l’exemplaire peuple du Viet Nam, d’abord contre l’agression colonialiste française, ensuite contre celle impérialiste états-unienne. Ajoutons que le peuple algérien et son armée disposent déjà d’une expérience très précieuse : la guerre populaire de libération nationale contre une puissance de l’Otan, la France.

Certes, les armements et les technologies ont changé, mais les éléments fondamentaux des conflits demeurent identiques : contre la bestialité des armées d’agression, matériellement supérieures, opposer l’intelligence du peuple uni à son armée compétente. Quant à ceux qui privilégient la formation dans les académies militaires les plus prestigieuses, rappelons que le doublement vainqueur militaire respectivement des généraux français puis états-uniens fut un simple ex-instituteur : Nguyen Giap avec ses collaborateurs.

Et si les impérialistes veulent créer ce qu’ils appellent le « chaos créatif » (5), qu’il soit l’occasion de créer une nation réellement forte parce que réellement démocratique, où peuple et armée sont le double garant de l’intégrité nationale.

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(1) Voir « Peuple algérien et démocratie », http://kadour-naimi.over-blog.com/2019/12/peuple-algerien-et-democratie.html#

(2) Voir « Alliance entre Rachad et MAK : menace sur l’intégrité nationale »,http://kadour-naimi.over-blog.com/2020/01/alliance-entre-rachad-et-mak-menace-sur-l-integrite-nationale.html

(3) Le slogan du Mouvement populaire, « État civil et non militaire », sera examiné dans une prochaine contribution.

(4) Voir « La guerre, pourquoi ? La paix, comment ?... », Partie V. Quel ordre ?, librement accessible ici : https://www.editionselectronslibres-edizionielettroniliberi-maddah.com/ell-francais-sociologie-oeuvres-guerre-paix.html

(5) Voir « Pourquoi la guerre, comment la paix ?... », o.c., point 10.10. Théorie du « chaos créatif».

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Publié sur Algérie Patriotique (04.01.2020) et La Tribune Diplomatique Internationale (05.01.2020).

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Rédigé par Kadour Naimi

Publié dans #AUTOGESTION, #PEUPLE-DEMOCRATIE

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Publié le 3 Janvier 2020

ALLIANCE ENTRE RACHAD ET MAK :  MENACE SUR L’INTÉGRITÉ NATIONALE

La situation en Algérie connaît une évolution inquiétante. Chevauchant le Mouvement populaire actuel, des organisations algériennes plus ou moins occultes en profitent pour concrétiser des buts inavoués, mais certains.

Évitons d’abord des malentendus. Dénoncer les méfaits divers dont est victime le peuple algérien est nécessaire, afin de les éliminer, d’une part. D’autre part, dénoncer l’emploi de la « menace étrangère » par des autorités étatiques comme justification pour légitimer leurs injustices est, également, nécessaire. Μais faut-il, à partir de cela, tirer des conclusions dangereuses pour la nation algérienne en tant que telle ?

 

Menace sioniste.

L’organisation MAK, profitant des injustices incontestables dont est victime en particulier la Kabylie, agit pour l’« indépendance » de cette région. Comment cette organisation veut l’obtenir ?… En s’alliant ouvertement à l’État israélien, déclaré « démocratique et respectant les droits humains ». Pour les gens du MAK, le peuple palestinien n’existe pas, d’une part, et, d’autre part, l’idéologie religieuse obscurantiste qui domine l’oligarchie étatique en Israël n’existe pas non plus. Pourtant, une minorité de Juifs dans le monde, ainsi qu’une minorité de citoyens israéliens dénoncent le caractère colonialiste de l’État israélien et la domination religieuse obscurantiste qui imprègne ses dirigeants (1).

Des preuves existent. Durant la guerre de libération pour l’indépendance de l’Algérie, les dirigeants de l’État israélien (Ben Gourion, à l’époque) voulaient convaincre De Gaulle de créer une entité territoriale offerte à la communauté juive d’Algérie. Par la suite, après l’indépendance, les dirigeants étatiques algériens, au-delà de tous leurs défauts, avaient le mérite de pratiquer une politique de soutien indéfectible au peuple palestinien, dans sa lutte patriotique contre le colonialisme israélien, afin d’obtenir un territoire, reconnu par les Nations Unies elles-mêmes.

Ces faits expliquent pourquoi, et cela depuis les années 1980 (2), les dirigeants d’Israël conservateurs et, - il faut le souligner -, intégristes religieux, n’auront de cesse de voir l’Algérie désintégrée, comme l’Irak, la Libye, le Yémen, ainsi que les tentatives contre le Liban, la Syrie et l’Iran. Tous les dirigeants de ces nations, au-delà de leurs défauts, se distinguent par le soutien à la lutte patriotique du peuple palestinien.

D’où il ressort que les dirigeants du MAK, profitant des injustices commises en Kabylie, visent clairement à la désintégration de l’Algérie, concrétisant ainsi le plan colonialiste israélien, dont ils sont les harkis en Algérie.

 

Menace islamiste.

De l’autre coté, l’organisation algérienne « Rachad » et ses représentants, dont Mohamed Larbi Zitout, militent pour la constitution d’une « oumma [communauté] islamique », laquelle exige l’élimination des nations existantes, à dominante religieuse musulmane, et parmi elles l’Algérie (3).

Pour y parvenir, ces activistes, se présentant ouvertement comme « démocrates » et plus subtilement comme islamistes, font partie de l’organisation internationale « Frères musulmans », dont l’accointance avec l’oligarchie impérialiste états-unienne est prouvée (4). Or, l’on connaît la doctrine Rumsfeld/Cebrowski : elle vise à détruire les nations de la périphérie de la planète, et d’abord celles du Moyen-Orient, afin de mieux disposer de leurs ressources naturelles et de leur territoire comme base militaire, permettant l’encerclement et l’espionnage électronique de la Russie et de la Chine. C’est que l’idéologie des « Frères Musulmans » et celle des oligarchies impérialistes et colonialiste sioniste ont le même intérêt à la destruction des nations du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord à dominante religieuse musulmane. Quitte à ce que, en cas de destruction de ces nations, naisse une « oumma » (empire) islamique, soit ottomane, sous la férule d’Erdogan, membre de l’organisation des « Frères Musulmans », soit wahhabite, dominée par l’oligarchie saoudite. Ce qui explique l’actuel opposition entre les oligarchies d’Arabie saoudite et des Émirats Arabes, d’un coté, et, de l’autre, celles de Turquie et du Qatar.

 

L’étrange alliance.

Dans l’une de ses ultimes vidéos, Zitout évoque avec chaleur l’alliance, qu’il appelle « tactique », entre son organisation islamiste « Rachad » et … le MAK !… Oui, les anti-arabo-islamistes du MAK et les anti-athées-berbéristes de « Rachad » se retrouvent avec l’objectif commun : détruire la nation algérienne ! Pour y parvenir, ils occultent provisoirement leurs objectifs spécifiques, obtenus sur les ruines de la désintégration de l’Algérie : pour « Rachad », l’édification d’une « oumma islamique », en réalité vassale de l’impérialisme états-unien, et pour le MAK, une Kabylie « indépendante », en réalité vassale du colonialisme israélien, donc aussi de l’impérialisme états-unien.

Répétons que les preuves concrètes et convaincantes de ce qui est avancé ici se trouvent sur Internet, notamment dans les vidéos ; il suffit de bien chercher.

Question : parmi les participants au Mouvement populaire algérien, combien de partisans et sympathisants de « Rachad » et du MAK disposent des informations exposées ici ?… Constatation plus grave : certains intellectuels algériens, se présentant comme « progressistes » et « démocrates » font tout pour déclarer et écrire en sous-estimant quand pas en occultant ces informations, en tentant de faire croire que « Rachad » et le MAK ne sont que des « organisations comme les autres » et qu’ils ont droit à l’existence et à la parole au nom de la… démocratie. Question : Est-ce démocratique d’avoir comme but la destruction de la nation algérienne, au profit d’une caste composée de membres de « Rachad » ou du MAK, harkis de colonialistes et d’impérialistes ?… Pour répondre à cette question, il suffit de savoir que les agressions colonialiste sioniste contre le Liban, ainsi que celles impérialistes contre l’Afghanistan, l’Irak, la Syrie, le Yémen et les menaces contre l’Iran sont toutes, sans aucune exception, justifiées par l’élimination des dictatures pour établir la démocratie. Les résultats sont sous les yeux : désintégration des nations, au profit des impérialistes et des colonialistes sionistes, avec la complicité de leurs harkis autochtones. Reste l’os dur, l’Algérie !

 

L’instrument principal.

Mais, demanderait-on, comment ces deux organisations, « Rachad » et MAK, s’y prennent pour parvenir à leur but ?… Très simple : en dénonçant, - avec raison -, l’existence de généraux corrompus dans l’armée algérienne, ces deux organisations insinuent quand elles ne concluent pas ouvertement que c’est l’armée algérienne en tant que telle qui est à rejeter et à détruire… Par exemple, Zitout présente des vidéos où l’on voit des soldats du service national mal nourris, mal logés, maltraités… Par ce genre de vidéos, n’est-ce pas l’armée en tant que telle qui est visée ? L’autre membre de « Rachad », Mourad Dhina, est allé jusqu’à diffamer l’armée nationale algérienne, comme n’ayant aucune valeur en tant qu’armée, en faisant, par comparaison, l’éloge avec l’armée… devinez laquelle ?… israélienne (5). Qu’en penser, pour quelqu’un qui se proclame fièrement « islamiste », « démocrate » et « patriote », voulant le bien de la nation algérienne ?

Faut-il expliquer davantage ?… Quel est le principal rempart de protection de la nation algérienne, comme de toute nation dans le monde ?… L’armée, quelques soient ses carences et son interventionnisme dans le domaine socio-politique. Si vous la stigmatisez, comme le font Zitout et Dhina, quel est votre but sinon de semer le doute sur cette armée en ce qui concerne ses capacités de défense de l’intégrité du territoire national, et de vouloir détruire la confiance du peuple dans son armée ? Faut-il ajouter que Zitout participa à l’agression impérialiste qui détruisit la Libye ? (6)

Voilà pourquoi, dans une contribution précédente, l’auteur de ces lignes appelait à la constitution de comités de base populaires afin de discuter, entre autre, la pertinence de certains slogans, notamment celui de « État civil et non militaire ». Qui donc a suggéré ce slogan, et quel but vise-t-il ?… Uniquement l’élimination de généraux corrompus et la main-mise du commandement de l’armée sur la vie sociale ? (7) De quelle garantie dispose-t-on pour être certain que ce slogan ne vise pas, de manière insidieuse et occulte, la dévalorisation de l’armée en tant que telle, donc la défiance du peuple envers l’armée, et, ainsi, porter atteinte à l’instrument principal qui garantit l’intégrité de la nation algérienne, et, par conséquent, la défense du peuple contre des agressions impérialistes-néocolonialistes-colonialistes israéliennes ?

Certains, selon leur idéologie, insinueront que l’auteur de ces observations est un agent des « services », un « anti-islamiste » et « anti-berbériste » primaire, qui cherche à obtenir quelque faveur du régime actuel. Cet auteur répond simplement : considérez les arguments et démontrez leur éventuelle invalidité.

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(1) Voir « La guerre, pourquoi ? La paix, comment ?... », SECTION III. QUEL ORDRE ou qui tire profit du désordre ? / PARTIE I. PAYS ET TYPE D’ORDRE, point 3. Israël et Palestine. Livre gratuitement disponible ici : https://www.editionselectronslibres-edizionielettroniliberi-maddah.com/ell-francais-sociologie-oeuvres-guerre-paix.html

(2) Voir sur Internet le document dit « plan Yinon » de Oded Yinon. Bien entendu, les officines sionistes de propagande considèrent ce texte comme sans importance, voire manipulé par des « complotistes » anti-israéliens !

(3) Voir http://kadour-naimi.over-blog.com/2019/12/mouvement-populaire-et-manipulations-l-islamisme-politique.html

(4) Voir https://nowarnonato.blogspot.com/2019/06/thierry-meyssan-sous-nos-yeux-les.html et https://www.alterinfo.net/Le-deal-entre-les-Freres-musulmans-et-les-Etats-Unis-confirme-par-Morsi_a84329.html

(5) Voir « Mouvement populaire et manipulations : l’islamisme politique », http://kadour-naimi.over-blog.com/2019/12/mouvement-populaire-et-manipulations-l-islamisme-politique.html

(6) Les preuves vidéo ont été présentées par l’activiste Rafaa. Sa plus récente est https://www.youtube.com/watch?v=6ylZ7w-t9ZA

(7) Ignore-t-on l’avertissement, lors de son discours d’adieu, du Président Eisenhower ? Il dénonça le risque de main-mise du « complexe militaro-industriel » sur la nation états-unienne. Et ignore-t-on qu’un Président des États-Unis ne peut rien faire sans l’aval des chefs de l’armée, au risque d’être assassiné par un « individu isolé » ? Et ignore-t-on que certaines des promesses électorales de l’actuel Président Donald Trump n’ont pu être concrétisées à cause de l’opposition du commandement de l’armée U.S. ?

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Publié sur Algérie Patriotique (01.01.2020) et La Tribune Diplomatique Internationale (02.01.2020).

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Rédigé par Kadour Naimi

Publié dans #AUTOGESTION, #PEUPLE-DEMOCRATIE

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Publié le 31 Décembre 2019

PEUPLE ALGÉRIEN ET DÉMOCRATIE

- Yâ ĕammî [ô mon oncle], des politiciens, des intellectuels, des universitaires, des « politologues » et autres « experts » affirment que nous, le peuple, plus exactement notre Mouvement populaire, nous ne devons absolument pas nous auto-organiser.

- Par quel motif ces gens justifient leur opinion ?

- Que le DRS nous infiltrerait totalement, que nos divisions idéologiques nous opposeraient.

- De part le monde et depuis toujours, as-tu vu un mouvement populaire refuser de s’auto-organiser par peur d’infiltrations ou de divisions internes ?

- Jamais !… Les deux motifs présentés par ces gens sont contraires non seulement à l’histoire mondiale, mais également à la logique et à la raison… Cependant, d’autres personnes invoquent un troisième motif : l’obscurantisme religieux dominerait tellement nos esprits que nous sommes incapables de démocratie, parce que nous comptons uniquement sur Allah pour changer les choses, d’une part, et, d’autre part, parce que la religion est contraire à la démocratie.

- En ce qui concerne le premier point, Allah n’a-t-il pas dit « Aide-toi, le ciel t’aidera » ? Et, en ce qui concerne le second point, comment la religion pourrait-elle être contraire à la démocratie, puisque, à l’époque de son apparition, les peuples de la région ignoraient ce qu’était la démocratie, et donc les livres saints ne la mentionnaient pas ?

- D’accord, mais entre-temps, je suis troublé, perplexe, désorienté.

- Pourquoi ?

 

« Volonté Supérieure ».

- Les islamistes me déclarent que c’est Allah qui parle par leur bouche, qu’il faut donc que j’exécute ce qu’ils disent sous peine d’être un « kâffar » (mécréant).

- De quel droit ces islamistes parlent au nom d’Allah ? Leur a-t-il conféré cette qualité ?

- Évidemment pas... Pourtant, ces gens, dans les années 1990, affirmaient que la démocratie est « kofr » (blasphème), tandis qu’aujourd’hui, en 2019, ils déclarent vouloir la démocratie en Algérie. N’y a-t-il pas là une contradiction ?

- C’en est une en effet. Mais rappelle-toi les années 1990. Ces gens-là, qu’ont-ils fait ?

- Ils avaient dit publiquement qu’ils utilisaient la démocratie avec le but, une fois vainqueurs, d’éliminer la démocratie pour installer la Charia.

- Que s’est-il, alors, passé ?

- Ce projet eut comme résultat dix années de guerre avec environ 200.000 Algériens tués, et l’échec militaire de ces gens-là.

- Mais est-ce que, néanmoins, la démocratie fut sauvée ?

- Pas vraiment.

- Qu’en tires-tu comme conclusion ?

- Que ceux qui furent vainqueurs militairement de ce conflit ne trouvaient pas leur intérêt à établir la réelle démocratie.

- Comment se sont-ils arrangés ?

- Par des élections truquées.

 

« Savoir Supérieur ».

- Mais, ĕammî, il y a aussi des gens, se déclarant laïques et démocrates, qui affirment que nous sommes incapables de démocratie… Est-ce vrai ?

- Au nom de quoi ces gens osent-ils leurs allégations ?

- Au nom de leur savoir, attesté par leur diplômes universitaires.

- Pourquoi s’arrangent-ils pour exhiber leurs titres d’études ?

- Pour me faire croire que je suis un ignorant.

- Et la conséquence ?

- Que je dois me limiter à écouter ce que ces gens déclarent puis à exécuter selon leurs déclarations.

- Et si tu ne leur obéis pas ?

- Ils me traitent de naïf, d’idiot, de complice de la « issâba » (bande) des généraux corrompus.

- Avec quels arguments ?

- Aucun. Ils se contentent de me lancer les adjectifs que je t’ai dit.

- Est-là, selon toi, des vrais intellectuels, autrement dit des gens qui se limitent à présenter des arguments et des preuves concrètes, sans clore le débat par des insultes ?

- Non.

 

« Ethnie Supérieure ».

- … Et, ĕammî, que dis-tu de ceux qui affirment que nous sommes incapables de démocratie, parce que Arabes et musulmans ?

- Qui l’affirment ?

- Une certaine minorité d’extrémistes qui se proclament « non algériens » mais uniquement « amazighes », plus précisément « kabyles » ou « chaouis ».

- Tu as bien dit une minorité, n’est-ce pas ?

- Oui !

- Ne sommes-nous donc pas une seule espèce humaine sur cette planète ? Et, en Algérie, ne sommes-nous pas tous le résultat de plusieurs peuples qui ont envahi ce territoire puis se sont mélangés par des mariages, jusqu’à constituer le peuple algérien, avec ses diverses et enrichissantes composantes ?

 

Point commun.

- À présent, yâ oulîdî [ô mon enfant], à propos de ces gens, dis-moi quelle est leur méthode d’action ?

- Les premiers me dénient la capacité de pratiquer la démocratie, donc de m’auto-organiser avec mes semblables, parce qu’ils déclarent qu’ils parlent au nom d’Allah ; les seconds, parce qu’ils parlent au nom de leur Savoir ; les troisièmes, parce qu’ils sont d’une race pure.

- Et comment ces gens agissent avec toi ?

- Connaissant ma religiosité sincère, plus ou moins bien assimilée par moi, les prétendus religieux utilisent la religion, présentée à leur manière ; connaissant les carences de mon savoir, les prétendus savants utilisent ce qu’ils ont appris à l’université, présenté à leur manière ; connaissant mes carences historiques, les prétendus de « pure race » utilisent l’histoire, présentée à leur manière.

- Et chacun de ces gens-là, dans quel but agit-il ainsi ?

- Pour m’impressionner dans le but de me convaincre à les croire et à les suivre.

- Comment appelle-t-on ce procédé ?

- Manipulation.

- En effet, une argumentation raisonnable, logique et au service du peuple a-t-elle besoin de se masquer par une autorité divine, universitaire ou ethnique ? La valeur des arguments ne se suffit-elle pas par le recours à la raison logique et à l’équité au bénéfice du peuple ?

- Oui, elle suffit.

- Selon toi, comment vivent tous ces gens ?

- Je constate facilement que tous ont une vie matériellement très confortable.

- Disent-ils d’où leur vient l’argent ?

- Non.

- Quoi en conclure ?

- Celui qui cache la provenance de son argent est louche.

- Est-il donc une personne fiable ?

- Jamais.

- Selon toi, quel est le but identique de tous ces gens ?

- Chacun d’eux prétend détenir la Vérité et que nous, peuple, on doit se contenter de l’écouter et de l’exécuter.

- Dans ce cas-là, ces gens peuvent-ils te dire qu’ils te croient capable de pratiquer la démocratie ?

- Évidemment non… Pourquoi ces gens agissent ainsi, quel est leur but réel ?

- Pour le savoir, dis-moi quel est leur statut ?

- Je t’ai déjà dit avoir constaté que leur vie matérielle est des plus confortables.

- Quel est donc leur statut ?

- Privilégié.

- Par conséquent, quel est le but d’un privilégié ?

- Conserver ses privilèges.

- Pour les conserver, peut-il accepter que toi et tes amis puissiez pratiquer la démocratie ?

- Pourquoi pas ?

- Qu’est-ce que la démocratie, au sens le plus authentique du terme ?

- Le peuple qui gère lui-même ses affaires.

- Si le peuple gère lui-même ses affaires, les privilégiés peuvent-ils servir à quelque chose ?

- À rien du tout ! Au contraire, il n’y aurait plus de privilégiés.

- Dès lors, ces privilégiés peuvent-ils être favorables à la démocratie telle que tu l’as définie ?

- Absolument pas.

- Quel est, alors, le but de ces privilégiés ?

- Rester des privilégiés.

- Comment y parviennent-ils ?

- En étant ou en parvenant à conquérir le pouvoir pour faire suer du burnous moi et mes semblables… Ne dois-je donc plus écouter ces gens ?

- Si tu ne les écoutes plus, comment apprendrais-tu leur processus de manipulation de ton esprit, puis démonter leur fausse argumentation, et, ainsi, aider tes compagnons de misère à ne pas être manipulés ?

 

Démocratie et capacités populaires.

- Alors, ĕammî, que dois-je faire ?

- Ta raison ne te donne-t-elle pas la faculté de penser par toi-même ? Ensuite, n’as-tu pas la possibilité de découvrir des livres et autres textes pour te proposer des solutions ? Enfin, n’as-tu pas la possibilité de chercher et de trouver des personnes qui ont une expérience militante au service réel du peuple, pour apprendre à partir de leur expérience ?… Revenons à ta question de départ : est-ce que le peuple algérien n’est pas capable de démocratie ?… Considère la définition la plus simple et la plus claire du mot « démocratie ». Qu’est-ce que c’est ?

- Pour moi, ĕammî, c’est la capacité de s’écouter l’un l’autre, dans le respect de la différence de nos opinions, puis de raisonner en examinant les arguments de manière objective, enfin de prendre les décisions les plus logiques et dans l’intérêt du peuple.

- N’est-ce pas là ce que toi et tes amis, vous faites généralement dans votre vie quotidienne ?

- Oui !

- Et quand vous vous disputez, quels sont les motifs ?

- En général, à cause de trois motifs. D’abord, la religion : certains se prétendent plus musulmans que les autres. Ensuite, le savoir : certains se prétendent plus savants que d’autres. Enfin, l’ethnie : certains se prétendent d’une race pure (arabe, pour les uns, amazighe ou kabyle pour les autres).

- Qui est responsable de l’introduction de ces motifs qui créent chez vous des mésententes ?

- Les gens que nous avons évoqués ci-dessus.

- Donc, qui vous empêche de pratiquer la démocratie ?

- Ceux-là même qui nous reprochent de ne pas être capables de démocratie… Que faut-il faire, alors ?

- Tant que toi et tes semblables ne vous auto-organisez pas, ces autres gens ne s’arrogent-ils pas le droit de proposer des recettes en votre nom ?

- Ils le font.

- Comment, donc, les neutraliser, sinon en vous rencontrant, toi et tes voisins, collègues d’études ou de travail, avec un objectif commun : précisément la pratique de la démocratie, pour démontrer à vos accusateurs qu’ils ont tort ?

- Mais, ĕammî, on nous dit que la démocratie, ce sont les élections.

- Est-ce que le résultat est favorable au peuple ?

- Pas du tout !

- Dès lors, la démocratie n’a-t-elle pas besoin d’autres instruments ?

- Lesquels ?

- Est-ce que tu ne le saurais pas en créant avec tes semblables un comité citoyen démocratique de discussions ?

- Autrement dit nous auto-organiser, c’est-à-dire faire ce que les gens que nous avons évoqués nous dénient de faire ?

- Ta question ne contient-elle pas sa réponse ? (1)

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(1) Voir http://kadour-naimi.over-blog.com/2019/12/solutions-pour-le-mouvement-populaire-algerien.html

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Publié sur Algérie Patriotique (27.12.2019) et  La Tribune Diplomatique Internationale (28.12.2019).

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Rédigé par Kadour Naimi

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Publié le 26 Décembre 2019

OÙ VA LE MOUVEMENT POPULAIRE ALGERIEN ? ORGANISATION ET ENCADREMENT

Suite à la contribution précédente (1), reste à approfondir et préciser le problème de l’auto-structuration du Mouvement populaire et, d’une certaine manière, considérer la question de ce qu’on appelle la transition démocratique et le processus constituant.

Lisons l’histoire de tous les mouvements populaires contestataires d’une oligarchie dominante, quelque soit l’époque et le pays. On constatera que tous les militants-théoriciens (représentants réellement les intérêts du peuple, et formant une toute petite minorité), ayant participé au mouvement populaire et réfléchi sur son action, ces militants-théoriciens sont unanimes pour tirer un identique bilan. Le mouvement populaire a échoué parce qu’il a manqué de deux éléments stratégiques décisifs : 1) une organisation démocratique et efficace, 2) un encadrement intellectuel suffisamment formé et respectueux de la volonté populaire.

Tous les autres facteurs (divergences internes au mouvement, interventions étrangères, opposition étatique, infiltrations, manipulations, arrestations, etc.) eurent un rôle secondaire, seulement tactique. Ce fut le cas, notamment, de la « Commune de Paris » de 1870, de la révolution des soviets en Russie (1921-1922), des « Collectividad » en Espagne (1936-1969), de l’autogestion agricole et industrielle en Algérie (1962-1965).

Le premier cas fut écrasé par l’alliance de la bourgeoisie française avec l’impérialisme prussien ; le second cas, par l’armée « rouge » dirigée par Trotski sous la direction politique de Lénine ; le troisième cas, par l’action conjointe, d’une part, de l’armée fasciste espagnole, augmentée par ses harkis marocains et des brigades fascistes italiennes, le tout appuyé par l’aviation nazie, et, d’autre part, par la répression des staliniens du parti « communiste » espagnol et des agents du Komintern. Quant à l’autogestion algérienne, elle fut bureaucratiquement étouffée.

Mais combien d’intellectuels algériens (mais également dans le monde) connaissent les ouvrages relatant ces histoires ? Certes, ces livres sont très peu, en outre généralement occultés. Mais est-ce là une excuse quand on se prétend chercheur, universitaire, expert, politicien, intellectuel, notamment démocrate ou progressiste ?

Voici ces livres : respectivement « Histoire de la commune de 1871 » de Prosper-Olivier Lissagaray, « La révolution inconnue » de Voline, « L’Espagne libertaire 1936-1939 » de Gaston Leval (2), et, concernant l’autogestion algérienne, David Porter (3) ?… Avoir lu ces textes aurait, comme l’auteur de ces lignes, permis de comprendre que le Mouvement populaire algérien devait, dès son surgissement, trouver le moyen de se doter d’une auto-organisation autonome, dotée d’un programme de revendications claires et de représentants sur mandat impératif, en sachant comment affronter tous les risques qui se présenteraient, tout en étant capable de présenter des interlocuteurs à l’adversaire déclarant vouloir négocier (4).

Pendant ces dix mois d’existence, le Mouvement populaire a su braver l’interdiction de manifestation publique, mais ne s’est pas auto-organisé. Précision importante : ce ne sont pas les détenteurs de l’État qui l’en ont dissuadé, mais, hélas !, les prétendus « amis » du Mouvement populaire : intellectuels, politiciens, « experts », sans oublier les animateurs occultes du Mouvement (5).

Nous constatons le résultat. Dix mois de marches hebdomadaires pacifiques et joyeuses démontrent qu’un changement social radical au bénéfice du peuple n’a pas eu lieu. Une durée plus longue, avec une pression plus forte, obtiendraient-elles le résultat escompté, comme l’estiment certains ?… Au vu de la situation, considérée objectivement, le doute est plus que permis. Paraphrasons, alors, une fameuse expression : « Où va le Mouvement populaire ? », en proclamant vouloir la démocratie ?

Faut-il préciser que dans les cas mentionnés ci-dessus, il n’y eut pas création de parti politique, mais d’un mouvement social ? La différence est totale : l’un exclut l’autre. Tout parti politique (y compris les soit disant « démocratiques » ou de « travailleurs ») fonctionne sur base d’autorité hiérarchique, comprenant des décideurs et des exécutants ; au contraire, tout mouvement social authentique fonctionne sur base coopérative où l’autorité est exercée collectivement, de telle manière que décideurs et exécutants sont les mêmes. Mais il est probable sinon certain que ceux qui pensent que la structuration d’un Mouvement populaire signifie uniquement sa constitution en parti politique, que ces personnes ignorent la différence fondamentale entre parti politique et mouvement social. D’où vient cette ignorance ?… Du fait que les « élites » intellectuelles, de nature élitiste, s’intéressent uniquement aux institutions identiquement élitistes, - c’est le caractère des partis politiques -, et ne prêtent aucune attention aux institutions non élitistes, ce qu’est par nature un mouvement populaire.

Il est vrai, cependant, que certains mouvements populaires dans le monde ont donné l’impression que des manifestations de masse, plus ou moins durables, étaient parvenu à chasser les détenteurs du pouvoir en place. Précisons ceci : dans ces cas, les preuves désormais existent que le mouvement était encadré de manière occulte par des agents étrangers (généralement états-uniens) en alliance avec des agents autochtones, d’une part ; d’autre part, le changement de régime n’a pas profité au peuple, mais à une nouvelle caste oligarchique.

Revenons au Mouvement populaire algérien actuel. Le changement social réellement au bénéfice du peuple a des exigences complémentaires aux marches pacifiques. Tel est l’enseignement des expériences historiques relatées précédemment, et d’abord, répétons-le, la nécessité vitale de l’organisation et de l’encadrement démocratiques et efficaces. Ces deux caractéristiques sont indispensables. Cependant, la pratique montre qu’elles peuvent se contredire : la démocratie entravant l’efficacité, ou l’inverse. Néanmoins, il faut trouver l’adéquate conciliation et complémentarité, autrement c’est l’échec.

Dans quelle mesure le Mouvement populaire algérien actuel pourrait satisfaire ces conditions ?… Cela dépendra du degré de démocratie présent dans ce Mouvement. Certains objectent : le peuple algérien n’est pas apte à pratiquer la démocratie. Ce problème sera examiné dans la prochaine contribution.

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(1) « Des solutions pour le mouvement populaire », http://kadour-naimi.over-blog.com/2019/12/solutions-pour-le-mouvement-populaire-algerien.html

(2) Tous librement disponibles sur internet.

(3) « David Porter et l’autogestion algérienne » in http://kadour-naimi.over-blog.com/2018/02/david-porter-et-l-autogestion-algerienne.html

(4) Voir « Du cri à l’organisation » in http://kadour-naimi.over-blog.com/2019/03/du-cri-a-l-organisation.html

(5) Voir « « Élites » et peuple en Algérie : compléter l’inachevé » in http://kadour-naimi.over-blog.com/2019/12/elites-et-peuple-en-algerie-completer-l-inacheve.html

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Publié sur Algérie Patriotique  (22.12.2019) et  La Tribune Diplomatique Internationale (22.12.2019).

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Rédigé par Kadour Naimi

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Publié le 22 Décembre 2019

SOLUTIONS POUR LE MOUVEMENT POPULAIRE ALGERIEN

Suite à la contribution précédente (1), le commentateur « Flic Flac » écrit :

« Ce que nous voulons, c’est des SOLUTIONS CONCRÈTES aux doléances du peuple algérien.

Et que vous expliquez clairement comment vous allez vous y prendre pour sortir l’Algérie et les Algériens du marasme dans lequel ils se trouvent.

EXPLIQUEZ NOUS AVEC PRÉCISION. ….. SVP »

Cette réaction montre que la contribution précédente nécessitait une précision. La voici.

Est-ce qu’un « expert » en économie sait mieux qu’un ouvrier ce dont ce dernier a besoin pour vivre de manière matériellement digne ? Est-ce qu’un « expert » en politique sait mieux qu’un citoyen ordinaire ce dont ce dernier a besoin pour vivre de manière libre, égalitaire et solidaire ? Est-ce qu’un « expert » en sciences sociales sait mieux que les citoyens d’un immeuble, d’un quartier, d’une usine, d’une université comment travailler, étudier et vivre ensemble de manière harmonieuse, autrement dit réciproquement bénéfique ?

On objecterait : mais concernant un peuple tout entier, quelles sont les solutions ?… Réponse : un peuple n’est-il pas composé de multiples unités sociales de base territoriale ? Si ces dernières deviennent capables de trouver les solutions pour elles, celles-ci ne peuvent-elles pas constituer un résumé correspondant au peuple dans son ensemble ?

 

Faillites des « experts ».

Comme exposé dans la contribution précédente, les « experts » en tout genre font tout pour nous donner à croire qu’ils sont les seuls capables de trouver les solutions, quitte au peuple à les exécuter, ce peuple étant considéré ignorant et incapable de savoir ce dont il a besoin pour vivre dignement. Pourtant, l’Algérie et la planète entière se portent-elles bien, suite à l’application des « recettes » de tous les « experts » du monde, des plus prestigieux aux plus obscurs ?... Pollutions, course aux armements, crises financières cycliques, guerres d’agression impérialistes, convoitises néo-colonialistes sur les matières premières, colonialisme féroce contre le peuple palestinien, corruptions des multinationales, blanchissement d’argent dans les banques, terrorisme, prostitution, trafic de drogues, émigrés noyés en mer ou assassinés par des policiers de frontières, arsenaux nucléaires capables de pulvériser plusieurs planètes Terre, etc., autrement dit des systèmes sociaux dominés par l’appât du gain quelque soit le prix (ou le crime), la guerre permanente entre les minorités de possédants (de voleurs) et de démunis (de volés), au sein et entre les nations. Voilà le résultat des « experts » en économie, en politique, en sociologie, en culture, en religions, etc.

Mais, attention ! Dans ce résultat catastrophique pour les peuples, les « experts », eux, sont grassement payés par les États, les institutions internationales, les universités « prestigieuses » et autres agences et organismes étatiques ou para-étatiques ou privés, notamment les banques, les multinationales, les « institutions » d’études (think tanks).

Malgré ces méfaits et, - disons le mot -, ces crimes, ces « experts » parviennent à faire croire aux peuples, par l’intermédiaire de médias de conditionnement idéologique (journaux, TV, films, etc.), qu’ils sont et seront toujours les seules personnes capables de fournir des solutions aux problèmes des peuples. Comment, dès lors, faire appel à des « experts » sans prendre la précaution de vérifier quels sont leurs réussites et leurs échecs ?

 

Capacités citoyennes.

Il reste aux peuples à finir par prendre conscience du rôle exact de ces « experts » en tout genre. Alors, les peuples comprendront que les solutions réelles, efficaces, dans l’intérêt des peuples ne peuvent venir que d’eux-mêmes. Être instruit ne signifie pas automatiquement être intelligent, et être intelligent ne signifie pas automatiquement servir les intérêts du peuple.

Comment les peuples devraient, alors, agir ?… En se dotant de leurs institutions propres, créées par eux et pour eux, puis de celles-ci trouver et élire leurs représentants, avec, - la précision est vitale -, mandat impératif.

Le problème général ainsi exposé, venons au commentaire du lecteur, mentionné au début de ce texte, en ce qui concerne le Mouvement populaire algérien. Veut-on des solutions concrètes au peuple algérien, et avec précision, eh bien que les citoyens et citoyennes se réunissent en comités de résidence (immeuble, quartier, ensemble de quartiers, localité entière) en comités d’activités professionnelles (usines, fermes, etc.), en comités d’activités éducatives (école, lycée, centre de formation professionnelle, université, etc.), en toute forme de comité selon les activités sociales.

Au sein de ces comités, échanger les idées, en discuter la pertinence de manière démocratique, en veillant à servir les intérêts réels du peuple. Les participants aux comités constateront alors, en apprenant à discuter et à réfléchir de manière sereine et objective, sur base d’arguments concrets, qu’ils sont capables de trouver eux-mêmes les solutions, éventuellement avec le concours de personnes compétentes qui participent aux comités, en veillant à ce qu’elles ne manipulent ni conditionnent les décisions à prendre.

Comment éviter ces risques ?… Tout simplement en sachant quels sont les besoins pour vivre matériellement de manière digne : logement, santé, vêtements, travail, éducation, loisirs, droits d’association et d’expression, etc. Est-ce que des « experts » le savent mieux que les citoyens ?

La fédération horizontale de tous les comités (ou assemblées) de la périphérie au centre (et non pas de la « base » au « sommet », pour éviter l’autoritarisme hiérarchique élitiste) permettra de dégager un programme commun ou, si l’on veut, feuille de route. Des discussions (démocratiques et bien réfléchies) jaillira la lumière (les solutions).

Cette structuration nécessitera une durée plus ou moins longue en fonction des capacités du Mouvement populaire en terme d’union (au-delà des divisions idéologiques), de résistance aux infiltrations manipulatrices (par l’emploi du mandat impératif), d’arrestations de représentants (en sachant les remplacer par d’autres). Ce travail est long et difficile ?… Est-il sensé de croire qu’un changement social qui donne le pouvoir au peuple se limite à des marches hebdomadaires joyeuses (quelque soit leur durée), éventuellement avec quelques arrestations et quelques blessés ? Pour avoir cette illusion, il faut soit ignorer l’histoire sociale des peuples, soit manipuler le peuple pour garder le contrôle sur lui en vue d’intérêts de caste élitaire. Il s’agit donc de s’asseoir ensemble, de réfléchir de manière sereine et objective, et de décider en pratiquant la démocratie réelle, en fédérant les décisions jusqu’au niveau national, et confier leur concrétisation à des représentants comptables devant le peuple grâce au mandat impératif. Oui, c’est difficile, peut-être très difficile ! Mais indispensable. Là est le vrai défi que doit gagner le Mouvement populaire.

Certains affirment que le peuple algérien, malgré ses remarquables marches hebdomadaires, n’est pas capable de pratiquer la démocratie. La prochaine contribution examinera cette objection.

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(1) « « Élites » et peuple : compléter l’inachevé » in https://www.algeriepatriotique.com/2019/12/18/une-contribution-de-kaddour-naimi-elites-et-peuple-completer-linacheve/

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Publié sur Algérie Patriotique  (20.12.2019) et  La Tribune Diplomatique Internationale (21.12.2019).

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Rédigé par Kadour Naimi

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Publié le 22 Décembre 2019

Manifestation populaire hebdomadaire en Algérie, 2019

Manifestation populaire hebdomadaire en Algérie, 2019

Dans une contribution précédente (1), il fut question du risque d’infiltration de l’intifadha populaire en vue de sa manipulation. Mais un seul agent fut considéré : l’élément étatique. Hélas ! Il faut en signaler d’autres, bien plus insidieux, parce que moins évidents. Commençons par l’islamisme politique. Faut-il préciser que cette expression ne désigne pas l’Islam en tant que religion, mais uniquement sa manipulation pour servir une politique de conditionnement d’un peuple musulman, dans le but de conquérir le pouvoir étatique, pour établir une oligarchie de forme cléricale, avec le soutien d’une oligarchie étrangère ? Ce texte se propose de démontrer que l’islamisme politique passé, ouvertement anti-démocratique (usant la règle démocratique pour éliminer la démocratie) et violent, se présente aujourd’hui avec le masque de la démocratie et du pacifisme (« Salmyâ »), mais le but ultime demeure identique.

 

Surgissement.

Considérons le surgissement de l’intifadha populaire. Que sa première manifestation fut déclenchée dans toutes les villes du territoire nationale, que toutes les marches furent très bien organisées, sans aucun incident, avec des slogans semblables, ces constatations montrent que cette première action fut certainement le produit d’auteurs qui demeurent jusqu’à aujourd’hui inconnus. Toutefois, sans preuves concrètes vérifiables, les uns affirment que les agents organisateurs de la manifestation du 22 février 2019 furent le général Toufik et son réseau pour se débarrasser du chef d’État-major ; à l’opposé, d’autres accusent ce dernier et son entourage d’être les auteurs, dans le but de mettre fin à la présidence de Abdelaziz Bouteflika. Passons.

 

Absence de structuration autonome.

Par la suite, durant les huit mois de manifestations populaires hebdomadaires, on constate la même efficience dans l’organisation des marches hebdomadaires : absolument pacifiques, avec des slogans principaux semblables sur tout le territoire national, répondant aux événements qui se succédaient. N’ayons pas la naïveté de croire que tout cela fut le résultat uniquement d’un fameux réseau social, comme certains l’affirment, sans preuve vérifiable.

Toutefois, quand des « personnalités » ou des partis politiques tentèrent de prendre la direction de l’intifadha populaire, ou de parler en son nom, ces tentatives échouèrent. Ce refus fut-il un phénomène spontané des manifestants, ou, au contraire, téléguidé ?… Pas de preuve pour répondre de manière sérieuse.

Autre observation : l’intifadha populaire n’a jamais produit par elle-même une auto-organisation sous forme de comités locaux, permettant aux citoyens de se rencontrer, d’échanger leurs opinions, de discuter, de prendre des décisions en ce qui concerne les formes de développement du Mouvement pour concrétiser ses buts… De cette observation, serait-il erroné d’en tirer cette conclusion : que les auteurs occultes du mouvement populaire n’avaient pas intérêt à voir les citoyens prendre en charge eux-mêmes leurs actions ?… Si tel est le cas, alors, le Mouvement populaire non seulement fut mais demeure manipulé. Dans quel but fondamental, servant quels intérêts concrets précis ?

 

Cocktail attrayant.

L’observation des marches hebdomadaires, et celle de certaines interventions sur les réseaux sociaux montre que l’intifadha populaire est l’objet de manipulations diverses, soigneusement occultés aux citoyens ordinaires, parce que le but est d’utiliser le Mouvement populaire uniquement comme masse de manœuvre pour satisfaire des intérêts d’oligarchies existantes ou visant à les remplacer comme oligarchies nouvelles. Examinons un premier cas.

L’auteur de ces lignes a suivi attentivement les interventions sur les réseaux de celui qu’on appellera pour l’instant M. X*. Il y occupe une place non négligeable. Pour deux motifs. D’une part, les critiques de M. X* contre le système social dominant, et son soutien au Mouvement populaire semblent dictés par un légitime et noble souci de démocratie et de sauvegarde de l’indépendance nationale. D’autre part, M. X* joue sur un terrain qui lui est très favorable : son vocabulaire islamiste instrumentalise adroitement la foi religieuse du peuple algérien. En outre, M. X* recourt à une langue arabe qui a l’air moderne, mais dont la substance est semblable aux prêches des idéologues islamistes intégristes. Enfin, les déclarations de M. X* concernant des censures ou tentatives de censure, rendent le personnage plus sympathique et intéressant. Voilà le cocktail qui rend le personnage attrayant, au point de voir son portrait parfois exhibé lors des marches populaires, et proposé sur des réseaux sociaux dans une liste d’éventuels représentants du Mouvement populaire.

 

Principe de précaution.

Mais, si l’on a comme principe de précaution de se poser des questions au sujet des personnages publics, on s’oblige à comprendre le motif réel de leurs déclarations, surtout quand celles-ci ont une certaine influence sur le public, notamment sur les opprimées d’un système social.

Première question. Quelle est la provenance de l’argent de M. X* pour vivre et effectuer ses nombreux voyages à l’étranger ? Car, visiblement, ses vêtements, les lieux d’où il envoie ses vidéos, et les voyages personnels qu’il évoque montrent une aisance certaine. M. X* a-t-il fourni à ses auditeurs des informations à ce sujet ? Personnellement, je ne les ai pas trouvées. S’il ne les a pas fournies, croit-il que ces informations seraient inutiles ?… Cette hypothèse est à écarter, car M. X*, à juste titre, dénonce les personnalités algériennes qui vivent avec de l’argent obtenu de manière illégitime. Dès lors, par cohérence, M. X* ne devrait-il pas, dans son cas personnel, fournir les preuves concrètes de la provenance de l’argent dont il vit ?

Deuxième question. Le recours systématique à la formule « bî idnî Allah » (Selon la volonté de Dieu). Bien entendu, son emploi est légitime et compréhensible de la part d’un musulman, mais l’insistance sur cet emploi oblige à se demander : s’agissant de discours éminemment politique, n’est-ce pas là une manière insidieuse d’introduire l’élément religieux, alors qu’on sait combien il fut funeste dans les années 1980 et par la suite ?… Ce qui porte à vouloir savoir quel fut l’itinéraire politique de M. X* depuis qu’il s’active dans le domaine social. M. X* a évoqué dans ses vidéos la partie formative et officielle, publique, notamment celle qu’il appelle « diplomatique ». Mais, n’a-t-il pas eu d’autres implications, notamment à l’époque où Kasdi Merbah était le chef de la Sécurité Militaire, comme un intervenant vidéo le déclare ?

Troisième question. Une certaine véhémence dans la dénonciation (légitime) des méfaits du pouvoir dominant actuellement en Algérie. Cette véhémence manifeste trop de rhétorique recourant à l’émotionnel. De la part d’une personne se déclarant diplomate, proposant de recourir au raisonnement objectif et pondéré, et assis devant une bibliothèque de livres, cette rhétorique et cette véhémence émotionnelle sont-elles de mise, surtout quand on se rappelle que cette méthode oratoire fut celle, par exemple, d’un Adolf Hitler, lequel en exposa les motifs dans son livre « Mein Kampf » (Mon combat) ?

Quatrième question. M. X* évoqua dans une vidéo ses fréquents voyages en Turquie, en faisant l’éloge des « progrès » économiques et sociaux réalisés dans ce pays… Mais pas un seul mot sur l’oligarchie qui domine le pays, sur l’aspect dictatorial de son président Erdogan, et sur les engagements politiques internes et externes de ce chef d’État… N’est-ce pas curieux quand on entend M. X* pourfendre (à juste titre) l’oligarchie algérienne, sa dictature ainsi que ses actions internes et internationales ?.. Pourquoi ce deux poids deux mesures ?… Qu’en est-il, alors, de l’objectivité et de la cohérence proclamées par M. X*, soulignées, régulièrement par des sourates du Coran ou des préceptes du Prophète de l’Islam ? Ce recours systématique à la religion est-il vraiment innocent, de bonne foi, quand on sait le degré de religiosité du peuple algérien ?

Ces questions imposaient la nécessité de savoir qui est donc, réellement, M. X*.

 

Investigation.

En inscrivant ses nom et prénom sur un moteur de recherche d’internet, on trouve les pages des réseaux sociaux où il intervient, mais, sur Wikipédia, on trouve une biographie, très courte, uniquement en anglais et en arabe. On trouve également un site web de M. X*, visité voici quelques jours. L’on y remarque un article concernant Abdehamid Ben Badis et le slogan « Daoula madaniyâ, machi ‘askariyâ » (État civil et non militaire). Voilà deux thèmes, surtout le second, présents dans l’actuel Mouvement populaire algérien.

Poursuivant la recherche, le hasard fait découvrir que M. X* avait des relations avec la chaîne de télévision « Al Magharibiya », dont on apprend les rapports étroits avec l’ex FIS (Front Islamique du Salut) algérien, et des États du Moyen-Orient.

Des recherches plus approfondis sur internet, et notamment l’écoute de vidéos de divers intervenants algériens, en particulier de l’un d’entre eux (Rafaa156 JZR) fournissent d’autres informations.

M. X* est membre de « Rachad ». Sur Wikipédia, elle se présente ainsi : « Cette organisation œuvre pour que la société algérienne prenne son destin en main et fonder un régime démocratique incluant toutes les sensibilités idéologiques sans exclusion aucune. » Cette déclaration semble tout-à-fait en phase avec l’objectif démocratique de l’actuel mouvement populaire algérien… On lit, cependant, également, que cette organisation « a été fondé en 2007 par un groupe de hauts cadres algériens vivants à l'étranger et n'acceptant point les pratiques tyranniques et criminelles des quelques généraux putschistes et à leur tête le général sanguinaire Khaled Nezzar. » Mais pourquoi ne sont pas évoqués, du même coup, « les pratiques tyranniques et criminelles » des Islamistes en Algérie, avec « à leur tête » des chefs « sanguinaires » ? Encore une fois, n’est-on pas en présence de la tactique de deux poids, deux mesures ?

Pour trouver une réponse à cette question, il faut poursuivre les recherches. À propos de « Rachad » (2), on fait deux découvertes. La première est que l’un de ses membres est M. Mourad Dhina. Il faisait partie de l’ex-FIS, et, en tant que tel, on trouve une vidéo à ce sujet. Interrogé par un journaliste européen, lui demandant ce qu’il pense de l’assassinat par des terroristes islamistes d’intellectuels et journalistes algériens (environ 130) qui s’opposaient au terrorisme islamiste, M. Dhina répondit tranquillement que ces derniers méritaient leur sort, autrement dit si l’on conteste le terrorisme islamiste uniquement par la plume, ce dernier a le droit de punir ses contestataires par la mort.

Seconde découverte : « Rachad » fait partie de l’organisation internationale islamiste « Mou’tamar al oumma » (Congrès de la Oumma). Cette dernière est soutenue par le président turc Erdogan. Ce fait n’éclaire-t-il pas le motif des louanges, ci-dessus évoquées, de M. X* à l’avantage des « progrès » de la Turquie ?

Allons plus loin. Erdogan fait partie de l’organisation des « Frères Musulmans ». Cette dernière fut créée par le MI6, service secret britannique, lequel fut à l’origine de la création de l’oligarchie saoudienne en Arabie. En outre, le président Erdogan, dont le pays a une ambassade de l’État israélien, s’est rendu plus d’une fois en Israël où il a rencontré ses dirigeants, sans se soucier nullement de la tragédie coloniale des musulmans palestiniens. Pourtant, Erdogan se proclame musulman. Est-ce cohérent ?… Ajoutons que la Turquie fait partie du pacte militaire impérialiste dénommé OTAN. Et encore : le président Erdogan a également fourni le soutien logistique aux diverses organisations terroristes qui sont intervenu en Libye, au Irak et en Syrie, avec les résultats connus : la destruction de ces États-nations… Comment, dès lors, expliquer les proclamations de l’organisation algérienne « Rachad » pour la « démocratie », et ses relations avec l’organisation internationaliste islamiste « Mou’tamar al oumma », le président Erdogan et les terroristes islamistes ?… Parce que ces derniers se déclarent des « libérateurs » combattant contre la dictature de Bachar Al Assad, pour installer la chariâ ?… Mais, alors, cette chariâ  n’est-elle pas une forme cléricale de dictature, d’une part, et, d’autre part, comment expliquer les massacres de civils, quelque soit l’âge et le sexe ? Comment expliquer l’intervention de forces étrangères (françaises, anglaises et états-uniennes) en soutien des organisations islamistes combattant en Syrie et en Libye ?

En poursuivant les recherches sur internet, on trouve une vidéo. M. X* y justifie l’intervention des armées néo-colonialistes étrangères, et même celle du sioniste colonialiste Bernard Henry-Levi contre le peuple libyen, avec le prétexte de mettre fin à la dictature et d’apporter la démocratie. En outre, suite à l’agression des armées franco-anglaises contre la Libye, M. X* et d’autres de ses amis débarquèrent dans le pays, alors qu’avait été instaurée la « no fly zone » ? Qui donc les a autorisés à atterrir et pour quel motif ? (3) Enfin, l’on constate le résultat : la destruction de la nation libyenne et sa balkanisation au profit d’organisations terroristes se revendiquant de l’Islam, et de multinationales pompant le pétrole. Et cela en attendant le tour de… l’Algérie, la nation d’origine de M. X*.

Quant à l’ami de M. X*, dans l’organisation islamique « Rachad », M. Mourad Dhina (4), celui-ci, actuellement, dénonce le haut commandement de l’armée algérienne, en précisant que lui, M. Dhina, respecte l’armée en tant que telle. Ainsi, il partage l’opinion du Mouvement populaire proclamant « Djaïch, chaâb, khawâ khawâ » (Armée, peuple, frères). Mais, quelques années auparavant, le même M. Dhina déclara que l’armée algérienne, en tant que telle, considérée dans son ensemble, ne vaut rien, et, pour le démontrer, il la compara à une armée très performante, en donnant un seul exemple, l’armée… d’Israël, l’État colonialiste, affirmant que c’est pour « sa défense ». N’y a-t-il donc pas d’autres armées comme exemples ? Et « défense » d’Israël contre qui ?… Évidemment contre les méchants Palestiniens, car Israël est allié désormais avec les pays prétendument musulmans que sont l’Arabie saoudite, Qatar, les Émirats et la Turquie. Dès lors, peut-on croire à l’affirmation de « Rachad », sur son site, déclarant son auto-financement et son autonomie logistique ?… Ajoutons que le peuple palestinien non seulement combat le colonialisme israélien pour obtenir son droit à une patrie (comme, auparavant, les Algériens, les Vietnamiens et autres peuples), mais ce peuple palestinien est en majorité de religion musulmane. Et M. Dhina proclame fièrement sa foi « musulmane ». Comment, alors, expliquer que celle-ci ne se préoccupe pas des musulmans palestiniens, soumis aux atrocités coloniales israéliennes, mais, au contraire, vante l’armée d’Israël pour sa « défense » ?… Dès lors, serait-ce une diffamation de répondre que l’« Islam » de M. Dhina coïncide avec les intérêts du colonialisme israélien ?… Par conséquent, de quel Islam s’agit-il ? Et quand un tel homme proclame actuellement son « soutien » à l’intifadha populaire algérienne actuelle pour ses droits démocratiques, que faut-il en penser ?

Dernièrement, l’organisation « Rachad », par la voix d’un nouveau et plutôt jeune représentant, habillé à l’occidentale, déclare ne plus se référer à l’idéologie islamiste, mais à la… démocratie. On le comprend : qu’un membre de cette organisation aille dire aux marcheurs hebdomadaires « Dawlâ islâmiyâ, dimocratiyâ kofr » (Etat islamique, démocratie [est un]blasphème ! ), et il constatera la réaction du peuple. C’est que la revendication « démocratique » va dans le sens de l’exigence actuelle du peuple… Mais comment concilier cette proclamation en faveur de la démocratie de la part du représentant de « Rajah », tout en faisant partie du « Mou’tamar al oumma », lequel rejette ouvertement la démocratie ? (5)

 

« Oumma » et nations.

Continuons les investigations. La revendication d’une « oumma » islamique (quelle soit sous forme ottomane ou wahhabite) signifie l’élimination des nations indépendantes. Or cette élimination correspond exactement au plan impérialiste U.S. - et sioniste colonialiste (6) -, formulé dans la doctrine Rumsfeld/Cebrowski… Ainsi, l’oligarchie impérialiste U.S., l’organisation internationale islamiste « Mou’tamar al oumma », donc l’organisation algérienne « Rachad », et les oligarchies islamistes qui visent à dominer (Turque ou wahhabite) ont comme but commun la destruction des États-nations à dominante musulmane, tout au moins ceux allant du Proche-Orient au Maroc. En passant, notons le slogan de la chaîne TV « Al Magharibia » : « « Magharebia sans frontières ». Cela semble, à première vue, un généreux slogan internationaliste. Mais, connaissant la conviction islamiste de cette télévision, de quel type d’ « internationalisme » sinon de « oumma » islamique ?… Donc, plus de nation algérienne, en dépit des combattants morts pour son existence. Dès lors, comment comprendre les proclamations de M. X*, dans ses vidéos, pour la démocratie, ainsi que sa défense de la nation algérienne, et ses dénonciations des accointances des dirigeants actuels algériens avec des puissances étrangères ?

Quelles sont les nations qui ont déjà été détruites ?… L’Irak et la Libye. Quelle nation a subi une invasion (colonialiste israélienne) pour la détruire ?… Le Liban. Après lui, quelle nation a résisté à une tentative de destruction ?… La Syrie… Quel est le point commun entre ces nations ?… De faire partie du front du refus de reconnaissance de l’État colonialiste d’Israël, et de défense des droits légitimes du peuple palestinien… Quelle est l’autre nation qui fait partie du même front ?… L’Algérie, et cela quoiqu’on dise sur les autres aspects de ses dirigeants. Ainsi deviennent claires toutes les tentatives de sa déstabilisation : infiltrations de terroristes masqués en immigrés clandestins, accusation contre l’encadrement de l’ANP en tant que tel et tout entier, sans distinguer entre dirigeants réellement patriotes et ceux qui agissent uniquement pour leurs intérêts de caste, et tentatives d’infiltration et de manipulation de l’actuel Mouvement populaire, par l’intermédiaire de harkis autochtones. Qui sont-ils principalement ?

Concernant la destruction des nations à majorité musulmane du Proche-Orient jusqu’au Maroc, et d’abord celles qui soutiennent la lutte de libération du peuple palestinien, pour les impérialistes U.S., l’intérêt est de mettre la main sur les ressources naturelles et d’installer des bases militaires dans ces pays du sud de la Méditerranée, flanc sud de l’Europe. Tandis que pour les « oummistes » islamistes (d’idéologie ottomane ou wahhabite), le but est de prendre le pouvoir dans une région à constituer en « oumma » (communauté) islamique, donc dictatoriale. Ainsi, le schéma d’alliance entre l’oligarchie U.S. et ses valets d’Arabie saoudite et du Golfe (si pas turcs) s’élargirait à une alliance entre la même oligarchie U.S. et une nouvelle oligarchie vassale désirant gérer cette région à dominante musulmane. Voilà comment une conception de l’Islam, politiquement dévoyée, sert les intérêts d’oligarchies (étrangères alliées aux autochtones) au détriment des peuples musulmans. Les massacres actuels dont ils sont victimes (de la part des terroristes autochtones comme par les bombes des avions occidentaux) ne sont-ils pas une preuve évidente ? Cependant, ces crimes sont travestis en conflits entre sunnites et chiites, de la part des oligarchies turques et moyen-orientales, et, de la part de l’oligarchie états-unienne, anglaise et française, en conflit de la « civilisation », de la « démocratie » et des « droits de l’homme » contre le « terrorisme ».

Est-ce que M. X* a informé ses auditeurs concernant ses relations avec les organisations ci-dessus indiquées ? Comment concilie-t-il leurs orientations idéologiques avec ses appels personnels à la libération du peuple algérien, à la démocratie et à la sauvegarde de la nation algérienne ?

Enfin, dans ses deux dernières vidéos, M. X* déclare que le temps est arrivé pour le Mouvement populaire algérien de se doter de représentants. Ce mouvement populaire gagnerait-il a élire comme représentant un tel homme, ou l’un de ses amis, sachant à présent ses affiliations occultées ?

 

Reconnaître les faux amis.

Quand M. X* se proclame partisan et défenseur de la vérité, ne doit-il pas dire toute la vérité et rien d’autre que la vérité ? Et quand il se présente comme défenseur d’un peuple, en l’occurrence le peuple algérien, ne doit-il pas lui donner toutes les informations indispensables sur son itinéraire politique, afin que ce peuple sache totalement à qui il a affaire ?

Écartons un malentendu. M. X* a le droit, en tant que citoyen, de dire tout ce qu’il veut. Mais, ce droit n’exige-t-il pas le devoir d’informer sur son parcours politique réel et complet ? Adolf Hitler est l’un des plus horribles criminels, mais on doit lui reconnaître d’avoir clairement et publiquement déclaré ses buts dans son ouvrage « Mein Kampf ». M. X*, qui se proclame partisan de la vérité, soucieux de la conscience du peuple, démocrate et défenseur du peuple, ne doit-il pas révéler ouvertement ses affiliations et ses buts réels ?… Qui donc est plus dangereux pour le Mouvement populaire, un Ali Belhadj ou M. X* ?

Combien d’auditeurs des vidéos de M. X* reconnaissent dans le portrait esquissé ici M. Mohamed Larbi Zitout ?… Ne comprend-on pas, alors, combien est très sérieuse la difficulté pour le Mouvement populaire de distinguer qui sont réellement les personnes qui déclarent le défendre, le soutenir et lui fournir des indications d’actions ? Et, cela, afin que le Mouvement populaire ne soit pas manipulé à son insu, et accoucher d’une nouvelle oligarchie, laquelle, malgré les apparences, peut être pire que l’actuelle ?… Car, alors, c’est l’existence même de la nation algérienne qui serait en péril, et c’est l’apparition d’une dictature pire qui risquerait de s’instaurer, parce que cléricale, donc par essence totalitaire, mais du totalitarisme le plus abject, car se légitimant par une volonté divine, selon la formule « bî idnî Allah » (Par la volonté de Dieu). Cette formule est très respectable dans la bouche d’un authentique croyant ; mais, désormais, le peuple algérien sait combien cette formule, prononcée par des opportunistes visant à la conquête du pouvoir étatique dictatorial (car pour eux la démocratie est « kofr », blasphème), lui a coûté de sang et de larmes. Le peuple algérien sait qu’un parti politique ou des intervenants dans les réseaux sociaux peuvent user des règles démocratiques pour éliminer la démocratie ainsi qu’une nation pour établir un empire oligarchique.

En passant, signalons un fait. Lors de la prière collective du vendredi 23 novembre, dans une mosquée d’un quartier populaire d’Oran, un assistant raconta à l’auteur de ces lignes que le thème exposé pendant toute l’heure était celui-ci : le libéralisme est contraire à l’Islam... Que vient faire le libéralisme dans un prêche religieux ? En outre, qui dit « libéralisme » n’entend-il pas « démocratie » ?… La question fut posée à celui qui était présent au prêche : « Est-ce que l’imam a employé le mot « démocratie » ? » - « Non. » Que faut-il en conclure ? Et ce discours de l’imam, qui en est l’instigateur : lui-même, la hiérarchie étatique ou une hiérarchie occulte ? Enfin, les fidèles qui écoutèrent cette négation du « libéralisme » au nom de l’Islam, combien d’entre eux participèrent ensuite à la marche hebdomadaire ? Et, parmi eux, combien ont crié en faveur de la démocratie ?

Comment le Mouvement populaire parviendrait-il à distinguer entre ses amis réels et ses faux amis s’il se cantonne dans ses marches hebdomadaires, sans se structurer, de manière autonome, en comités (ou assemblées) locaux, partout sur le territoire ? N’est-ce pas uniquement ainsi que collectivement, démocratiquement et avec le maximum de précautions, les citoyens pourront examiner, débattre, éclaircir puis élire leurs mandataires pour concrétiser les objectifs légitimes du Mouvement populaire ? Durant les marches hebdomadaires, on assiste souvent à des discussions spontanées pour éclaircir les idées et les actions. Bien que nécessaires et bienvenues, ne doivent-elles pas, en dehors des marches, se compléter par des discussions spécialement organisées à cet effet ?

D’autres aspects de la manipulation du Mouvement populaire seront prochainement exposés.

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(1) Voir « Révolte et révolution : assimiler toute l'histoire passée » in http://kadour-naimi.over-blog.com/2019/11/revolte-et-revolution-assimiler-toute-l-histoire-passee.html

(2) Voir https://www.youtube.com/watch?v=Q3k23lqHnu8

(3) Voir https://www.youtube.com/watch?v=uzG9h-HXt4U

(4) Voir https://www.youtube.com/watch?v=6VazMqyzANw

(5) Voir https://www.youtube.com/watch?v=uzG9h-HXt4U

(6) La précision est nécessaire, car il existe des sionistes non colonialistes, reconnaissant les droits légitimes du peuple palestinien.

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Publié sur

Algérie Patriotique (01.12.2019) et La Tribune Diplomatique Internationale (02.12.2019).

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Rédigé par Kadour Naimi

Publié dans #AUTOGESTION, #PEUPLE-DEMOCRATIE

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Publié le 19 Décembre 2019

« ÉLITES » ET PEUPLE EN ALGERIE : COMPLÉTER L’INACHEVÉ

Suite à la contribution précédente (1), laissons à d’autres l’examen des forces et faiblesses de l’adversaire de l’intifadha (soulèvement) populaire, pour proposer une évaluation des faiblesses de ce dernier, notamment le rôle joué par la majorité absolue des « personnalités », des dirigeants de partis politiques, des « experts », des universitaires, des intervenants avec des vidéos et, d’une manière générale, des détenteurs d’un savoir intellectuel, sans oublier les inspirateurs et animateurs du Mouvement populaire eux-mêmes, quelque soit leur orientation idéologique.

 

L’inachevé.

Écartons un malentendu : indiquer des faiblesses du Mouvement populaire ne vise pas à le décourager, mais, au contraire, à les éliminer pour le renforcer.

Voici l’Algérie dotée d’un Président de la République, tandis que le Mouvement populaire ne dispose pas de représentants légitimes, et cela au dixième mois de son existence. Voici, à Oran, des manifestants pacifiques matraqués par d’ « étranges » policiers, tandis que les participants du Mouvement populaire en restent stupéfaits et désemparés, ne se proposant pas autre chose qu’une marche protestataire de solidarité. Et voici la majorité des intervenants à propos du Mouvement populaire encore demander, suggérer, conseiller de persévérer uniquement dans les marches hebdomadaires, et de les « renforcer », sans aucun besoin de se doter de manière autonome d’une structuration de base, territoriale, allant de comités (assemblées) de quartier jusqu’à un comité (assemblée) national.

Les motifs avancés de ce déni sont connus : infiltrations, manipulations, division, récupérations, arrestations, d’une part (2) ; d’autre part, est formulé l’espoir que des éléments réellement honnêtes et patriotiques de l’armée interviennent pour satisfaire les revendications du Mouvement populaire. Autrement dit, le salut ne peut venir que d’en « Haut », d’une « élite » et, encore une fois, principalement de l’armée, tout en proclamant « État civil et non militaire ». Quant au peuple, il n’a qu’à continuer ses manifestations hebdomadaires jusqu’à l’intervention de représentants de « élite » qui, seule, est capable d’opérer le changement social voulu par le Mouvement populaire.

Voici ce qu’enseigne l’histoire de tous les mouvements populaires dans le monde, jusqu’à aujourd’hui. Un mouvement populaire non doté de sa propre organisation autonome n’a jamais obtenu la concrétisation de ses revendications fondamentales. Dans le meilleur des cas, il accouche d’une « élite » permettant l’instauration d’un nouveau régime étatique ; cependant, ce dernier ne répond pas aux revendications fondamentales du mouvement populaire, mais d’abord aux intérêts de la caste élitaire dont les nouveaux détenteurs de l’État sont les fonctionnaires et représentants. Qu’on l’admette ou pas, c’est la règle logique du fonctionnement social, partout et toujours… Le Mouvement populaire algérien pourrait-il être l’exception ?… À son dixième mois d’existence, certains osent même déclarer que ce mouvement est plus fort qu’auparavant ! Mais ils ne disent pas quelles en sont les preuves concrètes vérifiables et convaincantes. Une simple écoute de citoyens montre des signes de désillusion, de découragement. Ajoutons la dernière carte jouée par les autorités étatiques : le dialogue que le nouveau Président propose au Mouvement populaire, lequel, encore une fois, n’a pas de représentants authentiques.

Un ami m’a résumé l’histoire algérienne récente par ce mot « inachevé ». La guerre pour l’indépendance produisit la Déclaration du 1er Novembre puis la Charte de la Soummam, mais leurs objectifs restèrent inachevés. Tout ce que les régimes issus de l’indépendance ont accompli, dans tous les domaines, se caractérise par l’inachevé (quand pas par la régression). Et voici un Mouvement populaire qui, à son dixième mois, en reste à des revendications inachevées. En dépit de cela, des voix affirment que le Mouvement populaire ne s’usera pas, tout en reconnaissant que le nouveau Président s’efforcera de trouver les moyens de gagner l’adhésion du peuple. En effet, son premier discours le prouve, et l’on constate les premiers effets : un début de division du peuple entre partisans et hostiles au dialogue, ce qui affaiblit le Mouvement contestataire.

 

Responsabilités.

Le fait que le peuple algérien, à l’unique exception de la période de l’autogestion agricole et industrielle (soigneusement occultée par la majorité des «élites » nationales), ne s’est jamais doté d’une organisation autonome (3), peut-on en rendre responsable uniquement les oligarchies dominantes ? Ce serait stupide car une oligarchie, par nature, ne peut pas assumer un autre rôle que le sien : dominer le peuple en lui interdisant de se doter de sa propre organisation autonome.

Dès lors, qui est responsable de ce manque d’organisation autonome du peuple ?… N’est-ce pas les diverses formes d’élite algérienne ? En effet, n’ont-elles pas toujours et systématiquement fait croire au peuple qu’il ne peut être sauvé que par une élite, selon l’idéologie pratiquée : islamiste (les prétendus représentants de la volonté d’Allah), marxiste (le « Parti d’Avant-Garde »), « libérale » (la « élus » par la « démocratie » capitaliste) ?… Dès lors, faut-il s’étonner que ces diverses élites continuent à dissuader le Mouvement populaire de se doter de sa propre organisation autonome, en invoquant des arguments qui ont, jusqu’à aujourd’hui, montré leur inconsistance pratique ?

Question subsidiaire : peut-on attendre des représentants d’une élite de parler et d’agir autrement que comme élite, à savoir : « Peuple, tu es incapable de te prendre en charge ! Tu ne peux être sauvé que par une élite ! » ?… N’est-ce pas là l’explication de la solitude du peuple en matière de programme et de structure propres ? En effet, d’un coté l’oligarchie dominante et, de l’autre, les diverses formes d’ « élite » conditionnent le peuple à ne croire qu’en ces deux entités comme solutions de ses problèmes, le réduisant à une simple masse de manœuvre pour satisfaire l’intérêt d’une part de l’oligarchie, et, d’autre part, de la caste élitaire, intérêt présenté comme celui du peuple.

 

Social-fiction.

Imaginons qu’avant ou dès le surgissement du Mouvement populaire, les membres de l’élite auraient mis l’accent sur la nécessité des participants au Mouvement de se doter d’une organisation autonome afin de dégager un programme commun (en sachant dépasser leurs divergences idéologiques) et d’élire des représentants légitimes sur mandat impératif (lequel écarte toute possibilité d’infiltration, de manipulation et de trahison), est-ce que ce Mouvement populaire en serait encore, au dixième mois, à ce qu’il est actuellement ? C’est-à-dire à lutter contre les désillusions, les découragements, les premiers signes de remise en question et d’éloignement de « leaders spontanés » du Mouvement, et, enfin, d’apparition d’une partie des participants aux marches qui sont favorables au « dialogue » proposé ?

Alors, certains demandent au Mouvement populaire de continuer ses promenades hebdomadaires pour encore « augmenter la pression » jusqu’à ce que le « régime » cède. D’autres proposent de la désobéissance civile et des grèves paralysantes, sans estimer que ce genre d’actions exige une structuration solide. D’autres encore proposent comme représentants du Mouvement populaires des « personnalités » emprisonnées, sans se soucier que ce mode de nomination n’a rien de démocratique. Mais très peu (4) estiment que le temps est venu pour les participants au Mouvement populaire de se doter d’une structure territoriale constituée par des comités (assemblées) de quartier pour discuter et décider démocratiquement d’un programme commun, et élire des représentants légitimes sur mandat impératif.

L’auteur de ces lignes fait confiance dans les capacités du peuple à s’organiser de manière autonome et démocratique, à condition d’y porter la contribution (et non la direction) des personnes compétentes en la matière, lesquelles se trouvent au sein du peuple.

Quand aux membres des diverses élites qui n’y croient pas, la question à poser est la suivante, sans aucun but polémique mais uniquement pour comprendre : malgré vos connaissances, ignorez-vous les leçons de l’histoire sociale, non pas celle des vainqueurs mais des vaincus, et, parmi ces derniers, non pas l’histoire dominante mais celle occultée ? Cette ignorance a-t-elle comme cause votre conditionnement-aliénation, conscient ou inconscient, par des privilèges d’élite ? Ce comportement n’influe-t-il pas négativement sur votre appréciation concernant le Mouvement populaire ? Ce dernier ne doit-il pas en prendre clairement conscience, et, donc, agir en conséquence, autrement dit compte sur ses propres forces (en y incluant vos contributions dans ce sens) et s’auto-structurer territorialement ? N’est-ce pas l’unique manière pour ne pas rester à l’inachevé ? (5)

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(1) http://kadour-naimi.over-blog.com/2019/12/les-conditions-pour-une-victoire-u-mouvement-populaire-algerien.html

(2) La réfutation de ces arguments se trouve dans diverses précédentes contributions. Voir http://kadour-naimi.over-blog.com/

(3) Les syndicats concerne uniquement les travailleurs.

(4) Voir des commentaires de quelques facebookeurs et « L’idée n’est pas rejetée à Constantine : Vers une structuration du mouvement populaire », https://www.elwatan.com/edition/actualite/lidee-nest-pas-rejetee-a-constantine-vers-une-structuration-du-mouvement-populaire-15-12-2019

(5) La prochaine contribution examinera la problématique de la structuration effective du Mouvement populaire.

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Publié sur Algérie Patriotique (18.12.2019) et La Tribune Diplomatique Internationale  (18.12.2019).

 

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Rédigé par Kadour Naimi

Publié dans #AUTOGESTION, #PEUPLE-DEMOCRATIE

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