Publié le 28 Juin 2018

Contre l’idéologie harkie, pour la culture libre et solidaire - 15. Les leçons données par la Corée du Nord et par la Syrie

Le régime existant dans la République Populaire de Corée du nord a toutes les carences que l’on déplore du point de vue interne. Cependant…

Contrairement au régime prétendument “soviétique” russe et au régime maoïste, les dirigeants nord-coréens n’ont pas, du moins jusqu’à présent, renoncé au “socialisme” (entendons capitalisme d’État) pour embrasser le capitalisme. Cuba n’y est pas encore, mais elle semble sur le chemin.

Contrairement au régime de Saddam Hussein, qui avait, dans un premier temps, « coopéré » avec les dirigeants des États-Unis, en croyant à un bon compromis, les dirigeants nord-coréens n’ont jamais eu cette illusion.

Contrairement au régime de Mouammar Al Kadhafi, les dirigeants nord-coréens n’ont pas cherché des compromis qui se sont révélés des compromissions avec l’oligarchie hégémonique capitaliste-impérialise mondiale états-unienne et européenne, notamment française (soutien financier à la campagne électorale de Sarkozy).

Contrairement au régime existant en Iran, les dirigeants nord-coréens n’ont pas accepté de compromis en renonçant à se doter de l’arme nucléaire.

Et tout cela, malgré les sanctions économiques de la soit disant « communauté internationale » (entendons les oligarchies impérialistes), et malgré les menaces de l’oligarchie impérialiste hégémonique états-unienne.

Seuls, quelques rares dirigeants de quelques rares nations ne sont pas tombés dans l’illusion de pouvoir faire des « compromis », - en fait, des compromissions -, avec l’oligarchie impérialiste états-unienne : Hugo Chavez, auparavant, et, à présent, les dirigeants syriens. Certes, on peut et doit émettre des réserves sérieuses sur leur politique intérieure, mais celle extérieure est à évaluer correctement : ces dirigeants ne se sont pas laissés dominer, ni ont établi des compromissions avec l’oligarchie impérialiste états-unienne ou européenne. Cet aspect n’est pas négligeable.

Revenons aux dirigeants nord-coréens. Presque tous les “experts” les taxaient, dans le domaine des relations internationales, de “rêveurs” “fanatiques”, “illogiques”, « fauteurs de guerre », « menaces pour la paix mondiale », « fous », etc., etc. Tandis que l’actuel président des États-Unis stigmatisait l’État nord-coréen de « rogue state » (État voyou), selon l’expression que d’autres présidents, avant lui, avaient employée, et ses généraux menaçaient cette nation nord-coréenne de la réduire en poussière par une attaque nucléaire, comme, auparavant, ils avaient déjà menacé le Nord-Vietnam de le faire « retourner à l’âge de pierre ».

Et voilà qu’un an après, le même président états-unien est allé rencontrer le chef du régime de Corée du Nord, et a accepté de signer avec lui un accord « donnant donnant », comme on dit, réellement donnant-donnant, où chacune des parties trouve son intérêt. En tout cas, c’est ce qui semble se dégager au-delà du vague concernant les actes à concrétiser réellement. Ce qui est certain c’est que le président nord-coréen ne s’est pas agenouillé ni compromis devant le rapace président impérialiste.

Que tirer de cet événement, hors du commun, qu’aucun « expert » mondial médiatisé n’a prévu, pas même quelques semaines à l’avance ?

Une banale mais fondamentale leçon. Que la force de l’adversaire, dans ce cas l’impérialisme hégémonique états-unien (1), ne peut être affrontée et neutraliser, sinon vaincue, que par la force. Cette force même que l’adversaire impérialiste emploie pour imposer sa domination. Dans ce cas précis, il s’agit de la force nucléaire. C’est ce que les dirigeants nord-coréens ont parfaitement compris et pratiqué.

D’où leur est venue cette démarche stratégique ?… Voici une hypothèse. L’origine de cette position stratégique fut le résultat d’une connaissance concrète de l’histoire des relations entre dominateurs et dominés (ou en risque de l’être) : à savoir, à la force matérielle du dominateur impérialiste, seule une force dissuasive peut garantir l’existence. Certes, les Nord-Coréens possèdent peu de force nucléaire par rapport aux États-Unis, cependant assez pour rendre la victoire militaire de l’impérialisme états-unien impossible, parce que cet ennemi subirait des destructions assez consistantes. La guerre est entreprise uniquement quand l’agresseur croit en une victoire.

Ajoutons que cette connaissance stratégique de la base déterminante qui régit les relations internationales avec l’impérialisme a une autre cause, toute coréenne. Ce fut la guerre populaire entreprise en Corée contre (déjà) l’agression impérialiste états-unienne dans le pays. Elle se termina par la division de la nation coréenne en un nord anti-impérialiste (ne considérons pas l’aspect intérieur) et un sud soumis à l’occupation militaire impérialiste états-unienne, sous prétexte d’en garantir la « sécurité » contre une invasion « communiste ». En outre, il faut ignorer l’histoire du peuple coréen, non seulement récente, mais également antique, pour ne pas tenir compte de l’importance et de la force de son sens patriotique. Les dirigeants nord-coréens en sont parfaitement conscients, et emploient positivement ce facteur, tout comme Staline a su recourir au sens patriotique russe pour vaincre l’envahisseur nazi.

Voilà donc la leçon donnée par les dirigeants nord-coréens au monde, à ses dominateurs comme aux nations menacées d’être dominées par l’impérialisme. Cette leçon est, d’une part fondamentale, concernant la manière d’appréhender les relations internationales à l’époque des impérialismes. D’autre part, cette leçon est d’une banalité extrême, à qui est familier de l’histoire humaine ; il suffit de lire le grec antique Thucydide, ou le chinois antique Sun Tze, pour ne pas évoquer les guerres de libération nationale, partout et toujours sur cette planète. Toujours, la force a primé le droit, force matérielle des armes, conjuguée à la force psychologique du peuple.

Ceci étant dit, n’oublions pas l’autre leçon donnée aux peuples victimes ou risquant d’être victimes d’un impérialisme : celle du peuple vietnamien. Il n’avait pas la force nucléaire, il n’avait pas non plus l’armada militaire états-unienne, mais il avait la force de l’intelligence créatrice. Elle lui a permis de vaincre militairement, d’abord le colonialisme français, ensuite l’impérialisme états-uniens. Comment ?… En sachant combiner correctement la force du peuple et la force militaire, la première étant considérée comme facteur décisive. Le général Nguyen Giap l’explique très clairement (2).

N’oublions pas, non plus, la leçon donnée actuellement par les dirigeants syriens. Ils ont su résister à la double agression impérialiste états-unienne et française, sans oublier l’anglaise, complétée par les interventions de l’armée israélienne, par des bombardements et des « experts » militaires sur le terrain. Leur faillite est telle que les agresseurs états-uniens et français ont été contraints de recourir à des « forces spéciales » qui ont envahi le territoire, vue la défaite de leurs marionnettes harkis « islamistes », « libres », etc. Le président Assad a expliqué la capacité de résistance victorieuse de son régime non seulement par une politique internationale (alliance avec la Russie et la Chine, soutien du Hezbollah libanais et de l’Iran), mais également par une politique interne : existence d’une armée et d’un peuple où prévalent le sentiment patriotique. Nous en sommes à plus de 350.000 morts, mais la Syrie résiste encore, victorieusement. Oui, le président Assad a reconnu l’importance du facteur « peuple » dans la résistance aux agressions impérialistes. En effet, et a contrario, les défaites des régimes irakien puis libyen ont eu pour cause, non seulement un manque d’alliances internationales conséquentes, mais, aussi, une absence du lien indispensable du régime et de son armée avec leurs peuples respectifs.

Parmi les nations actuelles, menacées d’agression impérialiste, combien de dirigeants sauront apprendre de ces leçons : d’une part, celle, négative, des dirigeants irakiens et libyens ; et, d’autre part, celle positive, des dirigeants nord-coréens, comme, avant eux, des dirigeants vietnamiens, et, à présent, des dirigeants syriens ? Lesquelles leçons démontrent clairement ceci : l’impérialisme ne connaît que le langage de la force, d’une part ; d’autre part, il n’a pas d’ « amis » ni d’ « alliés », mais d’abord des intérêts économiques oligarchiques à défendre. C’est uniquement la reconnaissance de la priorité de ces derniers qui porte les oligarchies impérialistes à considérer d’autres comme « amis » et comme « alliés », autrement dit comme comme des subalternes. L’actuel président des États-Unis, plus que les précédents, a la caractéristique de mettre ce fait en évidence, dans son comportement avec ses « alliés » européens (impositions douanières) et « monarchies arabes » (elles doivent donner plus d’argent aux États-Unis).

Pour en arriver à l’Algérie, certes, l’armée est puissante. Cependant, celles irakienne et libyenne l’étaient aussi ; ajoutons que l’Algérie ne possède pas l’arsenal nucléaire nord-coréen. Il reste à savoir quelle est la force des alliances de l’Algérie avec la Russie et la Chine, et, surtout, avec le peuple algérien lui-même. On lit que ce peuple et son armée seront en mesure de repousser toute agression impérialiste et de ses marionnettes, quelque soit leur tendance (intégriste ou séparatiste). On lit que le peuple algérien est assez patriote pour ne pas transiger si sa patrie est menacée par une quelconque agression étrangère, et qu’il fera corps unique avec son armée.

Cependant, les problèmes dont pâtit ce peuple de la part du régime en place ne créent-ils pas un doute à ce sujet ?… Espérons que le peuple algérien est donc assez sage, dans toutes ses régions, pour considérer les problèmes internes comme secondaires par rapport à une agression étrangère. Cela signifie que les problèmes internes du peuple algérien doivent être réglés par lui-même uniquement, sans intervention étrangère et ses harkis. Désormais, on a suffisamment constaté en quoi consiste l’intervention étrangère « humanitaire », pour porter, avec l’aide de ses harkis autochtones, la « démocratie », la « liberté, le « progrès », le « bien-être », etc. Nous l’avons constaté de la part de l’oligarchie états-unienne, partout dans le monde ; de la part des oligarchies européennes, notamment française, en Afrique et au Moyen-Orient ; de la part de l’oligarchie israélienne, au Liban, au Kurdistan et dans le territoire reconnu comme devant être légalement celui du peuple palestinien.

Cependant, l’histoire des nations enseigne : espérer affronter victorieusement une agression étrangère ne suffit pas, il faut mieux : en alliance avec des nations amies et puissantes, préparer le peuple à affronter victorieusement toute menace contre sa patrie, en union avec des forces militaires et des dirigeants politiques capables, tous ensemble soutenus par un sentiment patriotique solide (3). Le principe de Ho Chi Minh reste encore valable : « Rien n’est plus précieux que l’indépendance et la liberté ». En effet, la liberté (dans la solidarité) est fondamentale, mais elle passe par l’indépendance nationale, défendue par le peuple et son armée, soutenue par la solidarité internationale de toutes les forces opposées à toute forme de domination impériale ou néo-coloniale.

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(1) Outre à l’arsenal nucléaire en continuel augmentation, voir l’article de Claude Angeli, « Prolifération méconnue des bases militaires US. Des forces spéciales à l’œuvre dans 90 pays et 800 implantations de par le monde : l’Amérique impériale n’est pas née sous Donald Trump », Le Canard enchaîné, 13 juin 2018.

(2) Voir mon essai « La guerre, pourquoi ? La paix, comment ?... », le point « Suprématie matérielle et mépris de l’adversaire en tant qu’humain », librement disponible ici : http://www.kadour-naimi.com/f_sociologie_ecrits.html

(3) Là est le motif de la longue contribution contre l’idéologie harkie.

 

Publié Le Matin d'Algérie, le 20 juin 2018, et sur Algérie Patriotique, le 21 juin 2018.

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Rédigé par Kadour Naimi

Publié dans #EDUCATION-CULTURE

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Publié le 21 Juin 2018

Contre l’idéologie harkie, pour une culture libre et solidaire - 14. Les harkis dans l’économie.

Dans la toute première partie de cette étude fut affirmée la constatation d’un lien d’interdépendance entre activité culturelle, politique et économique, et le fait que cette dernière, en fin de compte, détermine, conditionne et explique les deux premières. Quelle que soit la manière dont on examine une société quelconque, l’observation objective, sans lunettes idéologiques, montre que toute société humaine a comme enjeu fondamental le contrôle du pouvoir de l’Etat, parce qu’il est l’instrument principal par lequel s’affrontent les minorités oligarchiques dominantes-exploiteuses et les peuples dominés-exploités. Même dans les pays dits «libéraux», les thuriféraires du non-Etat ou du moins-Etat possible recourent toujours à ce dernier, quand il sert leurs intérêts. Exemple significatif entre tous : quand les banquiers font de «bonnes» affaires (entendez des profits), ils sont partagés uniquement entre les actionnaires privés, mais si une banque privée fait faillite et qu’elle est assez grosse, les dégâts sont payés par… l’Etat, autrement dit l’argent des citoyens, plus exactement la plus-value extraite de leur force de travail.

Ceci étant précisé, en Algérie, qui sont les harkis dans le domaine économique ?… Eh bien, simplement, tous les agents, algériens ou d’origine, dont l’activité consiste à contrecarrer la capacité productive algérienne au profit d’entreprises capitalistes étrangères, lesquelles «paient» convenablement les services rendus par leurs harkis.

Pour y parvenir, ces derniers font tout pour causer des obstacles dans les entreprises algériennes étatiques afin d’en réduire les performances. Ainsi, ils justifient la vente de ces entreprises à des privés étrangers : des Occidentaux ou des Moyen-Orientaux, notamment le Qatar. Ces harkis économiques parviennent même à vendre à ces privés étrangers des entreprises qui ont une activité économique positive, telle par exemple la SNTA (Société nationale des tabacs et allumettes). Quant à l’entreprise stratégique du pays, Sonatrach, la presse actuelle expose les faits concernant les tentatives de la brader aux multinationales étatsuniennes(1). Enfin, concernant la politique de privatisation d’une manière générale, là aussi, la presse signale les méfaits(2).

Dernièrement, on a constaté la tentative de faire renoncer l’Algérie au principe 51/49, à savoir la détention de la majorité par l’Etat, afin de maintenir un contrôle administratif sur l’entreprise. Une levée de boucliers au sein de l’oligarchie dominante algérienne a fait renoncer à ce bradage(3). Cependant, les forces qui ont intérêt à le concrétiser continuent leur action(4).

Pourquoi ces agents se comportent en harkis au service d’entreprises étrangères ?… Simplement parce qu’ils y trouvent leur profit financier, fourni par les dirigeants des entreprises étrangères. Notons qu’il s’agit de «miettes» par rapport aux profits engrangés par les entreprises étrangères ; cependant, ces «miettes» sont suffisamment rémunératrices aux harkis économiques. Elles consistent principalement en «pots-de-vin», fournis dans des comptes off-shore, lesquels permettent l’achat de biens immobiliers ou de créer des entreprises. La presse les signale régulièrement.

Par contre, les entreprises de Chine et de Russie se distinguent par un comportement moins rapace : contrairement aux entreprises occidentales et moyen-orientales, elles ont plus de respect des règles du jeu et tiennent un meilleur compte du secteur étatique algérien(5).

Notons également un autre fait. Un patron capitaliste privé, qui se distingue par une réelle volonté d’investissement économique dans le pays, rencontre des difficultés administratives : Issad Rebrab. Curieux, n’est-ce pas ?

Encore un autre fait. Le chef d’une association de patrons, Ali Haddad, a montré des velléités dans le domaine politique. Etrange ?… Pas du tout. En Amérique latine, la mode est aux chefs d’entreprises de se faire élire comme chef d’Etat, selon le principe : on est mieux servi que par soi-même. L’un d’eux fut le dirigeant de Coca-Cola au Mexique, Vicente Fox, Président de 2000 à 2006(6). Il ne serait donc pas surprenant de voir, en Algérie, un certain type de patrons privés viser la conquête du pouvoir politique. Ainsi, ils se serviront directement, sans passer par des harkis administratifs intermédiaires. Et, vu leur profil de «carrière», il est très probable que ces patrons privés, devenus maîtres directs du pouvoir étatique, ne tireront pas leur profit d’un développement autonome de l’Algérie, mais de sa subordination aux multinationales impérialistes. Voilà encore une mentalité harkie à reconnaître. Ce genre d’individus semblent avoir le vent étatique en poupe : preuve en est, le comportement de l’Etat envers Ali Haddad, contrairement à Issad Rebrab.

Encore ceci. Tous les services publics, notamment éducation et santé, ont subi et continuent à subir une dégradation. Elle est programmée, car, connaissant les règles du système politique dominant dans le pays, il est impossible de croire à la thèse de l’«incompétence» des dirigeants de ces secteurs pour la simple raison que ces dirigeants sont, au contraire, très compétents dans la politique menant à la privatisation, laquelle leur fournit, sinon est susceptible de leur fournir des profits financiers personnels. Cette politique économique d’une caste capitaliste privée, mais «compradore», autrement dit harkie, au service d’entreprises étrangères est favorisée par une partie consistante, bien que non encore totalement hégémonique, parmi les gérants administratifs du pays. Nous avons cité Ali Haddad et Issad Rebrab. D’où les contradictions, hésitations, conflits et changements de décisions au niveau étatique. En fin de compte, les disparités de classes sociales augmentent en Algérie au profit d’une minorité et au détriment de la majorité(7).

Ecartons un malentendu. Ces observations ne tendent pas à faire croire que le secteur étatique profite directement et pleinement au peuple algérien(8). Voici la réalité : bien que le secteur étatique soit tenu et profite d’abord aux membres de l’oligarchie régnante, la transformation des entreprises sous contrôle étatique en une gestion privée aggravera certainement : 1) l’exploitation de la main-d’œuvre locale ; 2) celle des ressources naturelles au profit des nouveaux propriétaires privés étrangers ; 3) empêchera ou fera régresser la possibilité de l’Algérie en matière de développement économique autonome.

Bien entendu, les agents harkis algériens ou d’origine masquent leurs activités et projets sous le plus flatteur des motifs : contribuer au «progrès» économique de l’Algérie(9).

Il est incontestable que le secteur étatique, dit «national», depuis sa création après l’indépendance, a profité essentiellement et principalement à l’oligarchie contrôlant l’Etat (et ses partisans), le peuple se voyant concédé que l’indispensable en matière d’«amortisseur social» pour éviter sa révolte. Il est également incontestable que la seule expérience où le peuple prit le contrôle direct de la production, pour servir ses intérêts propres, cette expérience fut très vite éliminée : à savoir l’autogestion industrielle et agricole(10), au profit d’un capitalisme d’Etat, présenté comme «socialisme», et défendu comme tel par un parti d’«opposition critique», se réclamant du «socialisme marxiste». Il est encore incontestable qu’actuellement, si des entreprises nationales, même très petites, du genre moulin de blé ou briqueterie, manquent d’efficacité économique, suite à une gestion volontairement – soulignons l’adverbe – défaillante de leurs dirigeants, le Premier ministre Ahmed Ouyahia ne trouve pas d’autre solution que d’opter pour la privatisation de ces entreprises, au lieu de les confier à une gestion directe par les travailleurs. Alors que l’autogestion industrielle et agricole postindépendance, par les travailleurs eux-mêmes, avait fourni de bons résultats !

Certains dirigeants politiques de l’opposition ne cessent d’avertir sur ces agents algériens ou d’origine qui assument le rôle de harkis afin de livrer l’économie algérienne à des multinationales occidentales ou moyen-orientales, dont on connaît la rapacité exploiteuse. Le plus redoutable est que celle-ci est défendue et soutenue par un système militaro-industriel pour lequel toute opposition à l’hégémonie économique doit être sanctionnée par l’agression militaire. Et, pour légitimer celle-ci, quoi de mieux que prétendre lutter contre le «terrorisme», puisque le prétexte «communiste» n’existe plus ?

Ajoutons à ces faits un autre : les actions répressives de l’Etat contre les syndicats autonomes, uniques représentants authentiques des intérêts des travailleurs, au profit de syndicats harkis (11). C’est là une politique étatique qui encourage objectivement l’action harkie au détriment d’une économie algérienne au service réel du peuple.

Un autre fait d’action harkie est à signaler. Ses agents sont certains dirigeants actuels de l’Etat. En effet, le projet de loi sur le code du travail a tout l’air d’avoir été rédigé par des harkis au service du patronat privé. Ce code «confirme la régression en matière de protection des travailleurs et des libertés syndicales»(12).

Pour neutraliser les harkis dans le domaine économique, les appels aux gérants de l’Etat ne donnent visiblement pas les résultats escomptés. Par conséquent, le moyen le plus efficace n’est-il pas de convaincre les travailleurs à créer le maximum de syndicats libres et solidaires, et à établir le maximum de solidarité entre eux ? En effet, ne sont-ils pas les premiers intéressés par une économie algérienne autonome, capable de nourrir dignement le peuple ? Certes, cette solution est la plus difficile, mais ne dit-on pas : aux grands maux, les grands remèdes ? à suivre.

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(1) Voir entre autres http://www.elwatan.com/edito/la-dignite-bafouee-09-06-2018-369818_171.php

(2) Voir http://www.algeria-watch.org/fr/article/eco/privatisations/bradage_temmar.htm

(3) Voir Saïd Rabia, «Politique des privatisations : les preuves irréfutables du bradage de Temmar», http://www.algeria-watch.org/fr/article/eco/privatisations/bradage_temmar.htm

(4) On lit : «La déstabilisation de Sonatrach, société étatique faut-il le rappeler, devient dès lors un mantra pour ces ennemis de l’Algérie. Lui créer des problèmes à l’interne pour l’empêcher de s’employer sur les gisements du bassin de Touadeni (à cheval entre la Mauritanie, l’Algérie et le Mali) et créer une zone d’instabilité relèvent du plan de déstabilisation. L’instabilité chronique dans la région remet en question le tracé des pipelines et une politique néocoloniale, visant à privilégier les sociétés étrangères, neutralise la profondeur stratégique de Sonatrach et ses projets de forage et de développement.» Al-Hanif, https://www.algeriepatriotique.com/2018/04/27/lobsession-algerienne-de-labominable-beau/

(5) Voilà le motif des critiques de l’Union européenne à la politique algérienne, «coupable» de ne pas se réduire à jouer au harki en faveur des oligarchies économiques européennes. Voir Sadek Sahraoui, «Le culot européen», https://www.algeriepatriotique.com/2018/04/27/culot-europeen/ et Ali Titouche, «Les non-dits d’une mésentente commerciale», http://www.algeria-watch.org/fr/article/pol/dz_ue/non_dits_mesentente.htm, https://www.algeriepatriotique.com/2018/04/30/djellab-repond-a-ue/ et https://www.algeriepatriotique.com/2018/05/02/lalgerie-mise-chine-diversification-de-exportations/

(6) Voir Miguel Serna : «Les patrons latino-américains prennent le pouvoir», Le Monde Diplomatique, mai 2018, https://www.monde-diplomatique.fr/2018/05/SERNA/58620

(7) Dans ce processus, également, l’occultation et le dénigrement de la guerre de libération nationale, notamment de ses objectifs de démocratie sociale, favorise la domination oligarchique économique plus pesante sur le peuple.

(8) Voir Rabah Reghis : «UGTA : de quelle souveraineté économique parle-t-on ?»

http://www.lematindalgerie.com/ugta-de-quelle-souverainete-economique-parle-t

(9) Cependant, l’un d’entre eux, Chakib Khelil, pour assurer ce «progrès», rend visite à certaines «zaouïas» qui lui fournissent une certaine «légitimité». Les administrateurs coloniaux français employaient la même méthode pour légitimer leur présence «bienfaitrice» en Algérie : voir par exemple http://www.lematindalgerie.com/les-zaouias-appellent-lenrolement-des-algeriens-sous-le-drapeau-francais. Nous avons dit «certaines» zaouïas ; d’autres eurent l’honneur dans le passé et ont l’honneur aujourd’hui de ne pas jouer ce rôle de supplétif. Cet ex-ministre de l’Energie, pourquoi ne reprend-il pas sa légitimité en démontrant l’infondé des accusations contre lui, formulées par un tribunal italien à Milan, concernant des malversations financières durant son exercice ministériel ? Le rôle de Chakib Khelil comme harki économique est clairement exposé et analysé par Hocine-Nasser Bouabsa in https://www.algeriepatriotique.com/2018/06/04/contribution-sonatrach-20-ans-denfumage-dapproximatif-de-bricolage-i/

(10) Voir http://www.lematindz.net/news/23652-belle-comme-un-comite-dautogestion.html, http://www.lematindalgerie.com/retour-vers-le-futur et http://www.lematindalgerie.com/questions-sur-lautogestion-en-algerie-et-dans-le-monde

(11) Voir http://www.algeria-watch.org/fr/article/pol/syndicat/syndicats_interdits_dexercer.htm  et http://www.elwatan.com//une/l-activite-syndicale-frappee-d-interdits-29-04-2018-367181_108.php

(12) Voir Salima Tlemçani, http://www.elwatan.com//une/menace-sur-les-acquis-sociaux-30-04-2018-367233_108.php

Publié dans Algérie Patriotique le 10 juin 2018, et Le Matin d'Algérie, le 12 juin 2018.

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Rédigé par Kadour Naimi

Publié dans #EDUCATION-CULTURE

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Publié le 14 Juin 2018

Contre l’idéologie harkie, pour la culture libre et solidaire 13. Les harkis politiques

Après avoir examiné précédemment les harkis « intellectuels » dans le domaine culturel, intéressons-nous, maintenant, aux harkis dans le champ politique.

Pour connaître leur identité, dans l’Algérie actuelle, il faut découvrir quelles sont les forces intérieures et extérieures qui dominent ou visent à dominer-exploiter le peuple algérien, ses ressources naturelles et son territoire. En outre, il est nécessaire de détecter quelles forces sont les plus puissantes : intérieures ou extérieures. Ce sont ces dernières, si l’on tient compte du seul aspect de la puissance matérielle militaire (et non de la dimension politique représentée par le peuple en armes). On trouve, alors, l’hégémonie de l’oligarchie états-unienne, et de ses satellites-vassaux. Ils sont de trois types : européens, israéliens colonialistes et arabes féodaux totalitaires (Arabie Saoudite, Émirats, Jordanie, Maroc). Ces pays ont chacun, à l’exception des deux derniers, l’argent suffisant pour en faire le nerf de leur guerre d’agression, de manière directe ou indirecte. Celle-ci s’est traduite, en Algérie, par le financement de deux genres d’organisations.

Avant de continuer, évitons deux malentendus.

Le premier. En Algérie, comme ailleurs, des problèmes sociaux existent, manifestés par des injustices inacceptables. Mais cela justifie-t-il de s’allier, ou, plus exactement, de se faire l’agent d’une puissance étrangère pour les résoudre, en sachant que l’on dépend et dépendra toujours de cette dernière ? En effet, elle agit d’abord et avant tout pour servir ses intérêts spécifiques. Un exemple suffit : la puissance britannique a « aidé » le mouvement saoudite pour conquérir le pouvoir en Arabie. Une fois la caste de la famille des Saoud parvenue au pouvoir, elle est restée tributaire d’une puissance pour garantir sa domination : ce fut celle, devenue hégémonique, des États-Unis, avec le fameux accord pétrole à bas prix contre protection militaire. Vint le temps des bases militaires puis de l’alliance avec le colonialisme israélien. Nous en sommes là.

Second malentendu. Évoquer ici la défense de la patrie, en l’occurrence algérienne, contre les menaces extérieures et leurs harkis pourrait faire croire à l’habituelle propagande des détenteurs de l’État : pointer du doigt la « main étrangère » pour détourner des problèmes intérieurs. Certes, ce genre de manœuvre existe. Mais il y a des cas où la menace étrangère est une réalité incontestable ; elle ne vise pas uniquement à éliminer les détenteurs de l’État indigène, coupables de ne pas se soumettre à leur volonté hégémonique, mais également à soumettre le peuple, à s’emparer de ses ressources naturelles et de son territoire. Les faits actuels, objectivement constatables, démontrent que l’on se trouve dans ce dernier cas, en ce qui concerne l’Irak, la Syrie, prochainement l’Iran et, logiquement ensuite, l’Algérie. Un récent événement l’indique : la récente rupture des relations diplomatiques du régime marocain (vassal des U.S.A. et d’Israël) avec l’Iran, sous prétexte (infondé) de soutien aux Sahraouis à travers l’ambassade de ce dernier situé en Algérie.

Revenons aux deux genres d’organisations harkies, dépendantes de puissance étrangères impérialistes.

D’une part, les groupes terroristes ou idéologiques cléricaux réactionnaires. Pour les présenter de manière propagandiste efficace, on les masque d’islamistes, défendant l’Islam « pur » salafiste en massacrant des... Musulmans, sous prétexte qu’ils ne le sont pas vraiment. Pour atténuer cet aspect, qui peut heurter les peuples musulmans, les organisations terroristes commettent de temps à autre des assassinats parmi les citoyens « impies occidentaux », cependant de manière très exceptionnels aux… États-Unis, après l’attaque des tours jumelles new-yorkaises (où demeure le mystère des réels mandataires). Mais le chiffre des victimes occidentaux est tellement inférieur au nombre de celles dans les pays musulmans qu’une personne raisonnable comprend quel est le but des organisations terroristes : prendre le pouvoir dans les pays musulmans, lequel ne cache pas sa nature totalitaire. Son « Mein Kampf » , c’est la « Charia », interprétée de manière unilatérale opportuniste.

Voici les marionnettistes et les marionnettes respectives. La C.I.A. et le M16 britannique manipulent depuis bien longtemps l’organisation des « Frères Musulmans » (1). L’Arabie saoudite et le Qatar financent les terroristes islamistes de diverses tendances. N’oublions pas le rôle du régime turc actuel.

Mais cela ne suffit pas. Il y a, d’autre part, une autre tendance harkie opérante en Algérie. Un troisième marionnettiste la « parraine », de manière de moins en moins discrète : le colonialisme israélien. Son but : profiter des contradictions et conflits internes à l’Algérie pour désintégrer l’unité nationale. Motif de cette tendance harkie au service du colonialisme israélien ?… Elle considère que ses intérêts sont conformes et liés à ce colonialisme. Pour comprendre la méthode de ces harkis en Algérie et savoir qui en sont ses représentants, il est utile de lire l’histoire récente du Liban, depuis la création de l’État israélien (2) : jouer sur les conflits « ethnico »-culturels pour diviser le peuple, l’affaiblir et constituer en son sein une force harkie trouvant ses intérêts dans celles de l’expansionnisme sioniste. À ce sujet, je renvoie aux questions que j’avais publiquement adressées aux dirigeants du MAK, demeurées sans réponse, à ma connaissance, et à l’ultime article de Ferhat Mehenni, président du MAK, où, parlant de colonialisme et de néocolonialisme, il écrit : « Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes est plus légitime aujourd’hui, avec les Kabyles, les Peuls, les Senoufos, les Kurdes, les Touaregs, les Issas, les Afars, les Malinkés et les Ba-malinkés… qu’il ne l’était hier avec l’Algérie, le Sénégal, le Togo ou le Gabon... ». Les Kanaks (dominés par la France), les Sahraouis (dominés par le Maroc) ne sont pas mentionnés, ni les Palestiniens, à l’heure même où des citoyens de Gaza, manifestant pour leurs droits nationaux, sont assassinés par l’armée israélienne (3). Au lecteur de tirer la conclusion qui s’impose.

Dans les deux cas, organisations algériennes islamistes pro-régimes féodaux totalitaires moyens-orientaux, d’un coté, et, de l’autre, une organisation « séparatiste » pro-colonialisme sioniste, dans ces deux cas, on constate un point commun : la haine comme ressort fondamental, une haine absolue, totalitaire, raciste, fasciste de l’ « autre ». Il est diabolisé de manière totale, unilatérale. Exactement comme le fut le « Juif » auparavant, en Europe, et comme le fut l’Algérien considéré « fellagha » par les harkis pro-colonialisme, les Algériens intégristes islamistes haïssent à mort ceux qu’ils considèrent les « faux » ou non musulmans, et les Algériens pro-sionistes haïssent à mort ce qu’ils appellent l’ « Arabe », qu’il soit algérien ou pas. Ces derniers reprennent même les termes coloniaux tels « bicot », « bougnoule », etc., et répètent les arguments propagandistes des colonialistes israéliens concernant la Palestine et son peuple, et les problèmes identitaires existant en Kabylie.

Autre point commun entre les harkis politiques algériens, comme du monde : ils sont mus uniquement par leur intérêt de caste, visant à devenir une oligarchie dominante-exploiteuse du peuple dont ils se réclament les « authentiques » représentants et défenseurs. Cependant, cette visée dominatrice-exploiteuse est toute relative : elle est et demeurera toujours la marionnette des tireurs de ficelle étrangers qui la financent et, donc, assurent son existence. Mais cette marionnette, en bon « fonctionnaire » et « courroie de transmission », n’en a cure : il lui suffit de disposer des miettes du gâteau, à l’image des castes dominantes indigènes de tout temps et partout.

Ajoutons un autre phénomène curieux. Depuis un certain temps, on constate un afflux très fort, allant jusqu’à 500 personnes par jour (4), d’immigrants clandestins arrivant en Algérie par sa frontière sud. Quel est le motif réel de cette arrivée massive visant, notons-le, uniquement l’Algérie, et non d’autres pays limitrophes : Maroc, Mauritanie, Libye, Tunisie ? Pourtant l’Algérie n’est pas l’Europe, ni la Californie. Et comment expliquer la campagne de presse, provenant de pays originaires de ces immigrants, accusant non seulement les autorités mais également le peuple algérien de toutes les tares : racisme, manque de solidarité, etc. ? Et, enfin, dans certains de ces pays, les attaques de postes diplomatiques algériens, sous prétexte de maltraitance des immigrés clandestins ?

Certes, celle-ci, commise par les autorités algériennes, est dénoncée par des associations citoyennes algériennes. Demeure cependant mystérieux cet afflux exceptionnellement massif visant uniquement l’Algérie. Il vient s’ajouter aux problèmes sociaux internes. Bien entendu, sans justifier en aucune manière le mauvais traitement de ces immigrants, il reste à trouver l’explication de ce phénomène singulier, dans le cadre des menaces de création artificielle de conflits internes pour affaiblir, d’une part, le moral du peuple, en l’accusant de racisme (5), et, d’autre part, la gestion étatique (en l’accusant de traitements inhumains). Qui profite d’abord de ce problème, sinon des puissances étrangères qui trouvent leur intérêt à le créer ?

Revenons aux forces harkies politiques. Pourquoi ont-elles vu le jour ?… Parce que que le régime actuel, - et cela depuis l’indépendance -, étant basé sur la conquête armée illégitime du pouvoir, donc contre la volonté démocratique du peuple, ce régime, pour exister et perdurer, a, lui aussi, créé ses forces politiques harkies. Elles s’incarnent principalement dans sa bureaucratie et dans les partis politiques, les uns soutenant le chef de l’État, de manière inconditionnelle, d’autres de façon « critique ». Nous avons là une version nouvelle d’un scénario précédent : une armada de nouveaux aghas, bachaghas, caïds, dirigeants de zaouïas et autres, ainsi que les politiciens et « intellectuels », religieux et laïcs, qui trouvent leurs intérêts à défendre le régime en place.

Par conséquent, en parlant de harkis politiques, il faut comprendre qu’ils sont de deux types : les uns agissant sous le contrôle de puissances étrangères, et les autres sous celui des détenteurs de l’État indigène.

En face, pour affronter ces harkis politiques des deux genres, qui manipulent le peuple en le caressant dans le sens du « poil » fascisant (6), il n’y a, malheureusement, pour le moment, aucune force politique d’importance, tels l’Étoile Nord-Africaine, le Parti du Peuple Algérien, le MTLD. Pour l’instant, existent, de manière consistante, des mouvements sociaux de résistance, incarnés principalement par les syndicats autonomes. Mais on constate comment l’État, ses harkis et les harkis « islamistes » ou séparatistes les contrastent.

Pourtant, les détenteurs de l’État savent (preuves en sont les actions de l’armée algérienne) que l’Algérie est sérieusement menacée par des puissances étrangères qui veulent y réaliser ce qu’ils ont déjà commis en Irak et Libye, et tentent d’obtenir en Syrie : ressources naturelles et bases militaires sur le territoire. Certains faits coïncident et présentent trop de « mystère » pour ne pas démontrer les tentatives de déstabilisation de l’Algérie. Outre à ce qui vient d’être mentionné auparavant, ajoutons les sondages effectués auprès d’Algériens par un « mystérieux » institut basé à Paris, et la tentative d’assassinat d’étrangers mais uniquement russes et chinois (7). Dans le premier cas, on « teste » l’opinion de la « rue » algérienne ; dans le second cas, on veut porter atteinte aux relations de solidarité de l’Algérie avec la Russie et la Chine. Sans oublier cet autre fait : les Subsahariens jugés en ce moment pour l’accusation d’espionnage au service d’Israël, lesquels, comme par hasard, opéraient au sein de la population mozabite du sud de l’Algérie, à l’époque troublée par des violences « inter-ethniques » (8). Et le principal accusé, condamné à mort par le tribunal, est un libérien d’origine... libanaise. Tiens ! Tiens ! On retrouve le Liban ! (9) Et, sous prétexte de lutte au terrorisme au Sahel, devinons où se trouve une base de drones armés U.S. ?… Dans le nord du Niger, c’est-à-dire à la frontière sud de l’Algérie : « C’est la seconde plus grande base de drones armés après celle de Djibouti sur le continent africain. » (10) Ah ! Combien le terrorisme tombe à pic au Sahel ! Existerait-il un meilleur motif pour l’installation de bases militaires états-unienness’incarnent, sans parler des troupes militaires françaises sur le terrain ? Si le terrorisme n’existait pas, il aurait fallu le créer, n’est-ce pas ? (11)

Voilà pourquoi, dans cette étude, des parties précédentes ont évoqué la Chine et le Vietnam, qui maintiennent vive la mémoire de leurs guerres de libération nationale, afin de rester prêts à toute éventuelle nouvelle agression étrangère. Certes, le peuple algérien a de sérieux problèmes causés par les gestionnaires de l’État, et cela depuis l’indépendance. Mais attention à ce que des puissances étrangères en profitent pour causer au peuple algérien ce qu’ils ont déjà causé aux peuples voisins : irakien, libyen, syrien, sans oublier le palestinien. La partie de « dominos » impérialo-sioniste comprend nécessairement de se saisir des « pions » Iran et Algérie, pour parfaire son plan, déjà connu : la création d’une zone « Moyen-Orient/Afrique du Nord » soumise à ses intérêts économiques et militaires. Ce plan est vital pour perpétuer l’existence du capitalisme hégémonique actuel des oligarchies états-uniennes, et de leurs vassaux européens et israéliens colonialistes. D’autant plus qu’actuellement la confrontation globale a repris contre la Russie et la Chine (12). Nous sommes donc entrés dans une nouvelle situation stratégique mondiale. Ce n’est plus la « guerre froide » entre « capitalisme » « libre » et « communisme » « totalitaire » ; c’est désormais la guerre des oligarchies capitalistes U.S.-Europe-Israël pour contrôler les peuples du « Tiers-Monde » afin de maintenir leur hégémonie face aux puissances montantes chinoise et russe. Stratégie fondamentale utilisée : tirer profit des contradictions internes des pays agressés ou à agresser, d’une part, et, d’autre part, empêcher Russie et Chine d’établir des solidarités avec ces peuples du « Tiers-Monde ». La leçon syrienne est là : sans le soutien direct de la Russie, et discret de la Chine, le peuple syrien serait déjà réduit à la situation irakienne ou libyenne.

Résumons. En Algérie, les harkis politiques, autrement dit les ennemis mercenaires du peuple algérien, sont de trois types : 1) les « religieux » au service du Qatar et de l’Arabie saoudite, 2) les séparatistes au service du sionisme colonialiste, 3) les bureaucrates du régime autoritaire autochtone. Deux autres types de harkis politiques existent : 1) ceux qui trouvent leurs intérêts dans le néo-colonialisme français, le fameux « hiz frança » (Parti de la France), mais la situation en Algérie ne leur permet pas de se manifester ouvertement ; 2) ceux qui trouvent leurs intérêts dans l’impérialisme états-unien ; ils s’incarnent dans les organisations terroristes dites islamiques ; elles se trouvent à l’intérieur de l’Algérie et, surtout, à ses frontières sud.

Alors, dirait-on : mieux vaut au peuple une dictature autochtone (du genre Bachir Assad ou, en Algérie, le régime autoritaire actuel) qu’une domination étrangère ?… L’histoire enseigne ceci : il est plus facile à un peuple de lutter contre ses dominateurs internes, cependant opposés à des puissances étrangères, que contre des dominateurs internes soumis à des puissances étrangères. Le motif est simple : dans le premier cas, le peuple a un seul adversaire (l’oligarchie politique interne) ; dans le second cas, il en a deux (l’oligarchie politique interne, soutenue par la puissance militaire étrangère). Certains penseront que c’est là le raisonnement de quelqu’un « payé par le régime » pour faire de la propagande subtile en sa faveur. Réponse : étudiez attentivement l’histoire des dominations et des résistances des peuples (notamment chinois, vietnamien, cubain, algérien, sud-africain, etc.) et le soupçon s’éclaircira.

Voilà pourquoi, comme cette étude a commencé par l’expliquer, il faut absolument remettre à l’ordre du jour l’histoire réelle de la guerre de libération nationale algérienne, la connaître et l’étudier suffisamment, pour disposer des leçons qui permettront de parachever l’indépendance nationale par la libération sociale, laquelle suppose la nécessité pour le peuple de s’opposer à la triple menace coordonnée : néo-coloniale française-impérialiste US-sioniste coloniale (13). Cela exige la plus grande clairvoyance et la plus résolue lutte contre les harkis de toute obédience de ces puissances dominatrices-exploiteuses, et cela parce que ces harkis en sont les chevaux de Troie ! Ils sèment la division et le trouble dans le peuple, en lui indiquant des ennemis secondaires ou faux au lieu des ennemis principaux et réels.

Le peuple et sa partie la plus éclairée doivent savoir que les problèmes sociaux internes, quelque soit leur gravité, sont à régler entre citoyens et citoyennes, sans aucune interférence étrangère. « Compter sur ses propres forces » fut le principe fondamental de la guerre de libération nationale algérienne, comme des autres luttes libératrices dans le monde. Le même principe doit guider la libération sociale, laquelle passe par la défense de l’indépendance nationale. Le peuple et sa partie éclairée ne recouvriront leur dignité, donc leur force, que lorsqu’ils se rappelleront et mettront en valeur (14) les motifs du « miracle » libérateur dont leurs prédécesseurs furent capables contre le colonialisme étranger ; alors, le peuple et sa partie éclairée sauront comment réaliser le deuxième « miracle » : obtenir, en plus de l’indépendance nationale, l’authentique société libre et solidaire. Reste à examiner les harkis dans le domaine économique. À suivre.

_____

(1) Voir « Comment les Frères musulmans ont aidé Washington à voler l’argent libyen », https://tunisitri.wordpress.com/2018/03/27/comment-les-freres-musulmans-ont-aide-washington-a-voler-largent-libyen/

(2) Voir, par exemple, https://reseauinternational.net/liban-le-17-mai-1983-a-day-of-infamy-un-jour-dinfamie-yom-al-aar-ya-lil-aar/. Concernant les intellectuels harkis, une comparaison a été faite dans la partie précédente entre le libano-français Amine Maalouf et l’Algérien Boualem Sansal.

(3) Voir respectivement http://www.lematindalgerie.com/questions-aux-dirigeants-du-mak, et

http://www.lematindalgerie.com/letat-postcolonial-est-reste-lenfant-de-la-colonisation

(4) Voir https://www.lesoirdalgerie.com/actualites/les-dessous-dun-phenomene-qui-inquiete-4051, https://www.algeriepatriotique.com/2018/04/26/bedoui-eclaireur-a-tamanrasset-message-code-de-lalgerie-a-france/ et http://www.elwatan.com//actualite/l-algerie-defend-sa-politique-migratoire-28-04-2018-367110_109.php

(5) La presse a dernièrement signalé l’agression par un petit groupe de jeunes Algériens, soit disant « voyous », commise contre des immigrants clandestins. Et cette action eut lieu dans l’une des villes les plus accueillantes d’Algérie : Oran. N’est-ce pas curieux ? Voir http://www.lematindalgerie.com/des-migrants-sont-attaques-par-des-bandes-dindividus-armes-oran

(6) Voir Wilhelm Reich « La psychologie de masse du fascisme », librement accessible sur internet.

(7) https://www.algeriepatriotique.com/2018/04/22/washington-paris-sondent-algeriens-se-trame-t-contre-lalgerie/ et https://www.algeriepatriotique.com/2018/04/26/derriere-terroriste-a-tente-dassassiner-russes-chinois/. « Cette tactique [des États-Unis dirigés par Donald Trump] consiste à développer des conflits locaux, destinés à freiner le développement des nations concurrentes, et à saborder des projets globaux opposés à la structure impériale US... » in http://www.voltairenet.org/article201348.html#nh3

(8) « Selon le procès-verbal dressé par la police, une liste de noms de gradés des services israéliens ainsi qu'un lot de matériel sophistiqué destiné à l’espionnage a été saisi lors de leur arrestation. » Voir http://www.lematindalgerie.com/accuse-despionnage-pour-le-mossad-un-liberien-condamne-mort.

(9) Voir note 2 ci-dessus.

(10) https://strategika51.wordpress.com/2018/04/25/niger-air-base-201-a-agadez-la-seconde-plus-grande-base-de-drones-armes-us-en-afrique/. L’auteur de l’article note : « Si les opérations militaires incluant ces drones armés ne posent aucun problème en Libye ou dans les pays du Sahel, il en va tout autrement pour l’Algérie, pays qui refuse absolument l’ouverture de son espace aérien pour ce genre d’opérations en dépit de multiples pressions occidentales. »

(11) Pour comprendre le problème dans son contexte global, lire l’article « Le complexe militaro-industriel est la principale cause de la crise globale », https://www.investigaction.net/fr/le-complexe-militaro-industriel-est-la-principale-cause-de-la-crise-globale/.

(12) « C’est la concurrence entre les grandes puissances – et non le terrorisme – qui est maintenant le principal objectif de la sécurité nationale américaine », affirma, le 19 janvier 2018, James Mattis, Secrétaire à la Défense du gouvernement Trump (http://www.voltairenet.org/article201348.html#nh12)

(13) À ce propos, Ahmed Benbitour, ex-chef de gouvernement, déclare : « il apparaît clairement que la priorité des priorités est la conception et la mise en œuvre d’un programme pour la sauvegarde et la prospérité de la patrie algérienne qui est très sérieusement menacée dans son avenir proche. Donc, j’appelle toutes les forces du changement à se réunir, indépendamment de leurs orientations politiques, en une conférence nationale pour la conception du programme de sauvegarde et de prospérité ainsi que l’établissement des feuilles de route de sa réalisation. Les expériences des patriotes algériens en 1953 et 1954 sont très instructives à ce sujet. » http://www.elwatan.com//actualite/c-est-indecent-de-parler-d-un-5e-mandat-25-04-2018-366921_109.php. Il est également utile de lire « Le Néo-colonialisme. Dernier stade de l'impérialisme », de Kwamé Nkrumah. On y lit : « Le néo-colonialisme aujourd’hui représente l’impérialisme à son stade final, peut-être le plus dangereux. (...) L’essence du néocolonialisme, c’est que l’État qui y est assujetti est théoriquement indépendant, possède tous les insignes de la souveraineté sur le plan international. Mais en réalité, son économie, et par conséquent sa politique, sont manipulées de l’extérieur. Cette manipulation peut revêtir des aspects divers. Par exemples, dans un cas extrême, les troupes de la puissance impériale peuvent être stationnées sur le territoire de l’État néo-colonial et en contrôler le gouvernement. Plus fréquemment pourtant le contrôle est exercé par des moyens économiques ou monétaires. L’État néo-colonial peut-être obligé d’acheter les produits manufacturés de la puissance impérialiste à l’exclusion des produits concurrents venus d’ailleurs.» Voir http://www.panafricanistes.com/neocolonialisme.html.

(14) Pour la première fois en Algérie, la presse donna cette information : dernièrement, des tombes de combattants de la guerre de libération nationale ont été profanées et détruites. Comme disaient les anciens Chinois : un petit fait apparemment insignifiant peut indiquer et annoncer une tragédie immense. Un proverbe populaire algérien affirme : « Al hjour b’ghamza, wal barhouche b’dabza » (à la personne intelligente suffit un clin d’œil, au stupide il faut une bagarre).

Publié sur Algérie Patriotique le 05 juin 2018 et Le Matin d’Algérie, le 04 juin 2018.

 

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Rédigé par Kadour Naimi

Publié dans #EDUCATION-CULTURE

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Publié le 4 Juin 2018

Contre l’idéologie harkie, pour la culture libre et solidaire 12. Sionisme colonialiste israélien et harkis « intellectuels »
À présent, examinons en particulier les intellectuels harkis algériens ou d’origine en ce qui concerne en particulier le sionisme colonialiste israélien. Pour éviter tout malentendu, définissons ces deux termes : ils se manifestent dans l’idéologie et l’action niant ou visant à nier tout droit du peuple palestinien au territoire qui lui a été reconnu par les résolutions de l’O.N.U.
Concernant les intellectuels harkis, le cas le plus médiatisé est celui de l’écrivain Boualem Sansal. Voici les constatations empiriques : il a écrit le roman « Le village de l’Allemand » (1) ; il s’est rendu en Israël pour un « colloque » sur la « paix » ; il vient de signer un appel « Contre le nouvel antisémitisme ». Tous ces actes semblent, à première vue, relever de la « culture » dans son sens noble, et des « bonnes » intentions du romancier dans le domaine des conflits sociaux.
À propos du roman, la question et la réponse ont déjà été fournies dans une partie précédente : une telle œuvre aurait-elle pu être promue, médiatisée et recevoir le prix Goncourt si elle n’avait pas mis ensemble le nazisme et l’Islam du « héros », d’où il devient facile d’amalgamer pour obtenir nazisme = Islam ?… Ce qui suggère, par la suite, Islam = antisémitisme, entendu, de manière unilatérale, comme signifiant atteinte aux droits humains uniquement des Juifs, confondus avec les Israéliens ? Or, tous les Juifs, en Israël comme dans le monde, ne se reconnaissent nullement dans la pratique coloniale et d’apartheid envers les Palestiniens.
À propos de médiatisation, signalons une première contre-épreuve. Un auteur, Pascal Boniface, a écrit un essai prouvant la fausseté de l’assertion suivante : critique des actions de gouvernants israéliens = antisémitisme. Voici les mésaventures de publication de son essai « Les intellectuels faussaires : le triomphe médiatique des experts en mensonge », dont le premier visé était Bernard Henri-Levi, défini comme « Le seigneur et maître des faussaires » :
« M. Boniface a fait face à 14 refus d’éditeurs avant que son manuscrit ne trouve preneur auprès des éditions Jean-Claude Gawsewitch. « Certains étant des éditeurs universitaires le trouvaient trop polémique, d’autres estimaient que je mettais en cause certains de leurs auteurs. Mais il y eut également le cas fréquent d'éditeurs me disant qu'ils avaient apprécié le livre (…) mais qu'ils ne pouvaient pas prendre le risque de le publier car ils ne voulaient pas se fâcher avec des gens puissants dans le milieu de l'édition et des médias », explique l’auteur. L’autocensure a très bien fonctionné. » (2)
Deuxième contre-épreuve : le genre d’accueil en Israël. Alors Que Boualem Sansal fut reçu avec tous les égards, voici ce qui arriva à Pascal Boniface :
« J’ai été pris à partie par une demi-douzaine d’individus franco-israéliens apparemment – ils parlaient très bien notre langue – qui m’ont insulté de façon très vive », a déclaré l’auteur d’Antisémite.
« Ils ont mis en avant mes liens avec les Arabes. Il y avait beaucoup de racisme anti-arabe dans leurs propos, dans leurs insultes », poursuit-il.
« Ils m’ont bousculé, ils m’ont craché dessus, ils ont voulu m’entraîner en dehors de l’aéroport pour me crever les yeux selon leurs propos », a poursuivi le chercheur. « Ils ne l’ont pas fait parce que j’ai un peu résisté et au bout de quelques minutes, la police est intervenue pour me mettre à l’abri ».
Pascal Boniface souligna que la police « ne les a pas interpellés, mais au moins elle a évité que ça ne dégénère plus que cela. »
« Ces personnes qui m’ont pris vivement à partie pensent que je suis antisémite parce qu’il m’arrive de critiquer le gouvernement israélien. Il y a donc une confusion qui est gravissime entre la critique d’un gouvernement et la haine d’un peuple. » (3)
Ajoutons que Pascal Boniface est l’auteur de plusieurs ouvrages, notamment « Est-il permis de critiquer Israël ? ». Il y dénonce l’amalgame entre la critique des actes de gouvernements israéliens et l’antisémitisme, entendu comme haine des Juifs. Le tort de Boniface est de n’avoir pas été, comme Sansal, invité par les autorités gouvernementales israéliennes, pour parler de « culture », mais pour faire des conférences sur le problème palestinien, sur invitation du consulat français à Jérusalem.
Des intellectuels ont dénoncé le comportement agressif des sionistes contre Pascal Boniface. Mais Boualem Sansal a-t-il dit quelque chose à ce propos ?… Pourtant, en 2016, il déclara :
« Ce qui est triste, c’est de voir des intellectuels jouer à la police de la pensée et s’en prendre à leurs confrères. C’est triste de les voir se faire les avocats gracieux d’un pouvoir qui les opprime, eux aussi, même s’ils ne le voient pas. (...)
« Ceci dit, un intellectuel qui écrit des platitudes qui ne dérangent rien ni personne n’est pas un intellectuel. Je revendique le droit et la liberté de traiter de sujets qui m’intéressent, même s’ils fâchent le grand nombre et enragent la police de la pensée. » (4)
Alors ?… Deux pieds deux mesures, monsieur Sansal ?… Quant à « se faire les avocats gracieux d’un pouvoir qui les opprime », que dire de se faire l’avocat gracieux (mais bien promu et invité !) d’un pouvoir colonialiste israélien qui a réduit le peuple palestinien à une situation d’apartheid sud-africain ?
Pourtant, non pas une romancière, mais une simple actrice, vient de démontrer qu’une personne juive conserve le sens de l’équité humaine. On lit :
« La “Genesis Prize Foundation”, organisation qui décerne annuellement ce qu’Israël présente comme le “Prix Nobel juif”, a annoncé qu’elle annulait la cérémonie remise des prix 2018 après que l’actrice israélo-étatsunienne oscarisée Natalie Portman l’eut informé que “les événements récents en Israël lui ont été extrêmement pénibles et qu’elle ne se sent pas à l’aise pour participer à des événements publics en Israël”. » (5)
En cherchant bien sur internet, on apprend, également, ceci :
« AlgérieTouteHeure: Compte tenu des derniers événements, je voulais savoir votre position sur cette action menée par Sarkozy, Valls, BHL et Boualem Sansal, appelée « Appel contre le nouvel antisémitisme » ?
Jacob Cohen : D’abord, on a laissé l’initiative à Philippe Val, un non-juif, un fidèle de BHL. Un contempteur de l’islam et des musulmans. C’est lui qui a diffusé les caricatures de Mahomet dans Charlie-Hebdo et qui avait licencié Siné, le dessinateur historique de Charlie pour une plaisanterie sur le fils de Sarkozy qui s’était converti au judaïsme après son mariage avec l’héritière DARTY. Dans la liste, les sionistes sont en retrait et à l’affût. Il y a aussi les intellectuels gaulois proches des identitaires et que le mot « islam » révulse. Puis tous ces artistes qui font partie du même monde et incapables de comprendre la manipulation. Et enfin l’arabe de service, l’écrivain algérien Boualem Sansal, qui a visité Al-Qods récemment pour parler de « paix » avec  l’occupant sioniste. Ce manifeste suit un autre publié il y a quelques semaines et qui apparemment n’a pas atteint les objectifs souhaités. » (6)
Ceci dit, la démarche sioniste envers Boualemn Sansal, et le comportement harki de ce dernier, a de singulières ressemblances avec un « illustre prédécesseur », celui-ci d’origine libanaise. Comme quoi l’histoire enseigne, quand on sait en découvrir les faits, simplement sur internet. Voici le parcours de ce prédécesseur :
« Sympathisant de la gauche libanaise du temps où il était journaliste au quotidien arabophone An Nahar, l’écrivain franco-libanais basculera dans le camp des milices chrétiennes à l’élection de Bachir Gemayel à la Présidence de la République, en 1982, où il s’était vu proposé un rôle de conseiller du chef milicien au sein d’une task force constituée autour de Michel Abou Jaoudé, à l’époque éditorialiste du journal An Nahar.
« Ce membre de l’Académie Française depuis 2011 suscitera les réserves des forces progressistes libanaises lors de son ralliement au clan phalangiste, matérialisé par sa présence aux négociations israélo-libanaises.
« Pour atténuer les critiques, ses sympathisants avaient expliqué qu’Amine Maalouf avait été «convoqué» par le président phalangiste, alors que l’écrivain s’est porté volontaire pour servir l’éphémère président du Liban. Il suscitera une nouvelle polémique, 23 ans plus tard, à la suite de son interview à la chaîne israélienne I24, le 2 juin 2016.
« Le quotidien libanais Al-Akhbar a lancé la controverse avec un éditorial qu’il n’a pas hésité à titrer «Léon L’Israélien», parodiant le titre du roman de Maalouf, « Léon l’Africain ». « N’a-t-il pas été gêné par cette reconnaissance symbolique d’Israël ? », interroge l’éditorial virulent. L’auteur, « né au Liban, qui a grandi en Égypte et qui a été formé en France, est-il désormais si éloigné de son pays, de son peuple et de ses ancêtres, qu’il ne partage pas leurs sentiments et ni la même idée de ce qui est bon pour leur pays ? », questionne encore l’article qui a mis le feu aux poudres.
« Le quotidien As-Safir a exécuté, lui, sa cible d’un titre laconique mais cruel : «La trahison d’un intellectuel» (7).
Quant à la « performance » du même personnage à la télévision israélienne, on lit :
« Le troisième égarement de l’auteur de Léon l’Africain est, sans doute le plus consternant encore parce qu’il cède autant aux facilités de l’arrivisme le plus caricatural qu’à celles d’une trahison politique affichée. Al-Akhbar encore : « Amin Maalouf sacrifie ainsi son image d’écrivain aimé des Arabes qui étaient fiers de lui, le lisant avec plaisir et passion. Certains rêvent que les créateurs soient ainsi obligés de passer par la case Israël et recevoir l’onction de Bernard-Henri Lévy pour exister… Mais, c’est Amin Maalouf ! Que fait-il là devant cette caméra-là, comme un élève poli et docile subissant l’interrogatoire d’une speakerine israélienne ? Dans quel but ? » Boudiné dans son costume d’académicien trop serré, Maalouf n’a certainement plus de soucis de fin de mois, mais il doit faire acte d’une allégeance – immortelle elle-aussi – à ses pairs tels Jean d’Ormesson ou Marc Lambron, ainsi qu’à ceux des éditions Grasset, très pro-israéliennes, elles-aussi.
« S’est-il seulement demandé de quoi Israël-24 est le nom ? Lancée par un ancien rond de cuir de cabinet ministériel – Frank Melloul – parti de France-24 (avec les recettes de cuisine de ce média de l’audiovisuel public extérieur), Israël-24 est une chaîne de télévision spécialisée dans la communication complaisante de l’Etat d’Israël, du Likoud, de la colonisation, de l’occupation et de la répression quotidienne des territoires palestiniens occupés. Financée par le milliardaire franco-israélien Patrick Drahi (14 milliards selon Forbes) – qui a racheté SFR, L’Express et L’Expansion, entre autres -, Israël-24 s’est dernièrement illustrée par une série de licenciements abusifs pas très glorieux… » (8)
Si l’on croit que la méthode d’enrôlement de harkis intellectuels et de promotion de leurs livres est nouvelle, c’est qu’on ignore l’histoire. Voici la méthode existante durant la « guerre froide » sur le front « culturel » :
« Selon le rapport, l’une des pratiques préférées de la CIA consiste à faire publier des articles et essais biaisés dans des médias étrangers, d’où une fois traduits en anglais, ils reviennent aux USA. Les livres suivent le même parcours. La CIA fait publier des livres à l’étranger, puis en commande des critiques élogieuses à des agents-maison implantés dans la presse des USA, préférentiellement dans des publications prestigieuses comme le New York Times. De là, le livre en question entre dans les circuits de promotion littéraire américains, notamment universitaires, d’où il repart en Europe auréolé d’une gloire littéraire entièrement factice. Le sénateur Church écrit, « par exemple, la CIA fait éditer des livres pour des raisons opérationnelles, sans tenir compte de leur viabilité commerciale. Plus de mille livres ont été publiés, financés ou parrainés par la CIA jusqu’en 1967. »
« En résumé, une fois traduits en anglais, tous ces livres reviennent dans les librairies, bibliothèques, articles de presse et cercles universitaires américains, où ils sont lus, critiqués et débattus par des gens (journalistes, professeurs, élèves, groupes de lectures, conférenciers, critiques littéraires) qui, dans leur vaste majorité, n’ont pas conscience de leur caractère de propagande. » (9)
Concernant le rôle des « journalistes » dans cette propagande, on lit dans le même texte : « 400 journalistes américains ont effectivement secrètement travaillé pour la CIA au cours des vingt-cinq années précédentes : « Quelques-uns de ces journalistes étaient des lauréats du prix Pulitzer (...) »
Quant au prix Goncourt, reçu par Sansal pour son « Village de l’Allemand », Amine Maalouf a, comme on vient de le lire, obtenu mieux : l’Académie française !… À ce propos, laissons encore la parole à Richard Labévière :
« Pauvre Richelieu ! Aurait-il pu imaginer que son Académie soit à ce point submergée par le déshonneur, l’orwellisation de la pensée et de la morale. Alors que l’Académie française lui ouvrait ses portes, Georges Bernanos – le défenseur des Républicains espagnols qui s’opposera à Vichy et au fascisme – répondait : « quand je n’aurai plus qu’une paire de fesses pour penser, j’irai l’asseoir à l’Académie… » N’est pas Bernanos qui veut ! Mais pourquoi cette prestation lamentable de l’auteur des Croisades vues par les Arabes est-elle grave à ce point de déclencher une telle réaction ? Trois séries de raisons doivent être – ici – rappelées pour saluer la vigilance mémorielle et politique des Libanais qui ont été scandalisés par l’interview d’Amin Maalouf. » (10)
Faut-il écrire davantage pour montrer comment les dominateurs-exploiteurs savent toujours trouver à leur service des harkis « intellectuels » ? Comme les vulgaires harkis du passé (agha, bachaghas, caïds, etc.), ces harkis intellectuels savent se draper dans l’ « honneur » (de leurs maîtres oppresseurs), présenter sur leurs poitrines gonflées les « médailles » concédées par ces derniers, recueillir les miettes qui leur sont jetées en pâture. Comme si cela ne suffit pas, exactement comme les vulgaires harkis du passé mentionnés, ces harkis « intellectuels » ont l’imposture tartuffienne de faire des leçons d’ « humanisme », préparé dans la marmite infâme des « prêcheurs » du « choc des civilisations », pour cacher l’ignoble agression impérialo-sioniste contre les peuples en lutte pour leur liberté, leur dignité et leur solidarité.
Boualem Sansal, en signant l’appel « contre le nouvel antisémitisme » a-t-il lu ce témoignage de Shraga Elam, journaliste israélien ?
« (...) je suis profondément convaincu que la raison principale pour la croissance de la judéophobie est fondamentalement à rechercher dans la politique criminelle qu'Israël conduit aux dommages des Palestiniens, comme dans le comportement déplorable des groupes de pression pro-Israël. (...)
Nous pouvons constater que tous les Juifs, sans considération de leurs positions individuelles, furent retenus responsables des atrocités commises par Israël. Cela n'était pas seulement le résultat de préjugés anti-israéliens, mais aussi de la prétention, erronée, d'Israël, de représenter tous les Juifs et d'être l’État DES Juifs. L'appui diffus et ostentatoire que beaucoup de Juifs du monde entier offrent à Israël, ne peut que renforcer l'impression que tous les Juifs sont au côté d'Israël. » (11)

Quant aux profils des « personnalités » avec lesquels Boualem Sansal s’est associé, voici des rappels :

« Vous avez dit antiracistes?

Qui sont ces éminents antiracistes qui nous viennent en aide ? Il y a Manuel Valls, qui expliquait en septembre 2013 que « les Roms ont vocation à retourner en Roumanie ou en Bulgarie». Il y a Nicolas Sarkozy qui a passé son quinquennat à pourchasser les sans-papiers et dont un ministre déclarait à propos des Arabes : « Quand il y en a un, ça va, c’est quand il y en a plusieurs que ça peut poser des problèmes». Il y a Laurent Wauquiez qui fait du copier-coller de Marine Le Pen sur l’immigration. Il y a Alain Finkielkraut qui déclarait sur l’équipe de France de football : « Elle n’est pas black-blanc-beur, elle est black-black-black, ce qui fait ricaner toute l’Europe » (12).

Dis-moi qui tu fréquentes, je te dirais qui tu es, n’est-ce pas monsieur Boualem Sansal ? À chacun donc sa « liberté » de choisir ses « intérêts » et sa « solidarité ». Heureusement qu’existent d’autres, y compris des Juifs du monde et des Israéliens, dont la seule « gloire » est de contribuer à ce que tous les peuples de la terre sans exception, c’est-à-dire l’humanité dans son ensemble, au-delà des croyances religieuses ou « ethniques », se libère de manière solidaire de toute forme d’exploitation, domination et aliénation, pour former une communauté humaine digne de ce nom. À suivre.

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(1) Une analyse en a été faite dans une partie précédente. Un portrait général du personnage se trouve ici : https://www.algeriepatriotique.com/2018/04/27/contribution-pr-abdellali-merdaci-bachagha-boualem-lantisemitisme/

(2) https://www.saphirnews.com/Les-intellectuels-faussaires-mitrailles-par-Pascal-Boniface_a12749.html

(3) https://fr.timesofisrael.com/pascal-boniface-agresse-a-son-arrivee-a-ben-gurion/

(4) Propos recueillis par Chahredine Berriah, in http://www.elwatan.com//culture/c­

est­triste­que­des­intellectuels­jouent­a­la­police­de­la­pensee­31­03­2016­317794_113.php

(5) http://www.pourlapalestine.be/lactrice-natalie-portman-illustre-le-divorce-croissant-des-juifs-etatsuniens-avec-israel-en-refusant-de-recevoir-le-prix-genesis/

(6) http://algerietouteheure.com/jacob-cohen-a-algerietouteheure-le-manifeste-vise-la-diabolisation-des-musulmans/

(7) René Naba, https://reseauinternational.net/liban-le-17-mai-1983-a-day-of-infamy-un-jour-dinfamie-yom-al-aar-ya-lil-aar/

(8) Richard Labévière, journal Afrique-Asie.fr, 14 juin, 2016,

http://www.afrique-asie.fr/humeurs-l-affaire-amin-maalouf-israel-24-enflamme-le-liban/

(9) Voir Corinne Autey-Roussel, « Déclassifié : Opération Mockingbird, la guerre froide culturelle de la CIA », https://www.mondialisation.ca/declassifie-operation-mockingbird-la-guerre-froide-culturelle-de-la-cia/5598263

(10) Voir note 8.

(11) Résident à Zurich/Suisse. Extraits du texte du rapport au Camp Antimpérialiste de Assisi (Italie), le 2 août 2004. Du site kelebekler.com, visité en 2007. Majuscules de l'auteur.

(12) Extrait du7communiqué de l’Union Juive Française pour la Paix, http://www.ujfp.org/IMG/pdf/com_ujfp_le_manifeste_de_la_haine_islamophobe_le_24-04-2018.pdf

 

Publié sur Algérie Patriotique le 28 mai 2018 et Le Matin d’Algérie, le 27 mai 2018.

 

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Rédigé par Kadour Naimi

Publié dans #EDUCATION-CULTURE

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