Publié le 16 Avril 2025

GUERRE COGNITIVE ET COMMENT L’AFFRONTER

Un vieillard, assis près d’un arbre, vit quelqu’un passer :

- Jeune homme, où cours-tu si vite ?

- À faire la révolution !

- Peux-tu prendre quelques minutes pour me dire ce que c’est ?

- Je n’ai pas le temps.

- Si tu n’as pas le temps de m’expliquer, crois-tu réussir ta révolution ?

 

Réseaux sociaux

Entendus sur une plate-forme internet, des propos intéressants sur ce qu’on désigne désormais par « guerre cognitive » (on l’appelait « propagande ») m’ont interpellé.

Ils centraient toute l’argumentation sur les réseaux sociaux où interviennent des organismes financés par les puissances dominatrices, producteurs de fausses informations, notamment par l’intermédiaire de trolls.

Pour affronter cette opération, l’intervenant déclara la nécessité d’y opposer, sur les mêmes réseaux sociaux, des organismes producteurs d’informations correctes, pour neutraliser les fausses informations.

Cette recommandation se motiva par le fait que, désormais, les citoyens, notamment les jeunes, sont totalement focalisés sur les plate-formes de réseaux sociaux. Ce serait donc là le terrain d’affrontement qui s’impose, sous-entendu l’unique.

On avance comme argument l’effet décisif des réseaux sociaux pour provoquer les révolutions colorées. Question : ces résultats ont-ils profité aux peuples concernés ?

De cette conception sur la guerre cognitive, j’attendais l’addition d’une autre argumentation. Elle ne vint pas. La voici.

*

Si on limite la guerre cognitive à l’affrontement entre deux producteurs antagonistes qui emploient des réseaux sociaux, on constate que les contenus, qu’ils soient de fausses informations manipulatrices et, donc, asservissantes, ou des informations clarificatrices et, donc, libératrices, on constate que ces contenus sont caractérisés par :

1. une temporalité la plus brève possible, du genre « 10 minutes pour comprendre tout », ou « une heure pour tout savoir ». Parfois, au discours oral s’ajoutent des liens pour approfondir, mais l’on sait que presque personne ne prend le temps de lire le contenu de ces liens.

2. une telle temporalité ne permet pas d’exposer un problème dans toute sa complexité. Le destinataire a, donc, accès à un contenu limité. Sa caractéristique est de laisser croire à ce destinataire que le contenu proposé lui fournit tous les aspects du problème. En fait, il ne s’agit que de quelques éléments. Mais, ce destinataire croit disposer de tout ce qu’il faut savoir sur le problème.

Exemple. Des manipulateurs dénoncent une dictature, tandis que des informations honnêtes critiquent des démocraties qui deviennent autoritaires. Le destinataire croit, alors, détenir les informations nécessaires pour se faire une opinion correcte sur ces systèmes de gouvernement.

Ou, par exemple, à propos de conflits comme la guerre en Ukraine, le génocide à Gaza, l’affrontement USA-Chine, la Syrie et le Moyen-Orient, etc.

Mais ce destinataire, connaît-il vraiment ce que sont une dictature, une démocratie, un système autoritaire ? Quels sont les motifs réels des guerres ?

Durant l’agression impérialiste états-unienne contre l’Irak, j’avais pris le temps de m’informer correctement jusqu’à écrire et publier un livre épais sur ce problème, en italien et en français, et à le proposer en document électronique avec accès libre1.

Un nombre insignifiant de personnes prirent le temps de le lire.

« Tu n’es pas connu ! », objecterait-on.

D’accord ! Mais, combien de personnes lisent des classiques satisfaisants sur la démocratie, la dictature, l’autoritarisme, les guerres ?

Autre exemple. Depuis des années, on cite des auteurs célèbres d’ouvrages sur le « développement personnel », ou, plus exactement, des extraits trouvés sur des plate-formes de réseaux sociaux.

Je constate que les personnes qui mentionnent ces considérations, toutes brèves, n’ont jamais lu les livres qui les contiennent, encore moins les classiques où les auteurs de livres sur le « développement personnel » ont puisé et plagié leurs écrits, quelque soit le domaine : psychologie, sociologie, anthropologie, philosophie, etc.

Le drame, donc, en matière de guerre cognitive, n’est pas seulement de produire des contenus sur les réseaux sociaux pour contrer la manipulation asservissante. Cette procédure parvient à obtenir seulement des personnes qui croient savoir, alors, qu’en fait, elles ignorent l’essentiel.

Si on ajoute aux propos de ces « influenceurs » leur capacité de recourir au pathos, on sait les ravages de « peste émotionnelle » (Wilhelm Reich) qui entrent en action.

Voilà pourquoi, en cas de mouvement social, l’on constate chez ses membres perplexité, confusion et, en définitif, ignorance sur la manière d’agir, y compris chez les animateurs de ce mouvement social.

Lecture

« Quoi ? dirait-on, tu veux que toutes les personnes soient des docteurs en politique, psychologie, sociologie, philosophie, etc. ?...Où trouveraient-elles le temps de lire, de s’instruire ? »

Réponse : si les personnes ne trouvent pas ce temps de lire les ouvrages fondamentaux, quel genre d’action serait la leur ?

Ceux qui parlent de « révolution », « contre-révolution », « fascisme », « socialisme », « communisme », « islamisme », « anarchie », « impérialisme », « patriotisme », « justice », « loi », « État », etc., que savent-ils du contenu réel de ces termes, de leur impact dans l’histoire des peuples ?

Comment expliquer l’emploi de ces concepts avec une désinvolture d’autant plus stupéfiante qu’elle se prétend savante ?… Pas seulement par des citoyens dits ordinaires, mais aussi, par les « influenceurs » ; mais, encore, par des animateurs ou dirigeants de mouvements sociaux.

Seule, la lecture convenablement menée, permet de maîtriser les mots, leur sens réel, et d’éviter d’être manipulé par ceux qui les utilisent dans un but d’asservissement de la conscience. Ce n’est pas un hasard si tous les penseurs authentiques, à commencer par Confucius à Socrate, soulignèrent l’importance d’employer les mots corrects. Cette capacité exige de longues études.

À qui objecterait ne pas avoir ce temps, la réponse serait : l’ouvrier Eugène Pottier trouva le temps de s’instruire au point d’écrire le chant « L’Internationale » ; un autre ouvrier se distingua mieux encore, Joseph Proudhon. Même quand, à l’âge de cinq ans, on devient aveugle, on peut devenir un très grand poète-philosophe : Alma’ary. Tout est question de conscience et de volonté.

Que chacune et chacun, donc, se rende compte du temps passé sur les réseaux sociaux par rapport à celui consacré à la lecture. Excellent critère pour déterminer le niveau réel d’instruction et, par conséquent, la qualité de la connaissance et de la volonté.

Faut-il ajouter que le contenu de la majorité des livres est inutile, quand ils n’augmente pas la confusion cognitive ? Que, par conséquent, il faut apprendre à savoir quels sont les rares œuvres fondamentales à lire, dont certaines sont généralement occultées par le système d’information dominant ?

Action sur le terrain

Solution ?…

Ne pas se limiter aux réseaux sociaux. Qu’ils soient principalement un incitatif à l’approfondissement par la lecture nécessaire, pour finir dans l’action sur le terrain.

Oui ! Recourir aux « vieilles recettes » : le bouche à oreille, le porte-à-porte, l’intervention dans les espaces tels les bars. Dans quel but ?… Création d’associations de quartiers, de lieu de travail, de lieu d’étude, etc., où des citoyennes et citoyens se rencontrent, échangent leurs connaissances, en comptant sur leur intelligence pour comprendre les problèmes et découvrir les solutions adéquates.

Dans un essai sur ma participation au mouvement social du printemps 1968 à Strasbourg, j’ai souligné un fait : le déclenchement de cette action obligea les plus conscients d’entre nous à, enfin !, lire les classiques fondamentaux. De jour, participation aux assemblées et manifestations ; de nuit, lectures et discussions2.

Alors, j’ai compris où réside le problème. Les animateurs qui participèrent successivement à la Commune de Paris, aux Soviets russes de 1905 puis 1917-1921, à la collectivisation pendant la guerre civile espagnole, ont tiré la même conclusion : le mouvement social échoua essentiellement à cause de deux motifs : insuffisance du nombre d’animateurs compétents et insuffisance de connaissance sociale des citoyens. Serions-nous étonnés de la même constatation concernant d’autres mouvements, tels les « Gilets jaunes » en France ou le « Hirak » en Algérie ?

Tactique et stratégie

La puissance des réseaux sociaux et des « influenceurs » n’est pas à sous-estimer.

D’une part, les gouvernants, quelque soit leur idéologie, contrôlent le contenu, de manière cachée ou ouverte, et y interviennent pour exposer leur point de vue.

D’autre part, le nombre de consommateurs du produit de ces réseaux sociaux n’est pas négligeable.

Cependant, l’importance des réseaux sociaux ne doit pas être sur-estimée.

Quelque soit leur idéologie, la majorité des intellectuels et autres faiseurs d’opinion, par commodité et fainéantise, ou par mépris du contact direct avec les citoyens, se contentent de s’adresser à eux à travers des réseaux sociaux.

Ce genre d’intervention permet de bénéficier d’une célébrité, et, suite à celle-ci, pour certains, d’engranger des sous.

Mais, ce que les les gouvernants redoutent le plus c’est l’action des citoyens sur le terrain de l’espace public. C’est là que se résolvent les conflits sociaux.

Comment les citoyens pourraient-ils intervenir de manière positive sur le terrain ?… En possédant une connaissance nécessaire et suffisante qui permet, d’une part, de comprendre les enjeux, et, d’autre part, d’employer les solutions adéquates.

Or, le contenu des réseaux sociaux se limite, généralement, à fournir des informations limitées. Elles donnent l’illusion au destinataire de tout savoir sur un problème, alors qu’en fait, il n’en est rien: ni sur les enjeux réels, ni sur les solutions correctes.

Les interventions dans les réseaux sociaux sont utiles à l’unique condition de permettre et d’affirmer la nécessité d’approfondir les arguments évoqués, de deux manières :

1. par la lecture attentive des ouvrages fondamentaux qui les concernent,

2. et par l’échange direct entre les citoyens dans des organisations créées et autogérés par eux.

Ce genre d’initiative :

1. exige beaucoup plus de temps et d’énergie en comparaison de l’intervention commode sur un réseau social ;

2. rencontre l’opposition de ceux qui ont intérêt à ce que les citoyens demeurent manipulés ou, tout au plus, détenteurs d’un savoir limité insuffisant.

L’intervention dans les réseaux sociaux est une tactique. La stratégie réside dans l’action sur le terrain par des citoyens autogérés… et instruits de manière adéquate.

C’est long et compliqué ?… Le changement social est à ce prix. La sagesse populaire déclare : « Vuoi la bicicletta ?… Allora, devi pedalare ! » (Tu veux la bicyclette ?… Alors, il faut pédaler ! »

Trop peu de personnes aiment pédaler. D’où le monde tel qu’il est.

2 https://www.kadour-naimi.com/f_sociologie_ecrits-mai-68.html

Publié in

https://reseauinternational.net/guerre-cognitive-et-comment-laffronter/

25mars2025

https://www.algeriepatriotique.com/2025/03/28/de-la-propagande-devenue-guerre-cognitive-et-des-moyens-dy-faire-face/

28 mars 2025

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Rédigé par Kadour Naimi

Publié dans #AUTOGESTION, #EDUCATION-CULTURE, #PEUPLE-DEMOCRATIE

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Publié le 29 Janvier 2025

Pourquoi le peuple danse : le cas syrien

Externe et interne

En général et, en particulier, sur la situation syrienne actuelle, la majorité des analyses se focalisent sur les facteurs externes : les adversaires, les ennemis d’une nation menacée ou déjà victime d’agression impérialiste, soutenue par une dissidence d’agents autochtones.

La connaissance des facteurs externes est fondamentale mais non suffisante. Il reste à examiner les facteurs internes. Malheureusement, ce que les analystes en fournissent, à ma connaissance, est sous-estimé, quand pas ignoré1.

On connaît l’un des motifs de ces carences : évoquer les causes internes d’une nation ferait le jeu de ses ennemis impérialistes.

Cependant, diminuer, relativiser ou occulter les facteurs internes, ne pas leur accorder la première importance, n’est-ce pas faire le jeu de l’agresseur, de manière plus grave ?… Sun Ze avait expliqué : la connaissance des forces et faiblesses de l’ennemi (facteur externe) est aussi stratégique que celle du propre camp (facteur interne).

En outre, si l’on cache les causes internes, comment le peuple saurait quels sont les réels enjeux et forces en présence, afin de savoir comment agir, en complément des institutions qui défendent la patrie ? Ignorer cette condition, n’est-ce pas mépriser les citoyens comme troupeau à faire marcher au son d’une flûte d’un enchanteur ?… Or, la réalité montre combien cette illusion élitiste se paie cher, et d’abord au détriment de cette prétendue élite.

Pourquoi danser ?

Cette brève contribution naît de la lecture d’un extrait :

« quand je vois ces manifestations de joie en Syrie pour fêter la chute de l’État dans les bras de l’islamisme, je me demande ce qui motive ce peuple à danser sur sa propre tombe… (…) Il faut que le peuple se réveille et soit conscient des dangers qui guettent son pays2. »

De précédentes contributions ont répondu, en substance, à ces considérations3. Approfondissons.

Ignorons les déclarations de voyageurs, plus ou moins touristiques : la Syrie était, somme toute, un pays sans gros problèmes parce que, comme étrangers, on se déplaçait en toute sécurité, la laïcité existait, etc. Ce genre de témoignage n’éclaire pas la stupéfiante surprise des analystes les plus éclairés sur la chute de l’État syrien, pratiquement sans combat.

Où sont les explications indispensables, outre celles sur les causes externes ?… En Syrie, est-ce que : 1) le système d’informations médiatique, 2) le secteur de l’instruction, 3) les activités culturelles, bref 4) le système politique fournissaient de quoi réveiller, faire prendre conscience au peuple syrien, pour le rendre capable de savoir qui sont : 1) ses vrais amis et comment s’unir avec eux, 2) ses réels ennemis et comment les neutraliser ?

La « stupéfiante » dissolution du régime syrien ne prouve-t-elle pas des carences dans les causes internes sus-mentionnées ? Ne pas les mentionner et les analyser en fonction de leur importance stratégique, n’est-ce pas manquer de responsabilité, quand on prétend défendre les intérêts des peuples et de leurs nations contre leurs agresseurs ?

Nationalisme et patriotisme

Pour éviter des malentendus, ces termes exigent un éclaircissement.

Concernant le nationalisme, il ne s’agit pas de celui des guerres de libération nationale : je considère celui-ci comme patriotisme.

Par nationalisme, à présent, j’entends l’idéologie qui oppose une nation et son peuple, en bloc, contre une autre nation et son peuple, en bloc : le criminel cas fut celui des deux boucheries mondiales. Les oligarchies capitalistes impérialistes trouvaient et trouvent encore leur intérêt à ce type de nationalisme, caractérisé par le chauvinisme : les peuples s’auto-massacrent pour enrichir l’oligarchie qui sort vainqueur de la guerre4.

Le patriotisme est autre chose : le simple amour de la terre natale. Chaque peuple le ressent, comprend et respecte l’existence de ce sentiment en chaque autre peuple. Les oligarchies, par intérêt de caste, ignorent le légitime sentiment patriotique d’un peuple dont elles convoitent les richesse matérielles ou/et le territoire comme base militaire. Ce fait explique l’existence de certains peuples divisés en diverses nations différentes.

Voilà pourquoi, pour toute personne respectueuse des peuples, il est impératif de ne pas les confondre avec les oligarchies qui les dominent, afin d’éviter que ces dernières utilisent les peuples les uns contre les autres, au bénéfice de ces oligarchies.

Le patriotisme authentique est source de solidarité entre les peuples, contre les oligarchies impérialistes qui déforment ce patriotisme légitime en nationalisme chauvin. Trompeuse, dans le meilleur cas, au pire manipulatrice, est l’explication des conflits par des termes comme « États-Unis », « Syrie », etc.

Ces mots indiquent des territoires géographiques, pas des agents sociaux. Or, ce sont ces derniers qui agissent. Par exemple, ce ne sont pas les « États-Unis » qui ont agressé la « Syrie » : c’est une oligarchie dominante aux États-Unis, représentée par un Président élu, qui a agressé un groupe dirigeant syrien qui contrastait ses intérêts impérialistes.

Cette manière précise de définir évite d’opposer entre eux les peuples qui habitent ces territoires, États-Unis et Syrie, bien que que le peuple états-unien ait élu l’oligarchie états-unienne et le peuple syrien, le groupe dirigeant la Syrie.

On objecterait : il ne faut exagérer ! Par « États-Unis » ou « Syrie », etc., les gens comprennent que l’on désigne un système politique, un groupe dirigeant. Eh, bien, fréquentez les gens, et vous constaterez qu’en règle générale, le terme géographique les conditionnent à confondre peuple et groupe dirigeant. Ce fut le cas quand les peuples de France et d’Allemagne se sont auto-massacrés en criant, les uns, « Sus aux boches !... À bas l’Allemagne ! », les autres « Gegen die Franzosen!… Nieder mit Frankreich ! » (Contre les Français !… À bas la France !). Veillons donc à éviter tout mot qui opposerait les peuples entre eux. Les mots libèrent ou tuent ! Les oligarchies et leurs mercenaires le savent : leur langage tue. Malheureusement, ceux qui défendent les peuples ne manifestent pas la même rigueur à utiliser le langage qui libère.

Système politique

Attention à ne pas expliquer les carences syriennes par une forme de dictature ou de Parti unique.

Aux États-Unis, n’a-t-on pas affaire, en réalité, à une forme de Parti unique, de genre bicéphale ? N’est-ce pas là une tromperie, une manipulation ? Est-ce seulement un hasard qu’aucun autre parti politique ne soit jamais parvenu à entrer en concurrence avec les partis « démocrate » et « républicain » ? En passant, combien savent que la Constitution états-unienne ne contient pas le mot « démocratie » ?

Considérons la Chine, le Vietnam, Cuba, la Corée du Nord. Ces pays sont ouvertement dirigés par un Parti unique, définis, de ce fait, par certains comme dictature. Toutefois, les éventuels agresseurs impérialistes savent, par expérience, que ces nations ne sont pas comestibles comme l’Irak, la Libye, le Soudain ou la Syrie.

Un des motifs, pas l’unique, de la force dissuasive des nations dirigées par un seul Parti est ce que j’ai constaté durant mon séjour en Chine et au Vietnam : un esprit patriotique authentique, stimulé et entretenu de manière continue, systématique dissuasif.

J’ai entendu des citoyens des diverses classes sociales critiquer fortement la politique de leurs autorités, mais, dans un domaine précis, ils sont unanimes : « Notre patrie est sacrée ! Pour sa défense, nos problèmes intérieurs, nos griefs contre nos dirigeants passent au second plan. Que l’on ne vienne pas nous dire : Oh ! Sachez que vos dirigeants sont des dictateurs, qu’ils évoquent un danger extérieur pour vous détourner d’une mauvaise gestion intérieure. Vous avez besoin de liberté, de démocratie, des droits de l’homme et de la femme !… Notre réponse est : Ce n’est pas à vous, étrangers, de nous dire quoi penser et comment agir en ce qui concerne notre patrie. Occupez-vous de votre pays, nous nous occupons du nôtre. Et nous avons constaté les effets de vos beaux slogans de méprisable renard sur trop de pays. »

Voilà comment j’ai vu neutralisée l’action propagandiste étrangère sur les peuples chinois et vietnamien. Bien entendu, leurs gouvernements utilisent également d’autres moyens pour protéger leurs populations de la propagande impérialiste ; ces autres moyens seraient insuffisants sans la stimulation adéquate de l’esprit patriotique.

Information, instruction, culture

Pour la défense de la patrie, comment les citoyens (le peuple) peuvent-ils constituer, de manière stratégique : 1) l’eau dans lequel nage leur armée et leurs services de renseignement ; 2) la base arrière efficace ? Pour le dire comme dans l’extrait cité : « se réveiller, soient conscients » ?

La réponse, banale, est fournie par l’histoire : ces citoyens, ce peuple doivent posséder l’information, l’instruction et la culture qui réveillent, fournissent la conscience.

L’agent qui l’assure doit, logiquement, aimer ces citoyens, ce peuple. S’il les craint, il leur fournira une information, une instruction et une culture qui, au contraire, les endorment, annihilent leur conscience.

Pour que cette éventualité soit exclue, il faut que l’agent réveilleur-conscientiseur soit en harmonie avec les réveillés-conscientisés, à leur service.

Comment le vérifier ? Examinez :

1) le système d’information étatique (et privé, éventuellement) des citoyens : fournit-il les éclaircissements nécessaires, dans la langue comprise par la majorité du peuple ?

2) le système éducatif : outre aux matières scientifiques, fournit-il celles dites humanistes, générales ?

3) le système culturel : fournit-il les valeurs adéquates ?

À quelles conditions information, instruction et culture stimulent-elles le réveil et la conscience populaires ?

En permettant au peuple l’accès à deux facilités :

1) Le temps : des travailleurs massacrés de boulot, où trouveraient-ils l’énergie pour se réveiller et prendre conscience ?

2) La liberté de penser : sans elle, que serait la créativité constructive ?

On objecterait : les conditions mentionnées ci-dessus n’existent pas dans les pays mentionnés, à fort esprit patriotique ; ce dernier semble compenser les deux conditions ci-dessus.

Peuple et dirigeants

Dans toute nation, le peuple est pour ses dirigeants la réserve stratégique, au sens technique du terme.

Si les dirigeants constituent une oligarchie dominatrice-exploiteuse, ils utilisent le peuple comme chair à canon en lui faisant croire qu’il défend les « valeurs » du pays : liberté, démocratie, droits de l’homme et de la femme, civilisation, etc. En réalité, l’oligarchie défend ses intérêts spécifiques. Elle y parvient par la mise en place d’un système d’information-instruction-culture qui conditionne le peuple à croire qu’il protège la patrie alors qu’en fait il défend les intérêts de la caste qui le manipule.

Si les dirigeants, au contraire, forment un groupe au service du peuple, les deux constituent un bloc uni en mesure de dissuader toute velléité d’agression étrangère alliée à une déstabilisation intérieure. Le bloc uni est réalisable quand le groupe dirigeant fournit au peuple un système d’information-instruction-culture, ou, du moins, un esprit patriotique qui lui donne les instruments cognitifs adéquats à la défense de la patrie contre toute agression.

1http://kadour-naimi.over-blog.com/2024/12/corruption-l-ennemi-public-numero-1-et-comment-le-neutraliser.html

3http://kadour-naimi.over-blog.com/2024/12/pourquoi-350-est-superieur-a-30.000-ideal-et-strategie.html

4 Lire « War is a Racket » (Le racket de la guerre) de Smedley Darlington Butler. L'un des militaires les plus décorés de l'histoire états-unienne, il dévoile comment les guerres servent principalement les intérêts financiers des grandes entreprises et des élites.

Publié in

https://www.algeriepatriotique.com/2025/01/24/pourquoi-le-peuple-danse-sur-sa-propre-tombe-le-cas-despece-syrien/

24 janvier 2025

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Rédigé par Kadour Naimi

Publié dans #EDUCATION-CULTURE, #PEUPLE-DEMOCRATIE

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Publié le 5 Janvier 2025

THÉÂTRE DE LA MER : CHARTE - Sept.1968

THÉÂTRE : BEAUTÉ VÉRITÉ BONTÉ

de

Kaddour Naïmi

Extrait de PARTIE 1. Comment, dans une société dictatoriale, un groupe de jeunes crée un théâtre libre, autogéré, de recherche expérimentale, populaire, avec succès national et international ?

*

THÉÂTRE DE LA MER : CHARTE

(publiée en septembre 1968)

 

Dans l'affrontement mondial décisif

qui oppose les forces progressistes

à toutes les forces anti-humaines,

toutes nos ressources doivent être mobilisées

au service du combat révolutionnaire.

 

HISTORIQUE

Le Théâtre de la Mer fonctionne pratiquement depuis le 20 août 1968. Cependant, la prospection en vue de nouveaux éléments continue.

Le T.M s'est constitué, malgré les énormes difficultés particulièrement financières qu'il connaît, pour pouvoir concrétiser une expérience théâtrale originale se plaçant complémentairement à l'action du du T.N.A [Théâtre National d'Alger]. Tout doit donc pousser à une étroite collaboration critique, franche et fraternelle entre l'organisme national et le théâtre de la mer.

Dans l'esprit de ses animateurs, le T.M sera une combinaison entre une école de formation et de recherches théâtrales et une compagnie professionnelle, présentant des réalisations théâtrales.

Conscients de la négativité d'un travail se déroulant à huis clos entre « SPÉCIALISTES », notre méthode présuppose et fera le nécessaire pour encourager quiconque à venir assister à notre travail avec droit complet d'intervention et de critique. Nos portes sont ouvertes en permanence à tous, avec les mêmes droits pour le « spécialiste » que pour le balayeur du coin.

En vue de ces résultats et en vue d'une émulation culturelle indispensable, seront organisés dans la mesure du possible des causeries, expositions, projections et week-end d'initiation théâtrale. Notre travail doit être le résultat de la participation du plus grand nombre pour s'adresser au plus grand nombre.

 

PRÉAMBULE

1) Se vouloir créateur, c'est se vouloir créateur révolutionnaire ; cela implique qu'avant de devenir créateur révolutionnaire, on se doit d’être révolutionnaire.

2) On n'est avant-garde sur le plan culturel que tant que notre action pratique se place à la pointe du combat culturel.

 

POURQUOI CRÉER ?

I. Tout acte humain étant un acte dans la société, l'acte théâtral est donc politique.

II. Se mobiliser, grâce au théâtre, à la lutte décisive pour sortir du sous-développement culturel, aspect de notre sous-développement général.

III. Engager le théâtre dans la bataille actuelle, sur la base militante anti-impérialiste, anti-colonialiste, anti néo-colonialiste, et pour contribuer à la formation d'une mentalité algérienne conforme à notre option socialiste.

Cette tentative viendra compléter l'action entreprise par le T.N.A. Et le T.N.O.A [Théâtre National de l'Ouest Algérien, situé à Oran] en particulier.

Favoriser la création d'une vie et d'une émulation culturelle sans laquelle il ne peut y avoir un progrès véritable.

Ainsi, notre action n'est pas simplement l'expression du désir d'un individu ou d'un groupe, mais répond à une nécessité historique actuelle.

 

POUR QUI CRÉER ?

Travailler pour les masses laborieuses, les fellahs, les ouvriers, les djounoud et les intellectuels révolutionnaires.

Pour cela, chacun de nos actes doit répondre aux questions :

- Ce que nous faisons est-il utile au peuple ?

- Ce que nous faisons fait-il avancer la Révolution ?

- Ce que nous faisons résulte-t-il d'une vision juste du monde et de la société ?

 

COMMENT CRÉER ?

Se convaincre de la règle : la culture révolutionnaire surgit de la pratique, et la révolution est la forme suprême de la pratique.

L'acte créateur ne peut réussir et voir le jour que quand certaines conditions se trouvent satisfaites au sein du groupe, conditions dont les principales se résument comme suit :

A/ Conditions générales :

I. Extirper et combattre l'esprit bureaucratique, institutionnaliste, le parasitisme, le favoritisme, ainsi que l'esprit démagogique. Ne rien entreprendre sans la consultation de tout le groupe.

II. Extirper et combattre l’égoïsme et toute forme d'oppression et de répression, et développer en soi l'amour du peuple, la fraternité dans le combat commun, l'esprit de sacrifice et de dévouement.

III. S'affranchir véritablement de la mentalité de colonisé.

IV. Former un esprit commun avec des intelligences multiples.

V. Édifier des rapports inter-personnels régis par l'importance de la conscience politique, l'étendue de la culture et la compétence artistique, cela dans un esprit de compréhension et de travail collectif.

VI. Acquérir et développer l'esprit scientifique, l'amour désintéressé du savoir et de la recherche, de la sensibilité artistique.

VII. Refuser l'esprit de la « Proletkultur » pour s'intégrer totalement, grâce à l'application du théâtre-guérilla, aux masses pour s'éduquer en leur sein et les éduquer, établissant ainsi un dialogue vivant, sincère et permanent avec la population.

B/ Principes artistiques

I. Être révolutionnaire dans la vie implique être révolutionnaire dans le théâtre, dans son contenu et dans sa forme.

II. Promouvoir une culture du réel, directe et socialiste.

III. Chaque acte artistique ne peut être entrepris que s'il sort vainqueur de la critique et de la remise en question scientifique. Chaque acte artistique doit répondre à la question : pourquoi comme ceci et non pas comme cela ?

IV. Être conscient que plus le niveau artistique est haut, plus l'impact politique est profond.

V. Entreprendre la création d'un théâtre qui ne peut être qu'expérimental, en vue de la recherche d'un art tirant sa matière première et présentant un contenu et une forme issus des réalités socio-historiques nationales.

VI. Complètement résolus à ce que les points énoncés ci-dessus ne demeurent pas simple phraséologie trompeuse, mais reçoivent une APPLICATION PRATIQUE fidèle, TOUTES NOS FORCES PHYSIQUES ET INTELLECTUELLES SERONT MOBILISÉES AVEC L'ESPOIR DE RÉUSSIR.

Claire-fontaine (Oran), septembre 1968.

 

Pour

Rencontre – Débat, Vente – Dédicace, Réception du livre

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Éditions Dar al Quods al Arabi

055 623 0762 / 067 410 6005 - quds101arabi@gmail.com

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Rédigé par Kadour Naimi

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Publié le 31 Décembre 2024

Pourquoi 350 est supérieur à 30.000 ? Idéal  et  stratégie

« A horse ! A horse ! My kingdom for a horse ! »

Richard III, Shakespeare

Vérité, où es-tu ?

Ce roi demanda l’échange de son royaume contre un cheval, pour fuir la défaite lors d’une bataille. Comment en est-il arrivé à cet échec ?… Lisez la pièce : elle montre le degré de cynisme avec lequel ce despote réduisait les autres à des laquais manipulés à sa guise. Il jouait sur leur obsession de richesse, de poste honorifique, de gloire. Avec quoi ?… L’arme de destruction massive des personnes et des nations : la corruption1.

Le sort de ce monarque m’est revenu à esprit en lisant une information, donnée par Alexander Mercouris, analyste international compétent : la ville d’Alep fut conquise par 350 (trois cents cinquante) attaquants contre 30.000 (trente mille) défenseurs de l’armée gouvernementale.

Comment un tel exploit eut-il lieu ?

Dans sa première déclaration, après sa fuite de Syrie, l’ex-Président Bachar Al Assad écrit2 :

« À ce moment charnière de l’histoire de notre nation, où la vérité doit être rétablie, il est nécessaire d’apporter des éclaircissements dans cette brève déclaration. (…) il est apparu clairement que nos forces s’étaient entièrement retirées des lignes de combat et que les dernières positions de l’armée étaient tombées. (…) À aucun moment, je n’ai cherché à occuper des fonctions pour un profit personnel. Je me suis toujours considéré comme le gardien d’un projet national qui tirait sa force de la foi du peuple syrien, convaincu de sa vision. J’ai toujours cru fermement en leur volonté et leur capacité à protéger l’État, à défendre ses institutions et à honorer leurs choix jusqu’à la dernière minute. »

Dans ces extraits et dans toute la déclaration, une vérité, des éclaircissements manquent : pour quels motifs 1) les forces armées se sont retirées ? 2) la « volonté » et la « capacité » du peuple n’ont pas protégé l’État ?

Des analystes avouèrent leur stupéfaction devant la victoire des assaillants.

On l’expliqua par les soutiens divers : États-Unis, Israël, Turquie, ainsi que par l’embargo qui avait affaibli tous les secteurs sociaux.

D’accord. Cependant, il s’agit là de facteurs externes. On sait, ou devrait savoir, qu’ils échouent là où la situation interne est solide : autrement dit un peuple et une armée réellement convaincus et capables de neutraliser toute forme d’agression interne, soutenue par des éléments externes.

L’ex-Président syrien ne devait-il pas, donc, avouer la vérité et les éclaircissements sur le peuple et l’armée défaits ? Sa déclaration ne reflète-t-elle pas, à son insu, son ignorance ou son occultation de la vérité ? Et n’est-ce pas cette vérité qui explique la chute très rapide de son État ?

Rappelons la guerre de libération nationale algérienne et celle vietnamienne d’abord contre le colonialisme français puis l’impérialisme états-unien. Dans les deux cas, des éléments autochtones, contre leurs propres peuples, servaient les dominateurs étrangers. Pourtant, les peuples et les armées algériens et vietnamiens sortirent vainqueurs des conflits.

On peut également rappeler l’agression de mercenaires, soutenus par l’armée U.S. et la CIA, contre Cuba sur la baie des cochons. Là, aussi, l’armée et le peuple cubains furent vainqueurs. Encore ceci : malgré l’embargo général des États-Unis contre Cuba, l’armée impérialiste et ses mercenaires n’osent pas agresser l’île. L’oligarchie U.S. sait qu’elle devrait affronter une armée et un peuple qui, malgré toutes leurs difficultés, sont convaincus de leur principe « Patria o muerte ! »

Alors, pourquoi, en Syrie, à Alep, 350 rebelles ont vaincu 30.000 soldats de l’armée régulière syrienne, qui ont fui le champ de bataille ? Ensuite, pourquoi l’armée syrienne toute entière s’est évaporée sans combattre ?

Sun Tzu écrivit : « La meilleure victoire est celle que l'on obtient sans combat3. » Surtout, dirait Shakespeare, quand, dans le royaume ou la république, quelque chose est pourri.

Alors, question : le motif de la chute du régime de Assad n’a-t-elle pas eu, comme cause première et fondamentale, une pourriture-corruption du système, malgré certains de ses aspects positif, comme la laïcité et un relatif soutien au Front du Refus anti-sioniste?

L’idéal !

N’est-il pas l’élément décisif, dans la guerre comme dans les autres domaines ?

Les peuples vietnamien, algérien étaient nettement inférieurs dans le domaine matériel face aux machines de guerre française et états-unienne. Pourtant, ces dernières furent vaincues. Mao Tsé Toung explique : « Les armes sont importantes, mais plus importants encore sont les hommes qui les utilisent. »

Je me rappelle un documentaire vietnamien, vu dans ma jeunesse. Aux abords d’une rizière, un soldat Viet-Minh enseignait à une paysanne comment utiliser un simple fusil pour abattre un hélicoptère U.S.

Ce qui manqua à l’armée et au peuple syrien, c’est l’idéal : vaincre ou mourir, mieux encore : vaincre pour ne pas mourir.

Dernièrement, une vidéo montrait quelques combattants de HTS (Harakat Tahrir A Cham) sur une route. L’un d’eux déclara, et il semblait sincère : « Nous ne sommes que de pauvres gens. Nous combattons au nom de Dieu Tout Puissant ! ».

Certes, les dirigeants de cette organisation proviennent, en majorité, de couches sociales aisées. Mais, les combattants de base, la chair à canon, viennent des strates démunies, en majorité sinon tous. Comme dans tous les conflits, partout et toujours.

À un être humain, dépourvu des conditions matérielles minimum de vie, sans instruction correcte, fournissez un idéal, qu’il soit authentique ou fallacieux ; généralement, il l’adoptera parfois jusqu’à le défendre au risque de mourir ou de tuer.

Stratégie

L’idéal sans stratégie correcte demeure insuffisant.

Les meilleurs acteurs et théoriciens de l’exemplaire Commune de Paris de 1871 expliquèrent la défaite par deux motifs : le manque d’organisation et la carence de personnes instruites pour encadrer le peuple.

En Bolivie, Che Guevarra et ses guérilleros, malgré leur idéal indiscutable, furent vaincus. La stratégie du « foco » (foyer) révolutionnaire ne fonctionna pas : ils lui manquaient une mobilisation suffisante du peuple et une stratégie militaire adéquate.

« Le révolutionnaire est comme le poisson dans l'eau. » (Mao Tsé Toung) Il en est de même du militaire, quand il est l’émanation de son peuple : ce dernier est son eau.

 

Réciprocité

« Les impérialistes sont de mauvais élèves » (général Giap) : à long terme, leurs agressions se révèlent des défaites.

Les dictateurs, eux aussi, sont de mauvais élèves. En fin de compte, ils fuient leur pays en ruine (en s’assurant une vie dorée ailleurs), meurent en le laissant économiquement en panne, sont assassinés par des opposants.

L’efficacité de l’arme (du matériel, d’une armée) dépend de l’idée (idéal) qui l’anime. Cet idéal dépend de la qualité du lien entre cette armée et son peuple. Ces deux dépendent de la stratégie conçue et pratiquée pour créer une nation capable de neutraliser toute opposition intérieure complice d’une force étrangère, quelle que soit leur puissance matérielle.

Dès lors, s’il est nécessaire d’accorder toute l’attention aux potentiels agresseurs, accordons la même attention à ce qui, dans la nation, facilite leur objectif. L’histoire enseigne : les données internes déterminent la capacité de nuisance de l’élément externe. Et Sun Tzu observa : connaître les faiblesses de l’adversaire ne suffit pas, il faut tout autant connaître nos propres faiblesses, et y remédier. Soyons de bons élèves : ne justifions pas nos défaites par les forces de l’adversaire, mais par nos carences. Ayons l’honnêteté et le courage de déceler et d’admettre la vérité : si elle est amère, trouvons comment la rendre douce. Comment ?… Idéal et stratégie.

1 http://kadour-naimi.over-blog.com/2024/12/corruption-l-ennemi-public-numero-1-et-comment-le-neutraliser.html

3L'Art de la guerre, chapitre 3 : L'attaque par la stratégie.

*

28 décembre 2024

 

https://www.algeriepatriotique.com/2024/12/28/pourquoi-350-est-superieur-a-30-000/

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Rédigé par Kadour Naimi

Publié dans #AUTOGESTION, #EDUCATION-CULTURE, #PEUPLE-DEMOCRATIE

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Publié le 19 Décembre 2024

Corruption : l’ennemi public numéro 1  et comment le neutraliser

Les analyses des événements en Syrie évoquent la corruption comme l’une des causes de la chute du système politique précédent ; ces analyses semblent, à mon avis, ne pas accorder à la corruption son importance stratégique comme motif explicatif.

Importance de la corruption

Dans un panier, un fruit pourri gâche les autres ; sur un arbre, des vers pourrissent un fruit jusqu’à sa chute par terre.

Pour dominer un peuple, la première méthode consiste à corrompre ses élites dirigeantes. Ensuite, la corruption s’étend aux différentes couches de la société, des plus influentes (économique, militaire) à celle qui façonne l’opinion citoyenne (la culture).

La corruption peut commencer par le bas de la pyramide sociale : le peuple, soumis à une existence matérielle trop difficile, recourt aux moyens les plus illicites pour survivre, dont la corruption.

La corruption peut naître par la courroie de transmission entre les dirigeants étatiques et le peuple, pour une amélioration des conditions matérielles, par exemple juge, policier, douanier, soldat, employé, enseignant, jusqu’au simple portier d’un immeuble.

La corruption peut commencer par le haut de la pyramide sociale. Les dirigeants du pays succombent au désir d’enrichissement pour jouir de villas, de véhicules, de compte bancaire à l’intérieur ou/et à l’étranger.

Dès lors, la nation, dans ses divers domaines, dévorée par la corruption, devient une proie facile à ses ennemis internes ou/et externes.

Quelques rappels historiques

De l’antiquité à aujourd’hui, le problème est identique : pour dominer un peuple et sa nation, par des agents autochtones (dictature) ou/et étrangers (impérialisme), il faut corrompre.

Un étranger, venu dans l’antique Sparte et ne voyant pas de muraille, s’inquiéta auprès du chef de la cité. Ce dernier lui montra les paysans au travail dans les champs : « Voici notre muraille ». Les citoyens étaient tous dotés d’une formation militaire adéquate et d’une idéologie conséquente.

Vous étonnerez-vous, par exemple, de voir les manifestations de liesse de Syriens, après la chute du système politique des Assad ?… Les dirigeants de cette nation n’ont pas voulu constituer leur peuple en muraille capable de résister aux agressions, interne ou/et externe. Je dis « voulu », car un peuple-muraille signifie lui donner la capacité culturelle de savoir défendre sa patrie contre deux dangers : 1) une dictature interne, 2) une agression étrangère.

La Muraille de Chine fut construite pour protéger le pays des invasions. Informations données par Chat-GPT :

« Corruption et trahisons

L'idée que des gardiens de la Muraille de Chine aient été corrompus par les Mongols fait référence à des événements spécifiques où des officiers ou des fonctionnaires locaux, ou même des membres de l'élite, ont trahi leurs propres dirigeants pour s'allier avec les envahisseurs. Par exemple, dans le cadre de la dynastie Jin, certains officiers ou seigneurs locaux ont ouvert les portes ou facilité l'accès des Mongols en raison de leurs alliances secrètes, de leur insatisfaction envers leur propre gouvernement ou, dans certains cas, de pots-de-vin.

Les Mongols, en tant que conquérants, étaient également très habiles à exploiter les divisions internes entre les peuples qu'ils attaquaient. Ils ont souvent promis des récompenses, des postes de pouvoir ou des terres à ceux qui se ralliaient à leur cause. Cela a conduit à plusieurs trahisons, y compris parmi les gardiens des fortifications de la Muraille de Chine, bien que les sources historiques sur cet aspect soient parfois floues.

Ce qui est certain, c'est que la stratégie des Mongols a été aussi psychologique que militaire, exploitant à la fois la corruption, la division interne et les faiblesses des dynasties chinoises pour parvenir à leurs fins. »

Comment l’Empire romain a conquis d’autres nations ?… Par la corruption de leurs dirigeants. Durant la guerre contre l’impérialisme romain menée par Jugurtha, quel aspect inquiéta le plus l’oligarchie romaine ?… Non pas les victoires militaires du chef numide, mais un autre fait : il utilisait la même arme que les Romains, à savoir corrompre par l’argent des représentants de l’oligarchie romaine.

Quel motif déterminant explique la chute du système « soviétique » ?… Si l’on prend la peine de connaître l’histoire réelle, et non pas la propagande, on découvre ce motif dans les toutes premières années de l’installation de ce système :

« Il avait rudement raison, ce paysan qui déclara au VIIIe Congrès des Soviets :

« Tout va très bien... Seulement, si la terre est à nous, le pain est à vous ; l’eau est à nous, mais le poisson est à vous ; les forêts sont à nous, mais le bois est à vous..."

A part ça, le travailleur ne doit pas s’en faire1. »

Autrement dit, après le Révolution d’Octobre, très vite, une caste privilégiée se constitua et imposa sa domination, camouflée en « dictature du prolétariat ». Le pourrissement de la « pomme » se concrétisa en soixante-dix ans (19212-1991).

Durant l’agression militaire états-unienne contre l’Irak, Scott Ritter, analyste en géo-stratégie, déclara : quatre-vingt généraux de l’armée irakienne, complices de l’armée U.S., furent emmenés aux États-Unis.

En 2024, l’AIPAC, organisme états-unien lobby sioniste, affirma avoir acheté environ 65 % des Représentants du Congrès U.S. Face à eux, que peut faire le Président élu du pays, Trump ?

À propos de la chute de la Syrie, que sont devenus les dirigeants de l’armée ?

Comment opère les agences, clandestines ou déclarées type ONG, d’une oligarchie impérialiste actuelle pour recruter des représentants des élites d’une nation, puis changer le système politique en faveur des intérêts de cette oligarchie étrangère ?… Par des pots de vin, l’octroi de bourses, la formation de « Young Leaders », le financement plus ou moins occulte d’activités dans tous les domaines, notamment culturel (Centres, Instituts, etc.), la publication des « œuvres » et la diffusion des déclarations largement médiatisées d’« influenceurs ».

L’argent, utilisé pour enrichir les éléments corrompus d’une nation, est le moyen de soumission. Tous les autres domaines suivent : économie, militaire, culturel.

Agent corrupteur et agent corrompu

À l’intérieur d’une nation, l’oligarchie dictatoriale crée une caste opportuniste, assoiffée d’enrichissement, pour encadrer le peuple et vivre à son détriment.

À l’échelle internationale, l’oligarchie impérialiste crée une oligarchie autochtone à son service : les deux vivent de l’exploitation des richesses naturelles de la nation vassale.

Si l’argent se révèle insuffisant comme moyen de soumission, il est complété par l’exercice de la violence. Elle s’exerce par la dictature autochtone ou/et par l’agression militaire étrangère. Cette violence est d’autant plus efficace que le degré de corruption dans la société est grave.

L’argent permet de constituer des armées mercenaires, capables de renverser des régimes politiques corrompus ; et le manque d’argent fragilise les armées jusqu’à les rendre inefficaces face à une agression militaire interne ou/et externe3. L’argent est le nerf de la guerre, et de la force ou de la faiblesse d’une nation.

Solution

Une nation indépendante, un peuple souverain doivent, en premier lieu, éliminer toute forme de corruption parmi leurs représentants, dans tous les domaines.

Pour qu’une nation soit victorieusement résistante à une agression étrangère, il faut que cette nation le soit à ses contradictions internes. Pour l’être, il faut que son peuple soit informé et conscient des enjeux. Pour qu’il le soit, il faut un rapport non de peur, de méfiance et d’hostilité, mais de confiance et de coopération entre dirigeants et dirigés, dans tous les secteurs de l’activité sociale.

Cette excellence de situation d’une nation n’est pas facile à réaliser : les corrompus existent dans toute société. Plus grave encore : ils pratiquent l’art de se présenter comme les meilleurs défenseurs de la nation et du peuple, d’où la difficulté de repérer leurs méfaits.

Comment découvrir ces derniers, pour les neutraliser ?

Tout représentant ou défenseur de la nation et du peuple, qui agit dans le domaine social, doit rendre public son compte bancaire et ses biens matériels. Ces informations doivent être connues avant l’entrée en fonction et à la fin de celle-ci : cela permet de vérifier si, durant l’activité publique, la personne n’en a pas profité pour s’enrichir illégalement.

Un organisme national de contrôle, constitué en réseau dans tout le pays, vérifie la conformité des déclarations de ces représentants. Cet organisme fonctionne correctement à une condition : que les dirigeants étatiques le permettent ; et, pour qu’il en soit ainsi, elles doivent défendre réellement les intérêts de leur peuple.

Est-ce là une proposition utopique ?… Des indices de Perception de la Corruption dans les diverses nations existent. Il servent d’indicateurs aux investisseurs et aux… corrupteurs. Il est donc possible de réduire la corruption à un minimum qui met hors de danger le fonctionnement correct d’une nation.

Accuser les corrupteurs d’asservir des corrompus, c’est reprocher à un serpent d’émettre son poison, à un virus d’envahir le corps : stupide et inutile. L’attitude correcte est de veiller à ce que le serpent n’utilise pas son venin, que le virus n’envahisse pas le corps. Le venin ou le virus, dans une société, sont les individus dépourvus de dignité humaine : ils se vendent au plus offrant et accomplissent ses ordres les plus abominables, en se présentant comme les personnes les plus bienfaitrices. Prévenir vaut mieux que guérir.

1 Voline : La révolution inconnue Russie 1917 – 1921.

2 Si on considère non pas 1917, date du renversement du régime tsariste, mais 1921 : date de l’écrasement militaire par les Bolcheviks du Soviet de Kronstadt et des Soviets d’Ukraine.

3On a dit que, juste avant l’attaque victorieuse contre le gouvernement Assad, le soldat syrien recevait une solde mensuelle de 15 dollars alors que pour nourrir sa famille il devrait disposer au moins de 200 dollars.

*

Publié 16 décembre in

https://www.algeriepatriotique.com/2024/12/16/corruption-comment-neutraliser-cet-ennemi-public-numero-un/

https://reseauinternational.net/corruption-lennemi-public-numero-1-et-comment-le-neutraliser/

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Rédigé par Kadour Naimi

Publié dans #AUTOGESTION, #EDUCATION-CULTURE, #PEUPLE-DEMOCRATIE

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Publié le 12 Décembre 2024

De la guerre de libération culturelle

« Si nous venons à mourir, défendez notre mémoire. »

Didouche Mourad

Comment est-on arrivé là ?... Une paire de misérables éthiquement, et médiocres littérairement1 néo-harkis mobilisent tant d’énergie d’Algériens et de sympathisants du peuple algérien pour dénoncer des calomnies.

Rappel d’une métaphore, lue durant mon adolescence. Auteur : Mao Tsé Toung. Si un poing frappe une tomate, qui se brise ?… La tomate. Si le même poing frappe un caillou, qui se brise ?… Le poing. Autrement dit : les contradictions internes priment sur les contradictions externes (encore Mao). Conclusion : l’action externe (de l’adversaire) a d’autant plus d’impact que la contradiction interne2 est grave.

Cette introduction, pour dire quoi ?… Répondre à des calomnies est nécessaire, mais pas suffisant : il reste à trouver des solutions aux problèmes qui ont permis les calomnies. Remercions les ennemis pour avoir attiré l’attention sur nos carences3.

Guerre de libération nationale

Nous voici brusquement réveillés à défendre l’épopée libératrice, parce que deux, seulement deux chiens de garde l’ont diffamée : pour eux, les combattants de la libération nationale sont des nazis, des lâches, des profiteurs, des menteurs, des terroristes, etc. Comment peut-on oser ces calomnies ?

Après un séjour prolongé au Vietnam et en Chine, de retour en Algérie, je suis resté stupéfait par la carence des témoignages sur l’épopée libératrice nationale. Comme toutes les épopées, elle eut ses aspects admirables et d’autres pénibles. Toutefois, s’il est difficile d’évoquer ces derniers, il est d’importance vitale de rappeler les premiers.

Dans les deux pays asiatiques visités, les autorités célèbrent et honorent leurs libérations de l’impérialisme de toutes les manières possibles, partout, en tout temps, dans toutes les couches de la population4.

En comparaison, en Algérie, célébrations et commémorations sont insuffisantes : combien de musées de la mémoire dans les villes, dans les villages, sur les champs de bataille eux-mêmes ? Combien de documentaires et témoignages de survivants ou de leurs enfants dans les émissions télévisées ? Combien de films, de documentaires et de séries, de pièces de théâtre, bien réalisés, de romans et d’essais bien écrits ? Combien d’écoliers, de lycéens, d’étudiants sont emmenés pour visiter les musées concernant cette période, à recevoir dans leurs établissements des témoins ?

Ces carences vont, parfois, jusqu’au ridicule : allez voir, à Oran, les statues de moudjahidines sur la place de Mdin Jdida et celle au rond-point près du lycée Lotfi.

Les carences sont telles que les néo-harkis peuvent mettre en question la dignité de la guerre libératrice, et des jeunes, nés après l’indépendance, regrettent les « bienfaits » de la France, estiment qu’« avant, c’était mieux » : ils avancent comme preuve le nombre d’Algériens émigrés en France où rêvant d’y aller, les enfants de privilégiés qui étudient puis restent en France.

Quelle réaction est la meilleure, la plus efficace ?… Se contenter de répondre que ces critiques sont des calomnies, ou se dépêcher à éliminer les carences jusqu’à rendre les calomnies insignifiantes ?

Bien entendu, les impérialistes vaincus, leurs idéologues et les néo-harkis persiflent : « Vous êtes revanchards ! Oubliez le passé ! » Pire : ils se servent de la décennie noire pour occulter, déprécier non seulement la guerre de libération nationale, mais proclamer les « bienfaits de l’époque coloniale », la « fainéantise des indigènes », les colons plus compétents à cultiver et aimer la terre algérienne.

Imaginons deux prétendus ou vrais écrivains français. L’Allemagne leur octroie la citoyenneté allemande, puis, de ce pays, les deux individus vanteraient les « bienfaits de l’occupation nazie en France », la « fainéantise des indigènes français » lors de leur défaite face à l’armée allemande, le « terrorisme » des résistants français, écrire un roman sur un Allemand nazi qui a rejoint la résistance française pour insinuer que cette dernière pratiquait une idéologie nazie, dénoncer « l’obscurantisme de la religion catholique » française face aux « lumières » du protestantisme allemand. Quel traitement les Français patriotes réserveraient aux auteurs de ces allégations ? Robert Brasillach, cela vous quelque chose ?

Question : l’outrage à l’histoire algérienne et à son peuple, par deux néo-harkis devenus français par condescendance de sa Majesté Macron, cet outrage ne trouve-t-il pas sa source dans notre carence à maintenir vivace le prix consenti par le peuple algérien pour se débarrasser des criminels du passé ? Par conséquent, outre à dénoncer les « contrebandiers de l’histoire », selon la juste expression de Rachid Boudjedra, au-delà des paroles défensives, il reste à passer à l’offensive : trouver comment raviver l’esprit patriotique en Algérie.

Drame migratoire

Les ennemis du peuple algérien ont beau jeu de dénoncer nos compatriotes qui vivent en France et ceux qui rêvent d’y aller, du jeune chômeur le plus démuni jusqu’au docteur en ceci ou cela, jusqu’au harraga qui préfère risquer la noyade. Dans le quartier populaire où je vis, j’ai entendu un gamin de dix ans me déclarer : « Dès que je ramasserai l’argent nécessaire, al harga ! »

En 1972, je signalais déjà cette tragédie5. Le Vietnam, l’indépendance acquise, mit fin à l’émigration de ses travailleurs ; Cuba, après la victoire patriotique, opéra de même. Et ces deux pays ne possèdent ni pétrole ni gaz.

Pourquoi, en Algérie, dotée de ces deux matières premières, l’émigration non seulement persiste, mais s’aggrave ? Certes, des Algériens retournent au pays pour contribuer à son développement ; leur nombre est insuffisant.

L’oligarchie française, ses chiens de garde et ses néo-harkis n’ont-ils pas beau jeu de soulever ce problème ?… Et s’il est correct de leur rétorquer les 132 années de colonialisme, est-ce suffisant, après 60 ans d’indépendance ? Ne faut-il pas étudier au plus vite et au mieux comment mettre fin à l’hémorragie migratoire des Algériens, et intéresser ceux de la diaspora à revenir pour contribuer au développement du pays ?

Régression culturelle

Réelle et affligeante en Algérie, elle permet aux néo-harkis de proférer leurs calomnies. S’ils étaient réellement, comme ils le prétendent, des amis du peuple algérien, ils proposeraient des solutions.

L’un des motifs de ce fléau est dans la préférence donnée par trop de responsables à la médiocrité. Elle privilégie l’obéissance de béni-oui-oui, et exclut la compétence ; celle-ci, basée sur l’honnêteté, agit uniquement selon des critères objectifs performants. Pour parler uniquement dans mon secteur de compétence, - théâtre, cinéma, littérature, critique dans ces domaines -, je suis effaré par la futilité, d’autant plus futile qu’elle est arrogante6 : les ignorants applaudissent le charlatan, haïssent celui qui invite à reconnaître les carences et à s’efforcer de les combler.

Qu’a-t-on fait et que fait-on, réellement, pour redonner à la vie culturelle algérienne les conditions de son renouveau, de son dynamisme, de sa valeur nationale et internationale ?… Certes, les locaux existent, le financement de même : où est la substance humaine ?

Si elle n’existe pas, comment l’expliquer après 62 ans d’indépendance ? Si elle existe, pour quel motif ne pas la solliciter ? Un peuple sans culture adéquate peut-il résister aux agressions culturelles, prémisses à celles militaires ?

Économie et espace public

S’il est vrai que les autorités étatiques montrent un effort réel dans ces deux domaines, le succès stratégique sera réalisé seulement quand le pays ne dépendra plus de ses matières premières, concrétisera une auto-suffisance dans tous les domaines, et assurera un espace public digne de ce nom.

Ne pas se tromper

Les Algériens ou d’origine algérienne, comment savoir si leur prétention à aimer et défendre le peuple algérien est sincère ?… Très simple : au lieu d’insulter ce peuple en invoquant ses carences, ils proposeraient des solutions ; elles prouveraient leur respect de ce peuple et leur honnête collaboration à son progrès dans tous les domaines.

L’adversaire du peuple algérien n’est pas le peuple français : l’oligarchie de France manipule, exploite et opprime celui-ci comme elle veut réduire celui-là au même traitement. Rappels historiques significatifs :

- 1848 : après la révolution de février qui renversa le roi Louis-Philippe, des mouvements populaires éclatèrent à la fois en Algérie et en France. Cavaignac, général de l'armée française, réprima en Algérie les révoltes d'indigènes, puis retourna à Paris où, nommé ministre de la Guerre, il dirigea l'armée qui massacra l’insurrection ouvrière. Cavaignac devint un héros national.

- 1870-1871 : l’armée massacra, à Paris, des milliers de prolétaires de la Commune, et, en Algérie, les indépendantistes autochtones. Des survivants se retrouvèrent ensemble au bagne en Calédonie.

Après cela, peut-on s’étonner que les deux néo-harkis dont je parle fassent partie de la tendance fasciste-sioniste en France ? Leur haine du peuple algérien ne révèle-t-elle pas une haine identique pour le peuple français ?

Veillons à la solidarité entre les peuples. Leur opposition ne profite qu’aux oligarchies. Utilisons les mots adéquats : ils sont des armes clarificatrices. L’ennemi du peuple algérien n’est pas « la France », c’est l’oligarchie qui le domine, elle-même soumise aux oligarchies états-unienne et colonialiste sioniste.

Une oligarchie étrangère peut-elle aider un peuple en difficulté ?… Ah, oui : lui « porter la démocratie », la « libération de ses femmes opprimées », les « droits de l’homme », le « libérer de l’obscurantisme ». Comme en Afghanistan, en Irak, en Libye ? Auparavant, au Vietnam, en Chine, en Algérie, en Afrique, etc. ? Aujourd’hui, en Syrie, au Liban ?

Il faut être un fieffé mercenaire pour utiliser ces arguments de propagande, ou un crétin total pour croire à leur efficacité. À moins de maintenir un peuple dans l’ignorance ou l’insuffisante connaissance de son passé de résistance, de favoriser une « élite » autochtone médiocre, parce que opportuniste, au détriment des authentiques intellectuels.

Des paroles aux actes

La guerre des opinions, dite cognitive, - je l’appelle culturelle, même si le terme semble démodé -, ne se gagne pas uniquement avec les paroles, mais, tout autant et d’abord, par les actes concrets pour combler les lacunes.

Pourquoi les Vietnamiens n’ont pas leurs néo-harkis en France ou aux États-Unis, et les Chinois, pas au Japon ? S’ils existent, leur influence est tellement dérisoire qu’elle n’oblige pas à des réponses. Informez-vous de la manière dont les dirigeants vietnamiens et chinois entretiennent la mémoire de leur épopée, ont mis fin à l’émigration de leurs concitoyens, ont donné vie à leur activité culturelle, et vous aurez des exemples d’inspiration pour l’Algérie.

Qui objecterait : Nous n’avons pas à nous inspirer d’autres expériences. Réponse : les initiateurs de la guerre de libération algérienne ne se sont-ils pas inspirés de celle vietnamienne ? Et, d’une manière générale, n’a-t-on pas le principe « Apprends la science, même si de la Chine » ? Tous les peuples progressent en s’inspirant correctement les uns des autres.

À qui sait voir et comprendre, tous les indices montrent des faits : 1) l’oligarchie française veut effacer son humiliation politico-militaire coloniale par une revanche ; 2) l’oligarchie coloniale israélienne veut se débarrasser d’une Algérie partisane intransigeante du peuple palestinien ; 3) une partie de l’oligarchie états-unienne soutient le projet israélien ; 4) l’oligarchie marocaine, néo-colonisée, voudrait éliminer une république algérienne indépendante, soutien de l’auto-détermination du peuple sahraoui. Toutes ces oligarchies trouvent leur intérêt à réduire l’Algérie à un Liban déchiré, une Libye démembrée ou un génocide à Gaza. Fragmenter les pays, opposer leurs ethnies respectives, financer une cinquième colonne (néo-harkis), calomnier pour créer des conflits entre peuples voisins7. Contester ce fait procède d’une ignorance ou d’une manipulation.

Les combattants de la guerre de libération nationale arrachèrent l’indépendance. Aux générations suivantes de la mériter : d’abord, en trouvant les solutions convenables à toutes les carences qui permettent aux ennemis du peuple algérien d’agir.

Le plus vite serait le mieux : la guerre des opinions contre l’Algérie prépare celle des bombardements pour la reconquérir. Pas nécessaire d’être spécialiste en stratégie ou de lire dans une mare de café pour le savoir : il suffit de consacrer le temps à connaître les faits sur les médias encore libres.

Les premières déclarations des nouveaux ministres algériens, en particulier de la Communication et de la Culture, permettent d’espérer que les intentions soient validées par les actes. Le peuple algérien a vaincu l’oligarchie française par la conquête de son indépendance politique ; il lui reste à la vaincre sur le plan culturel. Larbi Ben Mhidi remarqua, en substance : si la guerre de libération nationale est difficile, la construction qui nous attend après est encore plus difficile.

Il est vital d’empêcher que la peste répandue par les deux néo-harkis prolifère (8), soutenue par une rémunération et une médiatisation adéquates par des oligarchies dont il faut estimer correctement la dangerosité. Comment ?… Appliquer à l’application réelle de la devise : « Par le peuple et pour le peuple ». Si l’on prétend qu’il est incapable de cette gestion, la mission urgente ne consiste-t-elle pas à l’y former ? Comment, sinon par la culture ? Par qui, sinon par des personnes éthiquement honnêtes, professionnellement compétentes ?

2 Ahmed Bensaada parle d’ « anfractuosité » et de guerre « cognitive ».

5Elle causa la rupture de ma collaboration avec Kateb Yacine lors de la réalisation collective de « Mohamed, prends ta valise ! » : voir mon mon livre « THÉÂTRE : BEAUTÉ VÉRITÉ BONTÉ ».

7Seuls les naïfs croiront que Boualem Sansal, en parlant de villes de l’ouest algérien, ignorait l’histoire. En fait, il la connaît, mais sa déclaration visait à attiser les hostilités entre les peuples marocain et algérien. Méthode pratiquée par Joseph Goebbels : plus le mensonge est gros, plus il a des chances d’être cru.

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10 décembre 2024

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Rédigé par Kadour Naimi

Publié dans #EDUCATION-CULTURE

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Publié le 29 Novembre 2024

Du talent littéraire dans « Houris » de Kamal Daoud

De la plus grande à la moindre maison d’édition, dans le monde entier, la première page d’un texte annonce sa valeur, à moins que le critère de décision soit autre que littéraire.

À propos des critiques sur « Houris » de K. Daoud, je n’ai pas lu d’analyse, citations à l’appui, sur la qualité littéraire du texte, d’où mes observations : je me contente de la première page du roman, pour le motif déjà signalé. Les italiques sont les miennes.

Texte

« La nuit du 16 juin 2018, à Oran.

Le vois-tu ?

« Je montre un grand sourire ininterrompu et je suis muette, ou presque. Pour me comprendre, on se penche vers moi très près comme pour partager un secret ou une nuit complice. Il faut s’habituer à mon souffle qui semble toujours être le dernier, à ma présence gênante au début. S’accrocher à mes yeux à la couleur rare, or et vert, comme le paradis. Tu vas presque croire, dans ton ignorance, qu’un homme invisible m’étouffe avec un foulard, mais tu ne dois pas paniquer. Dans la lumière, j’apparais comme une femme de taille élancée, exténuée, à peine vivante, et mon immense sourire figé ajoute au malaise de ceux qui me croisent. Ce sourire, illimité, large, presque dix-sept centimètres, n’a pas bougé depuis plus de vingt ans. Il est un peu plus bas que le bas de mon visage et étire mes mots, mes phrases. Parfois, je le cache avec un foulard coloré ; le tissu, je le choisis toujours onéreux et rare. Je relève mes cols.

« Parlons, puisque l’occasion est inédite. Car, oui, tu es l’événement que je n’ai jamais imaginé. Il m’arrive du ciel, sur la tête, avec la précision d’une météorite sur le crâne d’un prophète affligé. Bavardons, sans nous arrêter. Si je me retiens, je devrai t’ôter la vie sans cérémonie, crûment, presque dans l’insouciance, comme un boucher qui bâillerait sur la carcasse »…

Examen

La langue française évite au maximum les répétitions, à moins de clarification sémantique ou de musicalité poétique. Dans le texte, ces deux conditions existent-elles ?

« Je montre un grand sourire ininterrompu et je suis muette, ou presque. »

De quel sourire s’agit-il, en fait ?… Une longue cicatrice au cou, résultat d’une tentative d’égorgement. Question : une femme réelle, victime de ce crime, parlerait-elle de sa blessure comme « sourire » ?

L’insistance répétitive sur le « sourire » (trois fois) de la part du personnage (de l’auteur), comment l’interpréter ? Est-ce là une obsession du personnage qui parle, ou de l’auteur qui lui prête ce mot ?

Quand à l’auteur du roman, sa métaphore n’est-elle pas incongrue ? Révèle-t-elle une compréhension emphatique du personnage (et du prototype réel) ou un sadique mépris pour elle ?… Il est vrai qu’un tueur, qui a mal tranché une gorge, aurait l’impudence de la comparer à un « sourire ». Mais si un auteur de roman, - dont le personnage incarné n’est pas ce tueur, mais la victime de son crime -, compare une cicatrice de tueur à un sourire, que penser de la nature de son imagination, de son psychisme ? Notamment, après sa condamnation par un tribunal pour violence contre son ex-épouse1.

*

« Ce sourire, illimité, large, presque dix-sept centimètres, n’a pas bougé depuis plus de vingt ans. »

Considérons la précision « dix-sept centimètres » : qui a vu un sourire de cette dimension ?… À moins de confondre avec un fait réel : une cicatrice d’égorgement. Ce mélange est-il adéquat, surtout quand il se réfère à une personne réelle ?

Veut-on lire dans quel style un vrai auteur emploie « sourire » et « canif » ?… « J’ai voulu rire comme les autres ; mais, cela, étrange imitation, était impossible. J’ai pris un canif dont la lame avait un tranchant acéré, et me suis fendu les chairs aux endroits où se réunissent les lèvres. » (Les Chants de Maldoror, Chant IV).

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« Il faut s’habituer à mon souffle qui semble toujours être le dernier,... »

Le verbe « semble » ne dispense-t-il pas de « être », pour éviter la lourdeur ? Les « qui » et « être », ne devrait-on pas les éviter en faveur d’une fluidité ? Par exemple : « Il faut s’habituer à mon souffle, en apparence le dernier ».

*

« S’accrocher à mes yeux à la couleur rare... ».

Les hiatus en « a » perturbent la fluidité et la musicalité de la phrase. Ne convient-il pas mieux : « S’accrocher à l’exceptionnelle couleur de mes yeux » ?

Dans « or et vert, comme le paradis » : où est la créativité ou l’originalité de l’image ? N’est-on pas en présence de banalité ?

Dans « couleur rare, or et vert », les hiatus en « r » sont-ils utiles ? Ne vaut-il pas mieux : « couleur inhabituelle » ou « unique » ? Ou, encore, au lieu de « couleur », « teinte » ?

L’emploi de « comme » ne rend-il pas le texte plat et prévisible ? Ne doit-on pas corriger avec une image plus visuelle, directe ? Par exemple : « Mes yeux, couleur inhabituelle : l’or et le vert du paradis », ou « Dans mes yeux, l’or et le vert du paradis ».

*

Répétition quatre fois de « presque ». Ne vaut-il pas mieux substituer le second par « Tu pourrais croire » ou « Tu croirais », le troisième par « environ », le dernier par « quasi » ?

*

« Parlons, puisque l’occasion est inédite. Car, oui, tu es l’événement que je n’ai jamais imaginé. »

En deux courtes phrases, le texte emploie « puisque », « car », « que » : depuis Flaubert, au moins, l’écrivain n’utilise pas ces conjonctions, considérées lourdes parasitaires, encore moins si elles sont tellement rapprochées. Comparez avec : « Oui, tu es l’événement inimaginable ».

L’assonance en « p » : « Parlons, puisque... » n’est-elle pas lourde, au détriment de la fluidité ? Comparons avec cette version : « Parlons, l’occasion est inédite. Oui, tu es l’événement inimaginable. »

*

« Parlons, puisque l’occasion est inédite. »

Cette répétition, quelques lignes plus loin, est-elle nécessaire ?

*

« Il est un peu plus bas que le bas de mon visage et étire mes mots, mes phrases. »

Un verbe plus réaliste et visuel n’est-il pas « déforme », « distend » ?

Comme style, dans « et » suivi de « étiré », l’assonance n’est-elle pas désagréable à l’oreille, choquante pour la musicalité ?

Dans « plus bas que le bas » : n’est-ce pas une redondance maladroite si l’on recherche l’élégance et le raffinement de l’expression ? Alternative : « un peu au-dessous de mon visage », « à peine plus bas que mon visage ». Ces expressions ne sont-elles pas plus descriptives et évocatrices ?

*

« Si je me retiens, je devrai t’ôter la vie sans cérémonie,... »

Les associations « devrai t’ôter » (« rai » et « t’ôter ») puis « t’ôter » ne manquent-elles pas de fluidité et d’élégance ? «  ôter » n’est-il pas un verbe désuet ?  Alternative : « Si je me retiens, je devrai te priver » ou « je devrai supprimer ta… »

*

« Il m’arrive du ciel, sur la tête, avec la précision d’une météorite sur le crâne d’un prophète affligé ».

Répétition de « sur ». On l’évite et même rend la sonorité de la métaphore plus percutante : « météorite fracassant le crâne d’un prophète », par imitation du fameux « Pour qui siffle ces serpents qui sifflent sur nos têtes ». Mieux encore : on peut accentuer l’effet sonore en remplaçant « affligé » par « terrassé » ou « terrorisé » : dans ce cas, la répétition de l’assonance en « r », devient plus frappante.

Examen de l’examen

Considérons les objections éventuelles. Les remarques ci-dessus :

- semblent négatives. Ne fournissent-elles pas des alternatives positives d’amélioration du texte ?

- critiquent les assonances. Elles peuvent enrichir un texte, en cas de non distraction du lecteur par un abus : un exemple est fourni avec les « r » au sujet d’une météorite.

- présentent une vision trop rigide de ce qu’est une « bonne » littérature. Un auteur est libre de son choix stylistique, s’il « viole » les règles de manière plaisante, originale et convaincante : est-ce le cas du texte examiné ?

- interprètent la métaphore du « sourire » de manière littérale. L’alternative de Lautréamont est citée : comparez les deux procédés et concluez sur le talent littéraire, sans oublier que Les Chants de Maldoror sont une vraie fiction, bien entendu inspirée de faits réels, non pris d’un secret médical2.

- ne considèrent pas l’ensemble du roman. Les intéressés à ce dernier peuvent le lire et vérifier la pertinence ou non de l’analyse de la première page.

- ignorent que l’examen de la forme littéraire peut occulter l’importance du contenu. L’analyse de la première page en tient compte par sa mise en relation avec le drame du personnage, dont le prototype réel vient de se déclarer publiquement.

on a découvert, désormais, le prototype réel. Quant à l’intention de l’auteur, elle se trouve dans ses multiples écrits journalistiques et déclarations télévisées, inutiles à mentionner ici.

- ignorent que l’examen de la forme littéraire peut occulter l’importance des intentions de l’auteur. Je n’ai pas trouvé ses déclarations à propos du style littéraire du roman.

Conclusion. À vous de juger si la première page du roman constitue une vraie littérature, marquée par l’originalité et la maîtrise formelle. Alors, vous trouverez une clarification : le motif qui décida la maison d’édition Gallimard à publier cet ouvrage, et les membres du Goncourt à l’honorer de leur récompense.

1 « la Cour d’Oran rappelle que le 5 février 2016, « S’est présentée la plaignante E. E. H. Nadjet devant les services de la Sûreté urbaine d’Oran pour déposer plainte contre DAOUD Kamel, et déclare qu’elle a subi des coups et blessures de sa part, étant donné qu’elle est divorcée de lui depuis 2016 et qu’elle a reçu un certificat d’incapacité de travail à cause des coups qu’elle a subi par un bâton en bois ». Le 18 juin 2018 en première instance, le mari violent a été condamné à une année de prison avec sursis et 20 000 dinars d’amende. Après deux appels Daoud voit disparaitre sa peine de prison, mais « l’amende pécuniaire » est maintenue, « Les dépens étant à la charge de l’inculpé d’un montant de 1800 DA au profit de l’état et fixe au maximum la durée de la contrainte par corps ». https://www.legrandsoir.info/quand-kamel-daoud-ami-de-macron-battait-son-ex-femme.html

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https://www.algeriepatriotique.com/2024/11/22/du-talent-litteraire-dans-houris-de-lecrivain-controverse-kamal-daoud/

22 novembre 2024

2 Sur ce point, une justice indépendante devra statuer.

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Rédigé par Kadour Naimi

Publié dans #NOUVELLE-ROMAN

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Publié le 17 Novembre 2024

COMMUNIQUE DE PRESSE

22 octobre 2024

Éditions Dar al Quods al Arabi a le plaisir de vous informer de la sortie de l’ouvrage :

THÉÂTRE : BEAUTÉ  VÉRITÉ BONTÉ - Kaddour Naimi

Kaddour Naïmi : Fondateur-Directeur du Théâtre de la Mer à Oran 1968-1972, de Maldoror Film Production & École Cinéma-Théâtre à Rome 1986-2009.

Ouvrage : Destiné aux professionnels, étudiants et amateurs, un manuel pratique de dramaturgie, d’interprétation et de mise en scène, complété par des éclaircissements théoriques basés sur des éléments inter-dépendants : Beauté (esthétique), Vérité et Bonté (éthique). La production théâtrale, en Algérie puis dans plusieurs pays, de 1968 à aujourd’hui, est examinée en considérant la personnalité de l’artiste dans le cadre d’une époque.

Pour

Rencontres de présentation et dédicace ou Réception du livre

contacter

Éditions Dar al Quods al Arabi : 0556023007062 - quds101arabi@gmail.com

ou l’auteur : 0559 85 43 80 - contact@kadour-naimi.com

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Rédigé par Kadour Naimi

Publié dans #THÉÂTRE

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Publié le 17 Novembre 2024

Remercions les ennemis !

En matière de liberté d’expression, voici quelques réflexions issues d’un travail de questionnement.

Histoire antique

Dans l’Athènes ancienne, un philosophe d’âge avancé, à la fin d’une discussion avec un jeune interlocuteur, admit son erreur et remercia. L’adolescent s’étonna :

- Si j’avais eu raison, expliqua le vieillard, c’est vous qui auriez appris. Vu que c’est moi qui eus tort, j’ai gagné quelque chose de vous, d’où ma reconnaissance.

À la manière de Xun Tzé

Si l’on connaît correctement nos idées justes, mais ignorons celles erronées, nous ne vaincrons pas la bataille culturelle. Si l’on connaît les idées erronées de l’adversaire, mais ignorons celles éventuellement justes, nous ne vaincrons pas la bataille culturelle.

Qui nous montre nos erreurs ?… Notre Ego ?… Pas certain. Nos amis ?… Pas toujours. Nos flatteurs ?… Jamais.

Restent nos adversaires : plus ils nous détestent, plus ils cherchent où se trouvent nos erreurs, et nous les jettent à la figure, parfois manipulées, tronquées pour laisser croire à leur stupidité ; si cela ne suffit pas, on ajoute la diffamation volontaire.

Cette dernière nous indique le degré de haine de nos adversaires. Utile à savoir. Répondre de la même manière, serait aboyer devant un chien qui aboie.

L’utile est l’argumentation des ennemis. S’ils détectent et dénoncent chez nous des idées ou comportements erronés, ils nous montrent nos carences, nous apprennent à les corriger.

Raisonnement médical

Ce n’est pas en ignorant les microbes dans le corps que le médecin parvient à l’en débarrasser ; il doit les découvrir, sans haine : ce sentiment affaiblit ou annihile le raisonnement. Alors, en toute objectivité, le praticien trouve la méthode pour éliminer les intrus et redonner la santé au malade.

Considération sociale

Interdire l’expression d’un opposant intellectuel, c’est reconnaître l’incapacité de ses pairs à démontrer l’erreur du premier mentionné et son intention nuisible. Cette incapacité permet aux citoyens de connaissance limitée d’intervenir : les uns vantent l’importance de cet intellectuel opposé, les autres insultent son infamie. Les deux aggravent le problème.

S’il est relativement aisé de révéler l’erreur de l’adversaire, comment découvrir l’intention nuisible ?… Suivez l’argent, et, avec lui, la glorification médiatique.

Qui fournit le premier et assure la seconde ?… On le sait : les idées et les actes dominants sont ceux de la classe dominante. L’un des moyens d’exister : ses chiens de garde.

Ceci dit, une nuance d’importance : il est difficile de détecter les intentions destructrices de celui qui se proclame l’ « ami », le « défenseur » du peuple, de la démocratie, de la liberté, de la libération des femmes, de la « laïcité », etc. « Dieu, sauve-moi de mes amis ; de mes ennemis, je m’en charge. »

Il est plus facile de savoir qui est le vrai adversaire : il se déclare comme tel. Infiniment plus difficile reconnaître le tartuffe, le mercenaire : il se présente tout souriant, auréolé d’intellectualité, d’ « opposition » héroïque, photographié en star hollywoodienne, cravaté sinon avec une chemise blanche ou une longue écharpe au cou, parfois des lunettes même s’il n’est pas myope, partout interviewé dans les médias les plus diffusés, chaque fois primé dans les institutions les plus réputées. Et le troupeau ignorant ou semi-lettré applaudit, affronte la file pour acheter le produit bien marketisé, en croyant acheter de la culture.

Constater est insuffisant : il faut proposer des solutions. La première est la constitution ou le renforcement de réseaux entre les vraies consciences libres, unies par la recherche de la vraie vérité en cette époque de manipulation goeblesienne, en liaison avec les peuples, pour neutraliser la barbarie génocidaire costumée et cravatée.

La seconde solution : créer des comités citoyens de base dans les quartiers, afin de compléter les contacts virtuels par des relations concrètes.

Conclusion

Ne devons-nous pas remercier toute personne qui, par égotisme médiatique et sa conséquence, la félonie mercantile, nous aide à découvrir nos faiblesses, à détecter le vrai ami et le réel ennemi du peuple, de la démocratie, des droits humains, de la liberté ? N’est-ce pas au soleil de la vérité, quel que soit son goût amer, que s’éliminent les Frankenstein et leurs laquais bien récompensés, qui se gorgent de la sueur et du sang des opprimés ?

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https://www.algeriepatriotique.com/2024/11/13/remercions-les-ennemis/

13 novembre 2024

https://tribune-diplomatique-internationale.com/2024/kaddour-naimi/

13 novembre 2024

https://reseauinternational.net/remercions-les-ennemis/

14 novembre 2024

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Rédigé par Kadour Naimi

Publié dans #EDUCATION-CULTURE

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Publié le 28 Juillet 2024

Problèmes culturels dans l’Algérie « Nouvelle »

En Algérie, les plus clairvoyants constatent l’effarante régression culturelle. Mais se trompent, par ignorance ou par opportunisme, celle ou celui qui en voit la cause uniquement dans l’influence cléricale obscurantiste. Une autre cause, tout aussi grave, plus insidieuse se présente dans les meilleures apparences et intentions : elle s’autoproclame « progressiste », « démocrate », « éclairée », « cultivée », « moderne » et autres adjectifs d’auto-célébration tels le recours aux termes « Icône », « Monument », « immense », etc.

Un journaliste demanda à un philosophe : « Alors ! À votre âge si avancé, je suppose que vous avez tout lu, et qu’il ne vous reste qu’à relire. » - « Détrompez-vous, jeune homme. À présent, j’ai compris que ce que je dois lire est nettement plus vaste par rapport à ce que j’ai lu. »

Enquête

Le pire ignorant est celui qui ignore son ignorance. Alors, aux intellectuels algériens les plus médiatisés, quelque soit la langue qu’ils pratiquent, demandez (liste non exhaustive) quelles sont les caractéristiques et différences fondamentales, dans leur domaine de compétence déclarée :

- aux historiens : entre Sima Qian (司马迁) (Shiji 史记 - Les Mémoires historiques), Thucydide (La Guerre du Péloponnèse), Salluste (La guerre de Jugurtha), Edward Gibbon (Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain), James Guillaume (L'Internationale : Documents et Souvenirs). En particulier, demandez-leur ce qui s’est passé en mars 1921 à Kronstadt et ce que fut la Makhnovtchina1 ? Demandez-leur qu’elle est l’unique vraie révolution du XXème siècle2, ce que fut l’autogestion algérienne et les motifs de son élimination3, les différences entre la guerre de libération nationale vietnamienne et celle algérienne4.

- aux philosophes : entre Épicure, Lao Tseu, les Védas, Bouddha, Ibn Roch, Hegel, Feuerbach, Heidegger.

- aux psychologues ou psychiatres : entre Freud, Jung, Carl Rogers.

- aux sociologues : entre Ibn Khaldoun, Auguste Comte, Émile Durkheim, Max Weber, George Herbert Mead, Pierre Bourdieu, pour ne pas citer des sociologues chinois, tels Guanxi Wu (The Paradox of Modernity : A Sociological Study of the Chinese Experience, 2012).

- aux anthropologues : entre la conception de Darwin (Origine des espèces) et celle de Kropotkine (L'Entraide : Un facteur de l'évolution).

- aux pédagogues : entre Rousseau (L’Émile), Anton Makarenko, Francisco Ferrer (La théorie et la pratique de l'éducation libertaire), Maria Montessori (L'Enfant), Jean Piaget, Paulo Freire (Pédagogie des opprimés).

- aux dirigeants politiques : entre Platon (La République), les légalistes chinois antiques, Machiavel (Le Prince), Étienne de la Boétie (Traité de la servitude volontaire), Thomas Hobbes (Leviathan), Adam Smith (La richesse des nations), Karl Marx, Proudhon, Bakounine, Errico Malatesta, Malek Bennabi (Les Conditions de la Renaissance), la différence entre mandat représentatif et mandat impératif, entre démocratie et autogestion.

- aux spécialistes en théologie musulmane : entre les deux frères Gamal Albanna, l’un des plus importants chercheurs musulmans égyptiens de l'Islam, et son frère Hassan Albanna, fondateur de l'organisation des « Frères Musulmans ».

- aux linguistes : comment les langues européennes, ouzbèke, vietnamienne et d’autres sont devenues des langues à part entière, et pourquoi pas la langue parlée algérienne5. Pourquoi la plupart des représentants de l’« élite » intellectuelle mélangent le français et l’arabe ou le tamazight en un charabia ridicule ; ce qu’ils savent de la langue la plus parlée au monde et dotée de la plus longue histoire : le chinois ; pourquoi ils maîtrisent mal leur langue de formation scolaire, ignorent généralement d’autres langues, s’expriment souvent comme décrit par Molière :

« Ce style figuré dont on fait vanité

Sort du bon naturel et de la vérité :

Ce n’est que jeu de mots, qu’affectation pure,

Et ce n’est point ainsi que parle la nature6. »

- aux écrivains : entre Gilgamesh, l’Iliade ou l’Odyssée, La Guerre des Trois Royaumes, le Mahabaratha, Le Dit du Guengi, Les Mille et Une Nuits, La Divina Commedia, Gargantua, Le Decameron, Les Aventures de Simplicius Simplicissimus (Hans Jakob Christoffel von Grimmelshausen), Paradise Lost (John Milton), Les Chants de Maldoror, Le journal d’une femme de chambre (Octave Mirbeau), Les raisins de la colère (John Steinbeck), L'Immeuble Yacoubian - العمارة يعقوبيان (Naguib Mahfouz).

- aux poètes : entre la poésie de Li Bai, Du Fu, Wang Wei, Saphô, Abu Nouas, Pétrarque, Basho, Pietro Aretino, Hölderlin.

- aux littérateurs : entre La Poétique (Aristote), L’Art Poétique (Horace), L’Art Poétique (Boileau), Essai sur la simplicité (Hume), Fontanier (Figures du style), entre la rhétorique de Démosthène et celle de Cicéron.

- aux journalistes et reporters : entre Albert Londres (Au bagne ; Terre d’ébène), Tiziano Terzani (La Porta proibia – La porte interdite), David Hauberstam (The Best and The Brightest - Les meilleurs et les plus brillants).

- aux critiques artistiques : entre les articles de Baudelaire et ceux d’Octave Mirbeau.

- aux critiques littéraires : entre Vissarion Belinski, Mikhaïl Bakhtine et Michel Foucault.

- aux critiques de théâtre : entre Jan Kott (Shakespeare, notre contemporain) et Georges Banu.

- aux critiques de cinéma : entre ceux des « Cahiers du Cinéma » et Michel Ciment.

- aux professionnels de théâtre : entre les théâtres grec ancien, chinois classique, japonais classique, anglais élisabéthain, français classique ; entre effet de catharsis et effet de distanciation, entre les méthodes d’interprétation de Stanislavski, Antonin Arthaud (Le Théâtre et son double), Grotowski, l’Actor’s Studio, Mei Lanfang (梅兰芳 ). Demandez-leur même la définition exacte de la halga dans le théâtre algérien, qui l’a utilisée pour la première fois et comment.

- aux professionnels de cinéma : entre les films fiction Le Dernier Homme (Murnau), l’Île nue (Kaneto Shindo), The Salt of The Earth (Biberman), Le voleur de bicyclette (De Sica), Mother India (Mahbood), Terra Em Transe (Glauber Rocha), Maynila : Sa mga Kuko ng Liwanag (Manille : Dans les griffes de la lumière (Lino Brocka), Barry Lyndon (Stanley Kubrick), Le Destin - AlMassir (Youssef Chahine).

- aux documentaristes : entre Les statues meurent aussi (Alain Rainais-Chris Marker), La Hora de Los Hornos - L’heure des brasiers (Fernando Solanas), Koyanisqatsi (Godfroy Reggio).

La « mère » des questions

De toutes ces questions découle la mère des questions : si le peuple algérien ne lit pas, si les structures officielles de connaissances culturelles sont défaillantes, les « élites » algériennes (docteurs universitaires, enseignants, responsables administratifs culturels, auteurs, critiques) lisent-elles suffisamment pour mériter l’adjectif « éclairées » ? Il ne s’agit pas de posséder une « tête bien pleine » mais « bien faite », pas d’étalage à la manière des Précieuses ridicules, mais de connaissance indispensable à l’exemple d’un scientifique dans son domaine de compétence.

Sans doute, des personnalités algériennes réellement cultivées et éclairées existent, mais sont ostracisées par les médias dans un exil intérieur ou extérieur, et même parfois diffamées par les harkis de service avec l’accusation de « tourner le dos à l’Algérie ». Les médias préfèrent le beni-oui-ouisme opportuniste, le clanisme et le copinage : tous charlatanesques, ils pataugent dans une médiocrité d’autant plus arrogante qu’ignorante (« al machkour mag’our » - Celui qui est vanté a des trous, observe le peuple), photocopie des bachaghas, caïds et « suppléants » de l’époque coloniale.

En outre, les personnalités, qui méritent le nom d’élite, à l’intérieur comme à l’étranger, se révèlent jusqu’à présent incapables ou non intéressées par la création d’un réseau solidaire de production et d’échange, ne serait-ce qu’une revue électronique (en arabe classique, tamazight, français, arabe algérien) ou un site web d’ouvrages lus dans ces langues (notamment pratique pour l’arabe algérien et le tamazight). J’y ai songé mais « lîd wahda mâ tsafàg » (une seule main ne peut pas applaudir).

Voici pourquoi, en Algérie, on constate de ridicules tempêtes dans un verre d’eau polluée, sur des réseaux sociaux destinés plus à « divertir » (au sens : dévier l’attention de l’essentiel), mais jamais de débat sérieux qui porte à des améliorations réelles.

Source du mal

Alors, demanderait-on, quelle est la cause première de cette alarmante situation culturelle et intellectuelle ?

Pour le savoir, il faut connaître la vérité historique sur au moins deux points : 1) les événements survenus en Algérie depuis la Plateforme de la Soummam de 19567 ; 2) le parti politique qui, après l’indépendance, pratiqua un « soutien critique » à la dictature qui s’empara du pouvoir par la force en 1962. Ce parti et cette dictature, pour exister, pratiquaient une mentalité stalinienne, autrement dit exigeaient non pas une vraie élite (par définition libre, donc critique), mais une caste (issâba) intellectuelle et culturelle, par nature servile, par conséquent d’une médiocrité absolue8.

En Algérie, jusqu’à aujourd’hui, en 2024, ce sont les résidus de cette même caste qui, en général, décident, dans le domaine culturel, quelle personne accède aux médias et bénéficie de largesses financières.

Se libérer de la caverne culturelle et intellectuelle, caractérisée par l’arrogance de l’ignorance, exige non seulement de s’émanciper de l’obscurantisme clérical mais, tout autant, de l’obscurantisme laïc, ces deux formes de domination sur les esprits soucieux de connaissance, condition de bien-être social.

La personne qui se plaint de la médiocrité des enseignants, du manque de livres et de librairies, pourquoi ne compte-t-elle pas sur elle-même pour parfaire ses connaissances ? Des livres très utiles sont disponibles sur internet et gratuitement. Il faut juste posséder la volonté et la patience de (bien) chercher, d’apprendre une langue (si nécessaire), de (bien) lire, de prendre (correctement) des notes.

L’entreprise salvatrice de la culture en Algérie est difficile, beaucoup moins que celle affrontée par le groupe de patriotes qui assuma l’initiative de libérer l’Algérie de la domination coloniale. Ils sont l’exemple non pas seulement à honorer, mais l’inspiration pour l’action. Et si on ne réussit pas à hisser l’Algérie au niveau culturel convenable, tout au moins, nous sèmerons des graines pour une récolte par les générations futures.

4 Thème de la pièce collective, sous ma direction, du Théâtre de la Mer : La Fourmi et l’Éléphant (1971).

5 Voir mon essai DÉFENSE DES LANGUES POPULAIRES : Le cas algérien.

6 Les Femmes savantes, acte II, scène 7.

7 En 1959, pendant la guerre de libération nationale, le colonel Lotfi écrivit à Ferhat Abbas, président du GPRA (Gouvernement Provisoire de la République Algérienne) : « Notre Algérie va échouer entre les mains des colonels, autant dire des analphabètes. J’ai observé chez un grand nombre d’entre eux une tendance aux méthodes fascistes. Ils rêvent tous d’être des Sultans au pouvoir absolu. Derrière leurs querelles, j’aperçois un grave danger pour l’Algérie indépendante. Ils n’ont aucune notion de la démocratie, de la liberté et de l’égalité entre citoyens. Ils conserveront du commandement qu’ils exercent le goût du pouvoir et de l’autoritarisme. Que deviendra l’Algérie entre les mains de pareils individus ? Il faut que tu [Ferhat Abbas] fasses quelque chose pendant qu’il est encore temps…», http://kabyleuniversel.com/2012/12/18/le-fils-du-general-de-gaullela-france-a-mine-lalgerie-par-ses-elements-du-malg/, publié en décembre 18, 2012, vu le 7.12.2016.

Durant son retour de mission en Tunisie pour reprendre la lutte armée en Algérie, le colonel Lotfi tomba dans une embuscade de l’armée coloniale, et mourut en combattant : simple hasard ?

8Le même régime eut lieu en Russie, dont la dictature en Algérie et le parti politique en question s’inspirèrent, chacun selon son idéologie spécifique : avec l’avènement du bolchevisme léniniste-trotskiste, la culture et le niveau intellectuel, auparavant florissants malgré la dictature tsariste, devinrent un béni-oui-ouisme, donc médiocre, tandis que les esprits libres, compétents et réellement au service du peuple, furent réduits au silence ou à l’exil, pour éviter la répression. Maiakovsky se suicida (ou fut « suicidé »).

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Publié in

https://tribune-diplomatique-internationale.com/2024/problemes-culturels-dans-lalgerie-nouvelle/

24 juillet 204

https://www.algeriepatriotique.com/2024/07/25/problemes-culturels-dans-lalgerie-nouvelle/

25 juillet 2024

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Rédigé par Kadour Naimi

Publié dans #EDUCATION-CULTURE

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